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Billet de blog 11 juillet 2019

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XXY [ɛks/ɛks/wʌɪ] un questionnement poétique sur grand écran par Clotilde

XXY [ɛks/ɛks/wʌɪ] de Clotilde est un film transgenre, une expérimentation sensitive pluridisciplinaire, une équation à plusieurs inconnues. Une œuvre ouverte et poétique qui bouleverse les sens et pousse à la réflexion.

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Illustration 1
Hannah © XXY [ɛks/ɛks/wʌɪ]

Le titre XXY se réfère au code génétique de l’hermaphrodite, et se prononce à l’anglaise, ɛks/ɛks/wʌɪ pour faire ressortir l’homophonie de la lettre Y et de l’adverbe Why : Pourquoi ?

L’œuvre, riche de symboles, s’attache, sans parti pris, à susciter le questionnement sur le rôle de la féminité dans la nature, dans la société, à l’intérieur de chaque être ou au long de l’histoire de l’humanité. Elle suggère plus qu’elle ne démontre, elle agit sur les sens davantage qu’elle ne cherche à provoquer ou orienter un débat. Elle espère provoquer un questionnement fertile.

Le film est constitué de 7 parties, annoncées par de courtes citations d’auteurs sensibles, Auster, Joyce, De Nerval, le prince du haïku japonais Yosa Busson, les auteures féministes Maya Angelou et Gloria Steinem et une femme afghane anonyme. Chaque chapitre se place sous la tutelle d’une figure féminine mythologique, biblique, littéraire ou historique. La narration est non linéaire, elle se nourrit de musiques, de lumière, du mouvement des corps, de celui de la caméra ou, dans son préambule, du pinceau du street artist Stayreo. Ces disciplines qui se renforcent, ces expressions singulières que Clotilde a désiré harmoniser, car elle pressentait qu’elle formerait un tout, et traduirait l’élan qu’elle porte en elle.

Illustration 2
Clotilde Rullaud © Benjamin MiNiMuM

Clotilde Rullaud, chanteuse, flutiste et pédagogue est une habituée des Suds à Arles, qui a accueilli en 2017 son duo Madeleine & Salomon et où chaque année elle anime le stage Chanter le monde. Frappée par le questionnement perpétuel qui se pose autour de la relation du masculin et du féminin dans nos sociétés, elle voulait y apporter une vision sensible, son point de vue d’artiste. Femme de sons reconnue, son imaginaire est depuis toujours traversé d’images et de visions, ce sujet l’a portée à explorer sa sensibilité visuelle, en s’entourant d’amis et d’artistes qu’elle admire et auxquels elle a distribué les cartes.

Trailer XXY [ɛks/ɛks/wʌɪ] by Clotilde (version française) © Clotilde

Sur le tournage, derrière la caméra, Florent Bourgeais a saisi, d’instinct, le regard qu’elle désirait poser sur les situations qu’elle a imaginées et les décors dont elle rêvait : la sérénité d’une plage de la baie de Somme, la virilité des espaces de Chicago ou encore l’aridité d’une terre minérale d’Islande. Devant l’objectif, les danseuses et chorégraphes Keiko Sato, Bandaloop, Marina Chojnowska ou le Shangai Jin Xing Dance Theatre donnent vie à ses intuitions. Leurs mouvements se sont produits indépendamment des musiques qui les accompagnent tout comme les compositeurs ont travaillé sans connaître les images. Clotilde les a tous choisis pour leur capacité expressive, la poésie qu’ils portent et leur compatibilité avec son univers.

Clotilde écrit avec Adèle Blanchin le morceau d’ouverture (Rhéa, mère de Zeus pour les grecques), elle chante avec le quintet du pianiste Fred « Parker » sur la séquence Ruby, en hommage à Ruby Bridges, figure de la lutte pour les droits civiques qui fut en 1960 la première enfant noire à intégrer une école blanche aux Etats-Unis. Sur Juliette (celle de Shakespeare), Clotilde chante et joue de la flûte sur une composition de son complice Alexandre Saada (Madeleine & Salomon) et du parolier Pierre de Nardo. Pour Ishtar (déesse mésopotamienne de l’amour et de la guerre), confié à Tristan Macé, elle improvise notamment avec le flutiste Yann Cléry et le cornettiste Médéric Collignon. Pour Magdalena (l'âme sainte et soeur de Jésus), qui rassemble des images d’archives d’héroïnes du 20ème siècle (De Marie Curie à Simone Veil en passant par Miriam Makeba ou Jeanne Moreau), elle donne la réplique au oud de Grégory Dargent et chante aussi sur la composition de ce dernier pour Hannah (mère de Marie. Sur En’Kai, dédié à la déesse massaï, elle compose le morceau final avec le clavier Emmanuel Bex.

Illustration 4
Juliette © XXY [ɛks/ɛks/wʌɪ]

Une fois tous les éléments capturés, Clotilde Rullaud est poussée par ses proches à les coudre ensemble pour finaliser sa fine tapisserie de sons et de lumière. Elle signe un montage, fluide et élégant qui finalise l’équilibre de ce foisonnement de sensations. L’écran devient miroir et nous plonge dans notre histoire, celle des civilisations et de la terre, il décrit ce va et vient, ce « là et loin » qui souvent régit les relations entre l’homme et la femme, au sein du monde, à l’intérieur de chacun. Mais les notes, les lumières, les visages et les corps qui animent XXY, nous soufflent que l’harmonie est possible.

Benjamin MiNiMuM

XXY[ɛks/ɛks/wʌɪ] est projeté ce jeudi 11 juillet à l’auditorium de la MDVA à 11H et 14H30.

Le 8 mars dernier la bande son du film est sorti en série limitée: https://www.musiquefrancaise.net/fiche.php?id=949

En octobre, la sortie à 100 exemplaires signés et numérotés d’un livre-objet en papier découpé d’Anne Mars, inspiré par XXY[ɛks/ɛks/wʌɪ] sera le prétexte d’une projection parisienne :  

livre de Anne Mars pour Clotilde - martine's éditions © Richard Maniere

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