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Billet de blog 9 juillet 2022

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Rodrigo Cuevas – Le Pouvoir de séduction

L’Asturien Rodrigo Cuevas est un maître de la séduction. Le lundi 11 juillet dans le très approprié écrin de la Cour de l’Archevêché pour le premier Moment Précieux de cette édition 2022 des Suds, la 27ème du nom, il vient nous enseigner sa méthode infaillible.

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Illustration 1
Photo Rodrigo Cuevas au Café de la Danse -02/03/2022 © benjamin MiNiMuM


Baptisé Trópico de Covadonga, le spectacle, pavé de rumba, rondo et autres xiringuelu asturiennes habillés de sonorités contemporaines, a été créé il y a deux ans et demi pour accompagner la diffusion de son remarquable album Manual de Cortejo (Manuel de la Cour), produit par Raul Refree, producteur et musicien dont il est fan et que connaissent bien les aficionados des Suds grâce à Silvia Perez Cruz qu’il accompagnait en 2017, le Moments Précieux qu’il donna en solo en 2019 et son doublé de 2021 : son duo fado Lina et Refree et les deux occitanes de Cocanha dont il a produit l’album Puput. Ricardo lui connaissait surtout le travail effectué par Refree avec Perez Cruz et Rosalia : « J’aime beaucoup sa manière d’apporter de la profondeur aux chansons. Il sait mettre en valeur le côté émotionnel, les mélodies et les  textes. » Trópico de Covadonga joue cet été les prolongations glorieuses pour le public français. Ils ne sont que trois sur scène - lui au chant, accordéon et percussions, Mapi Quintana au chant, contrebasse, vocodeur et percussions et Juanjo Díaz aux percussions traditionnelles et électroniques. Le show est à la fois sobre et baroque, le magnétisme, le jeu et le chant de Rodrigo Cuevas étincellent de vie et de malice et surprises et fascination sont de chaque représentation.Avec ce deuxième album, Rodrigo Cuevas a confirmé son succès national et opéré une percée remarquable hors de ses frontières. Mais les récompenses qu’il cueille aujourd’hui sont le fruit d’un long et sérieux parcours. 

De son propre aveu, Rodrigo Cuevas, né en 1985 à Oviedo est un musicien précoce : «  L’appétence pour la musique m’est venue très jeune, avec le piano je m’amusais beaucoup. Le chant est arrivé plus tard. Lorsque, musicien de rue m’accompagnant à l’accordéon, j’osais parfois chanter. Je me suis aperçu qu’ainsi je gagnais plus d’argent que lorsque je ne faisais que jouer. »

Entre temps il y eut des années de conservatoire (piano et tuba) dans sa ville de natale, puis l’école supérieure de musique de Catalogne (ESMUC) à Barcelone et des cours de chants particuliers.

Chantant d’abord des airs des Asturies et des coplas, le moment déterminant de sa personnalité musicale fut la rencontre en Galice d’un petit cercle de musiciens : « Ils chantaient et jouaient très bien du tambourin et m’ont tout appris du folklore galicien. » Ce qui ne s’arrête pas à la musique : « J’ai eu la chance de bien connaître le milieu traditionnel et ses valeurs collectives et humanistes. »

Son répertoire s’est construit de façon naturelle : « Je n’aime pas faire du collectage systématique, je préfère, lorsque je me promène, faire de belles rencontres et demander aux personnes qui portent une tradition de chanter alors je les enregistre. »

Mais c’est bien une vocation de transmettre un patrimoine qui l’anime : « C’est comme un film que l’on trouve très bon et que l’on a envie de partager. Pour raconter cette histoire et la rendre accessible à tous aujourd’hui, je l’ai fait passer par mon filtre.

Son filtre est musical : « Pour jouer la tradition, les anciens utilisaient les instruments dont ils disposaient à leur époque, des choses très simples de la vie courante.  Je me sers de synthétiseurs et de  tout ce que l’informatique peut apporter, car, comme ça s’est fait à travers les siècles, c’est ce qui est à notre disposition aujourd’hui

Son filtre est aussi visuel. Il soigne ses pochettes de disques comme son personnage. Démarche sensuelle et féline, sur scène il se présente spectaculairement maquillé et vêtu : « J’aime beaucoup les vêtements traditionnels, attachés à des histoires, à des danses. Pour moi la musique, la culture les danses ou les vêtements forment un tout. J’aime les belles pièces, porter les vêtements qui me plaisent sans distinguer s’ils ont été conçus pour des hommes ou des femmes. »

RAMBALIN. Rodrigo Cuevas ronda a Raül Refree © Rodrigo Cuevas

Dans son Manual de Cortijo la chanson Rambalin, hommage à Rambal, drag queen asturienne, poignardée à mort en 1976, lui a valu le premier prix d’interprétation de la douzième édition du Premiu Camaretá, (important concours pour les musiques de sa région). Si cette distinction a positivement rejailli sur l’image de la communauté LGBTQ, Rodrigo Cuevas ne se définit pas comme un de ses militants, mais assume sa préférence pour les garçons comme celle pour la vie rurale : « On imagine les personnes qui vivent à la campagne très conservatrices, mais ce n’est pas vrai. Je vis dans un hameau de 13 personnes et n’ai aucun problème avec mon allure où ma sexualité. »

Joyeux et convivial, pour Rodrigo le plus important sont la musique et les rapports humains. Pour lui : « Dans les chansons traditionnelles tout est affaire de séduction. Séduire, c’est être plus démonstratif et plus vivant. »

Par Benjamin Minimum

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