Ces chants, qui ont contribué à l’écriture de notre récit commun, unissent les peuples autour de figures, tels Bernard Lavilliers ou Eliades Ochoa, que nous accueillerons sur la majestueuse scène du Théâtre Antique. Ces chants qui, inspirés par les traditions de pays parfois oubliés, souvent meurtris, se font passeurs de mémoire et d’espoir, à l’image du répertoire de Circassie, cette région du Caucase annexée par l’Empire russe du XIXe siècle, auquel JRPJEJ redonne vie. C’est aussi la musique d’Oumou Sangaré, qui s’enracine dans le royaume wassoulou, pour mieux prévenir les divisions du Mali d’aujourd’hui, ou encore le piano de Denis Cuniot, klezmorim éclairant les chemins de la mémoire. Ces chants enfin, qui témoignent d’un monde en mutation, comme lors de cette soirée que nous consacrerons au 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie et qui rassemblera les musiciennes militantes de Lemma, Sofiane Saidi avec son raï revisité et l’électro-chaâbi d’Acid Arab.
Ainsi, ces musiques d’ici et d’ailleurs, par leur capacité à se renouveler et à se métisser, montrent que les traditions de demain s’inventent aujourd’hui. Cette nouvelle édition du festival s’en fera la chambre d’écho, avec notamment la création d’André Manoukian qui nous livrera une interprétation musicale de l’Arménie de ses aïeux, ou celle d’Emel Mathlouthi, égérie de la révolution du Jasmin, qui invitera la jeune scène française. Par cette faculté d’hybridation, la musique a le fabuleux pouvoir de façonner les identités, d’en inventer de nouvelles, à l’image du trobar alchimiste de Sourdurent ou de la folk-pop-chamanique coréenne de Ak Dan Gwang Chil, et avec Rodrigo Cuevas, agitateur folklorique, l’identité asturienne se décline au futur et finit en parabole de la question du genre.
La musique raconte le monde et sait donner sans déposséder, mais plus que tout, elle a la vertu de rassembler et d’émouvoir, de faire jouer et danser... De la place Voltaire à l’Espace Croisière, de la cour du Museon Arlaten au Musée départemental Arles antique jusqu’à la Grande Halle du Parc des Ateliers LUMA, cet été, la musique, réenchantera le monde.
Stéphane KRASNIEWSKI
Directeur de SUDS, à ARLES