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Billet de blog 17 juillet 2025

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Rencontres publiques : Quels récits pour réenchanter les imaginaires ?

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Les Suds à Arles conviaient chaque année des professionnels de la culture à venir échanger sur une thématique. Cette année, le sujet proposé comme l’a expliqué Stéphane Krasniewski Directeur du Festival, concerne l’ensemble de la société : « Face à une idéologie réactionnaire, synonyme d’obscurantisme et de brutalité, il nous faut construire de nouveaux récits, pour rendre désirable un futur qui prenne en compte les défis auxquels nous devons faire face, qu’ils soient écologiques, sociologique, économique… Comment on fait société ? Comment construit-on du Commun ? Comment s’impliquer collectivement hors de nos silos respectifs ? »

Une quarantaine de participants attentifs ont écouté puis échangé, sous la houlette de Éric Fourreau, rédacteur en chef de la revue NectArt, avec l’économiste Anne Laure Delatte, chercheuse au CNRS, Samuel Grzybowski, entrepreneur social et militant associatif, Eva Doumbia, auteure et metteure en scène, co-fondatrice du collectif Décoloniser les Arts, et Edwy Plenel.

Les interventions se sont articulées autour de quatre approches : l’économique, l’identité et le territoire, la diversité culturelle et les héritages politiques et coloniaux.

Quatre récits-constats de départ ont été posés : la Déclaration Universelles de Droits de l’Homme de 1948, socle de la pensée du XX siècle, l’histoire française post-coloniale, la justice sociale et la solidarité, issus du Conseil National de la Résistance, et l’écologie avec l’Accord de Paris et son devenir.

Anne Laure Delatte a clairement expliqué combien les régulations de l’Etat, quelles que soient les politiques en place, n’ont pas empêché celui-ci de choisir de se mettre au service de l’économie marchande (« le deuxième poste budgétaire actuellement ») et du libéralisme, au détriment de l’éducation et de l’écologie, par exemple, refusant ainsi de parier sur le futur.

Samuel Grzybowski, en questionnant la notion d’identité et en refusant de la laisser aux « penseurs » de la droite extrême, soulignait, qu’en contradiction avec le jacobinisme inhérent à la Révolution Française, c’est vers les terroirs – « ce qui relie l’humain, son milieu et ce qui en découle » - qu’il faut « reconstruire des récits verticaux historiques et horizontaux dans l’échange et le partage » en termes de choix politiques.

Eva Doumbia rappelle qu’il peut exister un lien culturel entre les représentations de territoire et la post-colonisation à condition de s’attaquer aux représentations dominantes : « Les histoires sont toujours racontées du côté du chasseur, pas du lion et encore moins de la gazelle », et de croiser les récits et les imaginaires.

Pour Edwy Plenel, c’est la Déclaration Des Droits de l’Homme et du Citoyen - Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits - qui fonde le levier de notre imaginaire même si nous sommes, « dos au mur », confrontés de plus en plus à des « vents contraires » et soumis au dictat du « contre discours de l’inégalité naturelle » dans les représentations sociales, qui a produit le nazisme en son temps, et sert de support à toutes les théories actuelles des prédateurs depuis Trump jusqu’à Netanyahou en passant par Poutine. « L’imaginaire actuel est celui de la puissance et de la pensée individuelle étriquée » qui se traduit dans un « capitalisme mafieux sans limite », qui, contrairement aux dictatures d’alors, sort des urnes. Il se nourrit de la pensée « qu’il existe des gens inférieurs, des boucs émissaires, et ce depuis Louis XIV et la conquête coloniale ». Il faut se débarrasser de cette soif de puissance, et repartir de récits alternatifs politiques et sociaux, créant des conversions culturelles plurielles, « vers un imaginaire de l’écoute et du refus de la prédation, et surtout un imaginaire de la fragilité et de la précaution sorti des vieux imaginaires ». 

Anselme Koba

L’intégralité de la rencontre sera à retrouver sur www.suds-arles.com

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