«J'avais 9 ans la première fois que j'ai chanté en public dans une peña flamenca. J'ai essayé bien d'autres styles depuis, mais c'est le flamenco puro, traditionnel, qui me remplit le plus d'émotion». Robe noire, cheveux tenus, regard au charbon, Rocio Marquez n'a que 24 ans. Mais quand cette cantaora entonne les palos à l'ancienne, elle a plus d'expérience que n'importe qui.
Arles pourtant est sa première grande scène, en première partie de Diego El Cigala, qui s'est éloigné du flamenco pour aller voir du coté des coplas et du répertoire latino. Exercice difficile où les afficionados, avertis par la rumeur élogieuse, l'attende pour s'enthousiasmer aussi bien que pour l'entendre trébucher. «Il y a ceux qui viennent pour juger et ceux qui viennent pour profiter de l'instant. Le seul moyen pour moi d'affronter cela, c'est d'essayer de transmettre fidèlement ce que je ressent. C'est une quête intérieure pour se connecter à soi-même, à ses propres émotions. Quand on y arrive, le public le perçoit et on parvient à un vrai moment de partage.»
Moment de grâce. Duende. «Avec les mots, reconnaissait Lorca, on dit des choses humaines. Avec la musique, on exprime ce que personne ne connaît ni ne peut définir, mais qui existe plus ou moins fortement en chacun de nous.»
