En soirée, une programmation très attendue dans ce festival : la chanteuse de Fado (Gisela João) et le mythique orchestre du Buena Vista Social Club. Soirée à la hauteur de ses promesses ; la portugaise virevolte sur la scène du Théâtre Antique en redonnant la modernité qu’on lui connait dans son fado. Les cubains prolongent la soirée de façon remarquable, avec un hommage aux ancestros disparus depuis.
Mais ce n’était sans compter les surprises du festival des Suds.

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Dès le matin, se produisait un groupe peu atypique : ChamaméMusette. Un trio franco-argentino-brésilien, rien que ça.
Raùl Barboza et Francis Varis, deux accordéonistes dont on ne lit que des éloges, sont accompagnés du percussionniste brésilien Zé Luis Nascimento. Le cocktail est savoureux et plein d’humilité. On peut y entendre du Bach avec des percussions orientales, ou d’autres sonorités exclusivement métisses.
Le percussionniste détonne au milieu de ces deux vieux amants de la musique, une expression du visage particulière qui évolue à chaque nouveau rythme. La symbiose des trois est pourtant là, dans cette chaleur presque étouffante de l’enclos Saint Césaire.
A l’heure de l’apéro-découverte, rendez-vous quotidien du festival présenté par la directrice Marie-José Justamond, où elle nous confie ses rencontres avec les artistes qu’elle présente, on y découvre The Summer Rebellion. Un duo composé du canadien David Koczij, chanteur en bois massif, batteur et percussionniste, et à ses côtés Arthur Bacon (prononcer à la française puisqu’il est Alsacien) accordéoniste venu du jazz et des sons balkaniques.
On assiste à une session acoustique fracassante avec la voix rauque et sauvage du canadien.
Le chanteur souligne qu’il n’a pas l’habitude de jouer sans ses percussions. Pourtant, sa voix rocailleuse, tel un Tom Waits, emplira l’espace Van Gogh.
L’excellente nouvelle est qu’ils se produisent de nouveau à 17h30, toujours en accès libre sur la place Voltaire. Les percussions sont installées et résonnent fort dès les premiers rythmes.
Une petite foule s’y tasse dans une ambiance paisible, où l’on se laisse porter par ces vrombissements sonores. Petite surprise au milieu du concert, une reprise de « Anywhere I lay my head » de Tom Waits. La comparaison était facile jusque là, elle devient inévitable.
Un vrai coup de coeur.
En fin de journée, dans la cour intime de l’Archevêché, on retrouve « Kintsugi », sorte d'ovni musical.
Création originale de Serge Teyssot Gay (ex Noir Désir), du violoncelliste Gaspar Claus (fils de Pedro Soler) qui se sont associés à la japonaise Kakushin Nishihara.
Ils nous livrent un seul morceau de 50 minutes, tel un plan séquence parfaitement exécuté.
Un voyage lunaire, avec des moments vacillants où la musique nous met presque mal à l’aise, pour retourner subtilement sur une ambiance très mélodieuse. Le contraste est parfait, un côté post-punk et du jazz imbibé de guitare électrique.
Même les oiseaux de la cour s’en mêlent, laissant échapper un sourire de la chanteuse tokyoïte, et un « chut » du public qui n’en veut pas dans son voyage.