Une trentaine de participants attentifs ont écouté puis échangé avec Clara Steg, avocate de Bilal Hassani dont les concerts sont menacés régulièrement par les réseaux traditionnalistes et identitaires, Fawaz Baker, artiste syrien réfugié en France, ancien directeur du conservatoire de musique d’Alep, Pascale Bonniel Chalier, élue Les Écologistes au Conseil Régional Auvergne Rhône Alpes, fondatrice et directrice d'études à « La terre est ronde », responsable des enseignements de politiques culturelles à l’Université Lumière de Lyon et Khedidja Zerouali, journaliste à Mediapart, qui animera le débat.
Constat est établi d’entrée par tous que l’extrême droite violente – les « francistes » selon la proposition de Fawaz Baker - est de plus en plus décomplexée et multiplie les menaces afin d’amener à l’annulation de manifestations de l’art vivant qui ne correspondraient pas à leur ordre moral. « L’art vivant, c’est l’acceptation du fatras et non l’ordre mort de forces qui refuse le pluriel » soulignera Edwy Plenel dans sa courte introduction. Pour Clara Steg, « ce sont les artistes qui ont une identité revendiquée qui sont les plus concernés ». L’avocate défend que « face à la dispersion des groupuscules, une hydre à plusieurs têtes, la réponse doit être convergente ». Pascale Bonniel Chalier pense qu’« on ne mesure pas assez ce qui se passe ». « Il faut porter un discours de réflexion, d’engagement et non de repli, affirme-t-elle, promouvoir, favoriser et subventionner ces artistes. Ce sont souvent les Préfectures qui sont amenées à prendre les décisions. L’État doit jouer son rôle d’accompagnement des collectivités locales. » Dans le public, on soulignera que « le Ministère est bien atone sauf dans la course à la privatisation ». Pour Fawaz Baker, il faut que la politique ne se contente plus de la gestion des affaires. « A vouloir préserver la sécurité au détriment de la liberté, on perd les deux. Il appartient aux artistes d’inventer le monde de demain. » Tous constatent que ce ne sera pas facile…
Anselme Koba