Bien sûr il y a Beirut et Afrocubism, et d’autres nombreuses stars au Festival Les Suds à Arles, mais il y beaucoup plus : un travail de fond qui prend notamment la forme de stages, y compris de cuisine.
C’est un peu facile, il faut bien le reconnaître, mais on n’y résiste pas : le Mas des Colverts que dirige Roger Merlin est vraiment un enchantement. A une encablure de la réserve ornithologique et des Saintes Maries de la mer, au bord d’une rivière et d’un jardin d’herbes pour la cuisine, le silence n’est troublé que par quelques jeunes canards qui s’essayent à leurs premiers décollages et amerrissages avec plus ou moins de dextérité. On croise ici une Avignonnaise qui a tout appris hier sur l’olive et une Québéquoise d’origine vietnamienne qui vient spécialement aujourd’hui pour comprendre les produits de la mer, version Camargue. Roger Merlin n’a pourtant pas l’air d’un professeur dispensant la bonne parole militante du Conservatoire des cuisines de Camargue dont il est l’un des animateurs. Bien entendu, il aime cuisiner depuis longtemps et trouve sa région formidablement riche, mais ce qui semble le plus le passionner c’est de faire du lien. Avec ses stagiaires, mais surtout entre les sujets qui lui semblent essentiel à la compréhension des problématiques liées à la nourriture de l’homme. « Souvent quand j’ai de jeunes stagiaires, je pose une bouteille d’un litre et demi de Coca sur la table et à côté, 55 morceaux de sucre, puisque c’est ce que l’on absorbe en buvant la bouteille. J’aime particulièrement faire entendre un discours nutritionniste en même temps que celui sur les produits nécessaires à une bonne alimentation et corrélativement à une bonne santé de l’homme. Je pratique moi-même Taïchi et Chi Kong, tout est lié ».
Avec bientôt 69 ans au compteur, on voit très bien que ce dont nous parle Roger Merlin ne relève pas de la magie. Calme olympien, sérénité de rigueur, apprendre à cuisiner ici, c’est d’abord désapprendre les discours marketing nourris à l’Oméga 3. Quand on demande à Roger Merlin, ce qu’il peut bien retirer de ses stages, sa modestie est à la hauteur de sa grande expérience : « Ca fait évoluer mes recettes. Après chaque stage, on mange ensemble et on critique. Hier encore, je me suis aperçu qu’un temps de cuisson n’était pas bon. Tout le monde doit comprendre que l’on ne peut pas tout réussir à chaque fois. ». Bon, là il rêve vraiment, tout le monde, ça fait vraiment beaucoup pour une telle conscience de soi.
Mas des Colverts
04 90 97 83 73