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Billet de blog 14 juillet 2022

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Rencontres professionnelles : Concentration dans les filières culturelles, fatalité ou opportunité ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les Suds à Arles convient chaque année des professionnels de la culture à venir échanger sur une thématique. Cette année, la concentration dans la filière culturelle. Cette table ronde s’inscrit dans le cadre de la campagne Vous n‘êtes pas là par hasard portée par le Syndicat des Musiques Actuelles. Étaient présents : Françoise Nyssen (édition Actes Sud), Dominique Muller (Direction Générale de la Création Artistique), Romain Laleix (Centre National de la Musique), Igor Boïko (région Sud), Edwy Plenel (Médiapart) et Stéphane Krasniewski (Les Suds), devant un parterre d’une cinquantaine d’acteurs culturels.

Le débat a porté sur l’édition, les médias et la musique.

Une fois posé que la recherche de l’augmentation de la part de marché est intrinsèque aux groupes financiers quelque soient leurs secteurs, la situation de ces trois domaines d’activité a été évoquée.

Il existe plus de dix-mille maisons d’édition en France, vingt ont plus de cinq-mille titres et 80 % du marché de l’édition est entre les mains du groupe Hachette et de Editis (holding Vivendi), d’ailleurs en passe de fusionner. 90 % des médias sont détenus par dix oligarques. Et six opérateurs privés tentent de monopoliser la musique.

D’emblée est souligné l’évolution du marché de l’édition, du livre et du lecteur. On publie de plus en plus pour ce que ça rapporte, le lecteur est devenu un consommateur et la concentration en cours apparaît comme une menace pour les librairies, les petits éditeurs et l’ensemble de l’écosystème. Le livre deviendrait alors la proie de quelques hommes, une marchandise comme les autres.

Dans les médias, les « prédateurs » (le terme est d’Edwy Plenel), au-delà de la notion de rentabilité, ne cachent plus leur ligne éditoriale et leurs motivations politiques. Est fustigé le laisser faire et le manque de transparence sur l’attribution des aides publiques.

Côté musique, le secteur est décrit comme bien structuré et, à ce jour, davantage protégé (le statut d’intermittence du spectacle). Mais est-ce un bénéfice ou un désavantage ? Le contexte, crise sanitaire et urgence climatique, ne permet pas d’avoir une vrai vision projective. La révolution numérique a fait apparaître les premières majors dans le spectacle vivant avec une stratégie de conquête de la billetterie à la production avec comme risques l’uniformisation des goûts et la multiplication des obstacles à la création et à l’accès à la culture. Nous y retrouvons les mêmes opérateurs que dans les médias et l’édition. On imagine facilement le processus, il s’agit de comparer avec leurs agissements par ailleurs. Les pratiques culturelles de masse sont un enjeu politique majeur. Dans ce sens, la transparence  doit être de mise. En restant, au-delà de la rentabilité, sur le cœur de la mission, il existe des outils pour la régulation indispensable de l’écosystème, des outils baromètres de l’activité quantitative et qualitative mais insuffisamment développés. Les subventions doivent en dépendre. Une réponse politique à la hauteur, non asservi aux profits privé, qui retrouve un peu de dignité dans le respect de la valeur du travail, des œuvres mais aussi de la démocratie.

L’intégralité de la rencontre est à retrouver sur www.suds-arles.com

Anselme Koba 

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