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Elles s’avancent sur le devant de la scène dans une tenue volontairement kitschissime, une sorte de filet style Jane Fonda dans Barbarella en 1968. Nous signifiant par-là que leur prestation, annoncé musique sacrée revisitée des répertoires les plus reculés de la Méditerranée, ne serait pas dépourvue d’humour. Issues de la scène expérimentale barcelonaise la soprano Helena Ros Redon et la contralto Marta Torrella i Martínez ont d’abord fleurté avec la scène post-rock catalane de la TransMegaCobla, une sorte de conte free funk, tout en étudiant les langues vivantes et mortes de la Méditerranée, avant de se rapprocher de la musique baroque et traditionnelle. Au résultat, un objet difficilement identifiable, un voyage à travers les époques et les cultures, les musiciennes interprétant, ou recontextualisant, des chansons anciennes collectées autour de la Mare Nostrum, un beau voyage. En boutade, elles ont baptisé leur style musical de « chant grégorien progressif ». Ces deux superbes voix chantent en catalan, en latin, en castillan, en grec ancien et flirte même avec le chant flamenco avec ajouts électroniques. C’est inclassable peut-être, mais totalement prenant. Ainsi Galenismós une chanson composée en attribuant des sons aux données de température de l'eau ou encore Tamarindo, une expérimentation syllabique aussitôt réinterprétée à l’envers Odniramat. Polyphonie à deux voix, surréaliste et minimaliste, en référence à la musique chorale toujours très répandue en Catalogne. Surprenant.
Anselme KOBA