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Billet de blog 4 juillet 2023

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A quelques jours du festival...

A quelques jours de l’ouverture de la 28ème édition des Suds, Stéphane Krasniewski, directeur du festival, s'exprime sur les actions mises en place et les engagements du festival.

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Trois ans après la crise sanitaire le festival des Suds a-t-il retrouvé l’énergie telle que nous la connaissions depuis toujours ? Le Covid a-t-il eu des conséquences dans son organisation, dans sa programmation, dans l’accueil des publics et sa convivialité ? Des retombées négatives mais peut-être aussi des évolutions positives ? 
L’écologie s’est enfin imposée comme un pré-requis indispensable pour tout festival. En décembre 2021, à l’occasion des États généraux des festivals, Roselyne Bachelot, alors Ministre de la Culture, a mis en place une Charte de développement durable que les festivals devaient s’engager à respecter. Aux Suds des mesures de base – comme les gobelets réutilisables, les gourdes ou les cendriers de poche – avaient été mises en place en amont. Où en est-on aujourd’hui ?
Les statistiques ont montré que les festivals étaient des lieux propices au harcèlement. Les Suds sont conscients des risques car les victimes peinent souvent à réaliser que la situation qu’elles viennent de vivre relève du harcèlement. Qu’en est-il de la prévention concernant le harcèlement sexuel ? Quelles actions sont engagées ? Et au sein même l’équipe du festival ?

A quelques jours de l’ouverture de la 28ème édition des Suds, autant de questions auxquelles Stéphane Krasniewski, son directeur, a souhaité répondre.

Illustration 1
Stéphane Krasniewski 2022 © Stéphane Barbier

« De fait, la crise sanitaire nous a nourri d’une autre énergie. Le rythme et la dynamique, depuis, sont différents. On garde de cette crise la conviction que nous pouvons nous adapter à des situations extrêmes tant dans la forme, l’organisation, l’accueil des publics que dans le fond, la programmation. Nous n’avons annulé aucun festival et cela a été des belles éditions. Il a fallu s’adapter, faire preuve d’inventivité, expérimenter des dispositifs. Dès le 8 juillet 2020, nous avons été les premiers en France à proposer un concert public (Protest Songs avec Jeanne Added, Sandra Nkaké, Raphaële Lannadère et Camélia Jordana) au Théâtre, qui a accueilli 700 personnes dans le respect de procédures que personne n’avait encore expérimentées. Nous avons eu le public à nos côtés et cela nous a donné suffisamment d’énergie car il a été toujours présent. Peut-être en sommes-nous sortis plus forts qu’avant. Quelque chose s’est solidifié dans notre relation avec ce public. Et cette année, le désir de se retrouver est encore plus fort.

Comment pouvions-nous faire quand les frontières étaient fermées ? Le Covid a permis de valoriser la diversité et les richesses des musiques en France et particulièrement près de chez nous. Avec, de fait, la prise en compte du coût environnemental comme conséquence. 

Je pense que le paysage des festivals va se trouver bouleversé dans les années qui viennent. Tous les coûts sont à la hausse. Quelles ressources avons-nous ? Les subventions publiques stagnent, les partenariats privés sont de plus en plus difficiles à trouver dans le contexte économique. Quant aux recettes propres, il faudrait augmenter les jauges et/ou les prix des billets. Ce sont des contradictions insolubles pour les festivals qui ne sont pas des grandes machines. Aux Suds, nous avons fait le choix d’une organisation souple qui sache s’adapter et de renforcer résolument notre singularité. Notre festival ce n’est pas une succession de soirées mais des actions sur toute la journée de 10h à 2h du matin, des concerts dans la ville, des stages, des lieux d’échanges… Nous sommes un festival pas un simple programme de concerts. Nous continuons à construire notre histoire centrée sur les musiques du monde. 

Cette édition, nous avons choisi de ne pas programmer de tête d’affiche grand public. Plusieurs raisons nous ont conduit à ce choix. Les cachets des artistes, et particulièrement de ceux-ci, ont explosé et les programmes des festivals se resserrent et se ressemblent de plus en plus. C’était donc, aussi, une nécessité. Mais, aux Suds, nous avons toujours su nous distinguer. Et nous avons choisi de le réaffirmer. C’était une prise de risque mais, à ce jour, les réservations semblent nous conforter dans ce choix. 

La Charte de Roselyne Bachelot… La première fois que nous nous sommes penchés sur des mesures de développement durable c’était en 2007/2008, à l’initiative de la région PACA et de son programme AGIR. Nous avons, alors, mis en place les gobelets réutilisables et les toilettes sèches. Et nous avons été suivis, pendant ces deux années, par un cabinet conseil qui nous a permis de repérer les points d’amélioration pour le festival. 
La Charte a, depuis, posé un cadre mais chacun des objectifs qu’elle propose doit être apprécié par chaque entité. Aujourd’hui on peut dire que les Suds cochent à peu près à tous ces objectifs. Même s’il reste un point de blocage, les transports. Les mobilités douces c’est plus évident à Paris. Les engagements que nous prenons instillent tout le fonctionnement. Nous sommes signataires de toutes les chartes existantes quant au développement durable et, à travers notre politique, nous les respectons. Il nous est arrivé d’écarter des possibilités de partenariat inadéquates. Les Suds font partie des 18 festivals choisis par le Syndicat des Musiques Actuelles pour réaliser des bilans carbone « type », financés par l’État, qui pourront servir à d’autres festivals. Nous nous sommes engagés à réduire l’empreinte carbone. Cela passera par des mesures pratiques mais aussi par une sensibilisation des artistes et des publics. Et des prestataires qui respectent les protocoles vertueux. Mais il faut rester réaliste. Je refuse de sacrifier la place qu’on offre à la diversité culturelle sur l’autel de la décarbonation. Bien sûr, nous privilégions les transports doux mais, pour autant, nous ne nous interdirons pas de programmer des artistes qui viennent du bout du monde. Par contre, pas de one shot, il faut une tournée avec plusieurs dates à minima.

Nous n’avons pas, à ce jour, été confrontés à des situations de harcèlement ou d’agression sexuelle. Ce qui ne veut pas dire que nous ne nous sommes pas posé la question. D’ailleurs le Centre National de la Musique conditionne ses aides, par exemple, à la formation des responsables de festival et à la parité. L’ensemble du staff des Suds a suivi cette action. Notre programmation est totalement paritaire, c’est un choix fondamental. C’est un début. Cela va déboucher sur la mise en place et la diffusion d’un numéro d’urgence d’écoute et de conseil pendant le festival en lien avec le CIDFF d'Arles.  Les choses évoluent petit à petit. Il est difficile pour le moment de préciser les orientations. D’autres choses seront à mettre en place qui contribueront au changement des représentations sur l’image de la femme. »

Plus d'infos sur: https://www.suds-arles.com/

Propos recueillis par Anselme Koba

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