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Walid Ben Selim, découvert avec N3rdistan en 2019 à l’occasion d’une Scène en Ville, exalte, depuis lors, la beauté des vers des poètes soufis. Le compositeur et musicien Raül Refree est une figure artistique singulière, au croisement des musiques populaires, traditionnelles, classiques et avant-gardistes. Passé par le milieu rock underground espagnol des années 1990, co-créateur d’albums avec Rosalía, Rocío Márquez, Niño de Elche, Rodrigo Cuevas ou encore Lina, il a été reçu à quatre reprises par le festival ces dix dernières années.
Par cette rencontre, il s’est agi de curiosité : voir ce qui peut émerger du croisement de parcours artistiques singuliers, en fédérant leurs envies. Au final, un spectacle qui sera créé pour la trentième édition du festival en 2025.
A l’issue de leur sortie de résidence et de la présentation de l’état de leur travail, Raül Refree a accepté de nous parler de cette conversation musicale concertée.
Qu’as-tu rencontré dans le chant de Walid ?
Notre première session à Barcelone s’est basée sur l’improvisation, d’abord à partir des poésies habituelles de son répertoire. Puis, le deuxième matin, Walid a fredonné une mélodie traditionnelle marocaine et j’ai essayé avec ça. Á travers une chanson plus personnelle, je percevais un Walid plus fragile, une voix plus fine, plus douce, quelque chose que je n’avais jamais entendue chez lui. Je recevais une énergie plus solide. Walid est un vocaliste très versatile, pouvant faire beaucoup de choses depuis le rock le plus dur jusqu’à ce qu’il me montrait, là, d’aussi fragile : la pureté de son timbre. Et toute une envie de faire ensemble.
Quel a été ton apport ?
J’aime faire beaucoup de choses mais, depuis quelques temps, ce qui m’intéresse le plus c’est la mise en valeur de la voix, qu’elle acquière sa richesse, son émotion, son rayonnement. Je travaille pour que la chanson soit la plus émotive possible indépendamment de la mélodie ou de l’accompagnement. Parfois même je préfère ne pas jouer, m’interrompre, Le silence peut, alors, être aussi important que le son.
Que peux-tu nous dire de ses textes ?
J’ai refusé au début d’avoir les paroles, ni même, d’ailleurs, s’il s’agissait de chansons enregistrées par d’autres, d’entendre quoi que ce soit. Je vais m’y pencher maintenant. Mais dans la première partie de notre travail commun, je souhaitais répondre seulement à sa mélodie, travailler seulement sur ce que j’entendais. C’est ce qui me motivait, de partir du ressenti, d’accompagner ce qu’il me proposait. Je vois maintenant que d’une manière inconsciente tout s’est imbriqué. C’est ma manière de sentir. Paul Valery a dit ; « Ce qu’il y a de plus profond en l’homme, c’est la peau. » Pour moi, c’est même sur la peau.
Où en êtes-vous ?
A l’issue de cette semaine, nous avons trouvé une bonne base. C’est ce que nous avons pu montrer tout à l’heure, parce qu’il y avait une forme. Mais il reste du travail.
Propos recueillis par Anselme Koba