Un promeneur délicat qui fuit la ligne d’horizon aux bras d’« une rencontre furtive » qui a pour nom Margaret.

Une errance indolente dans un Paris peuplé d’une foule de fantômes qui s’engouffrent dans des rames de métro. Un homme hanté par l’autorité excessive, celle de l’internat, de la caserne, par la brutalité des autres « aux rires d’insectes ». Une femme de passage, un amour qui se cherche entre deux rues de Paris, entre deux chambres, deux jardins. Que sait-il de ce clair de femme aux yeux clairs et au manteau rouge ? Si peu… On devine une fuite à travers l’esquisse de son portrait qui s’estompe dans le sfumato du récit. Le point de fuite n’apparait jamais :
« Le présent est toujours plein d’incertitudes, hein ? Vous vous demandez avec angoisse que va être le futur, hein ? ».
Un couple qui ne sera jamais, de peur d’exister, qui restera à la lisière du monde, dans l’ombre de la lumière des autres, qui rêve d’enfants, peut-être et se contente d’un rêve, celui de leur offrir un chien. Une histoire d’amour sans affects comme si les autres leur avaient tout pris, même les regrets.
Une belle histoire, celle d’une belle âme, un peu perdue qui s’accroche à des rues comme seules certitudes.
L'Horizon, Patrick Modiano, Gallimard, 171 p., 16.50 euros.