La présidente des SUDS et ancienne programmatrice Marie José Justamond se souvient : « Dès le premier festival, nous avions programmé Les Tambours du Burundi dans une tournée qui s’appelait Les Tambours de la Paix, ce à quelques jours du coup d’état militaire qui allait bouleverser le pays. Quelques éditions plus tard, ce fut Faytinga, ancienne combattante de la guerre d’indépendance érythréenne, son pays était alors en conflit avec l’Ethiopie. Puis plus récemment Emel Mathlouthi et Le Cri du Caire chantant la liberté et la justice lors des printemps arabes ou encore les ukrainiennes de DakhaBrakha. »
Le festival a toujours revendiqué être en prise avec la réalité, ne pas éviter les zones de conflits ou les sujets sensibles. Marie José explique qu’il a eu certainement ce qu’elle appelle des « coïncidences signifiantes » : « Nous souhaitons présenter des musiques du monde issues de beaucoup de pays. Mais ce n’est tout de même pas des hasards si on y retrouve ce qui se fait dans les régions où existent des antagonismes et des tensions. » Pour Stéphane Krasniewski, son président : « Programmer des musiques du monde, c’est faire de la politique au sens éthique. La politique est au centre des SUDS. Nous n’évitons ni les zones de conflits, ni les sujets sensibles. Nous choisissons de programmer les musiciens de ces pays où la création est d’autant plus importante. » Ces choix nous invitent à observer le lien entre musique et conflits et à nous interroger sur les interférences de l’histoire brute avec l’esthétique de ces musiques, dans quelle mesure la violence a-t-elle pu s’y immiscer ou, au contraire, la musique peut-elle avoir pour projet d’apaiser les affrontements, ceux du monde ou ceux qui sont logés dans sa nature propre. D’où la fameuse citation du poète Hölderlin : « Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve. »
L’édition 2024 annonce la Palestinienne Kamilya Jubran et les ukrainiens du Hudaki Village Band.