
Agrandissement : Illustration 1

BCUC c’est l’assemblage des mots : Bantu le peuple en zoulou, Continua la continuité en portugais, Uhuru la liberté en swahili et Consciousness , le mot anglais pour la conscience.
Ce nom polyglotte synthétise les différentes influences et langages Sud-Africains à l’intérieur du groupe et définit l’objectif que les musiciens de ce groupe de Soweto veulent atteindre. Car en Afrique du Sud les noms ont une importance symbolique importante et peuvent même contenir les germes de la transformation personnelle. Ainsi chaque membre de BCUC a conscience d’avoir été guidé par leur nom de naissance. Une histoire qui sous un déguisement d’anecdote pourrait être la clé de compréhension du phénomène d’enthousiasme quasi général que le groupe provoque à chacune de ses prestations au sein du circuit musical européen.
Sur scène dès qu’ils se mettent à jouer, les sifflets et percussions qui se répondent dans des temps distincts et espacés, recréent la diversité sonore d’un bois ou d’un bush des alentours de Soweto.
Peu à peu le chant se précise il y a des oiseaux, des dialogues, des mouvements. Le rythme se fait plus net, plus franc. Il accélère, il ralentit. Des voix appellent, crient, chantent et installent des vagues polyrythmiques.
Dans BCUC chacun possède un rôle précis. Chacun joue sa partition avec instinct mais conscience de l’autre. Chacun agit en parfaite harmonie avec ce que leur nom de naissance leur a enseigné.
Les deux Thabo, Thabo Saul « Luja » Ngoepe, le rappeur, choriste et responsable du premier tambour basse et le joueur de congas Daniel Thabo « Cheex » Mangel font régner la joie et la satisfaction, éléments indispensables à la panoplie de tous les guérisseurs. Le second tambour basse Ephraim Skhumbuzo Mahlangu fait le lien avec les ancêtres. Mosebetsi Jan Nzimande, le guitariste basse symbolise le travail. Entière et porteuse de confort Kgomotso Neo Mokone, la chanteuse et percussionniste est aussi leur bienveillante manageuse. Et le nom de Zithulele « Jovi » Zabani Nkosi évoque l’humilité, la solidité mais désigne aussi un roi. En grandissant le chanteur principal est devenu le leader cool et humble de BCUC. Celui qui veille à ce que tout le monde se sente bien et agisse au mieux, pour lui, pour le groupe et pour toute personne qui y est confronté. Pas de formules magiques, mais un recette d’équilibre qui prend en compte, les leçons sociales spirituelles et musicales acquise au cœur de la ville monde de Soweto d’où ils sont tous natifs.

Agrandissement : Illustration 2

Jovi porte la trompe Vuvuzela à sa bouche. Son appel porte au plus loin. Il faut moins de 5 minutes à BCUC pour nous embarquer loin et tous ensemble. Le public s'est rapproché et il répond aux sifflets, aux interjections.
La tension monte en douceur, les rythmes se multiplient, se croisent, se démultiplient. Et tout le monde suit. De la scène à la salle, les vibrations harmonieuses vont et viennent. De part et d’autre la joie est visible, le plaisir triomphe, les tracas s’évanouissent.
BCUC nomme leur musique Africangungungu. Ce nom qui s’inspire des sons et des rythmes qu’ils pratiquent est un manifeste du refus de s’inscrire dans un style préexistant. Et de fait il est vain de les associer avec des choses préexistantes. Dans les premiers et très enthousiastes articles qui leu ont été consacrés par ici, on lit des superpositions plus ou moins évocatrices des termes funk, psychédélique, hip hop, roots… mais il rien qui soit fidèle à ce que l’on entend. On pourrait tenter l’approche objective et annoncer les temps qui articulent leurs rythmes, ou révéler les rapports de fréquences de leur son que nous n’arriverions pas à expliciter le miracle qui les accompagne.
Leur musique monte et descend de plus en plus haut, les rythmes suivent des boucles à évolutions constantes. Il sont dans le rêve, mais aussi complètement ancrés dans la réalité, totalement spirituel. Sans mal on entend et perçoit la force de leurs ancêtres qui parfois dansent avec les nôtres. On en perd la notion du temps et lorsque BCUC s’arrête, on se sent tout étourdis mais débarrassés de toute sensation négative. Guerris!

Agrandissement : Illustration 3

Le concert des africains du Sud a été encadré en amont et en aval par Hugo Mendez, cheville ouvrière des mythiques soirées londoniennes Sofrito et du label de rééditions du même nom. Plutôt roots et sucrés avant, jeunes et musclés après, de toute évidence les mixs sensibles d’Hugo Mendez ont aussi profité de la salubre énergie du septet.
Benjamin MiNiMuM
Photos Jean-Gabriel Aubert
Sauf Hugo Mendez benjamin MiNiMuM