Formé en 1997 par le guitariste Ry Cooder et le producteur Nick Gold, le Buena Vista Social Club a sorti de l’oubli quelques uns des grands noms de la musique populaire cubaine des années 50.
Il a honoré de sa présence la 20e édition des Suds, dont le programme axé autour des « musiques actuelles d’inspiration patrimoniale » est un parfait canevas pour le Buena Vista, qui selon le membre de la première heure Eliades Ochoa joue un « répertoire contemporain issu de la tradition ».
Un cadeau fait à l’enceinte romaine qui a remué au son* de « Chan Chan » ou de classiques latinos revisités à la saveur caribéenne de « la musique traditionnelle cubaine la plus pure », décrit le directeur artistique et tromboniste Jesus Ramos.
Depuis 1999 et le documentaire à succès de Wim Wenders le Buena Vista Social Club est devenu un phénomène mondial, en même temps qu’orphelin des membres fondateurs le trompettiste Manuel Licea (1927-2000), Cumpay Secundo (1907- 2003), Ibrahim Ferrer (1927-2005), du bassiste Cachaito Lopez (1933-2009). Le Buena Vista version « Adios tour » leur rend hommage en musique et en images et propose ainsi une plongée dans l’âge d’or cubain.
Crédit Sébastien Besatti
Hommage posthume des compadres et présentation de la relève
Jesus Ramos est le premier à entrer en scène, épaulé par le chanteur « remplaçant » Don Carlito Calunga qui fait monter les premières chaleurs de ses vocalises aériennes et puissantes, entre deux envolées du jeune pianiste enflammé. La plantureuse fille de Jesus, la chanteuse Yaite Ramos, avant d’assurer le dernier after des Forges en mode Dj sous le pseudo de « la Dame Blanche », déboule sur l’estrade du théâtre antique sous le regard du luthiste émérite Barbarito Torres, concentré, bien assis à côté l‘impeccable Papi Oviedo, iconique en costume cravate chapeau. Le groupe chauffe pour l’arrivée du guitariste au chapeau noir Eliades Ochoa, inimitable au roulement de « rrrr ». Cerise sur le gâteau une Omara Portuondo mutine, ambianceuse en diable qui, entre deux invitations à taper des mains sur « Quizas quizas » ou « No me llore mas », s’offre le luxe d’une danse acclamée avec son époux de « Papi Oviedo ».
Crédit Sébastien Besatti
Dans les salons de l’Atrium Eliades Ochoa , la diva Omara Portuondo parlent de la nouvelle génération… le cœur léger. « On a semé des graines qui sont devenues des racines puissantes » envoie le cowboy, qui dégaine : « il y aura un avant et un après Buena Vista Social Club ».
Crédit Edouard Coulot
L’orquesta fait ses adieux au moment du supposé réchauffement des relations avec le voisin américain. En vieux roublard, Eliades Ochoa adepte de la guajira, la country insulaire, parle de la sensation d’isolement qui perdure sur l’île. « Vous savez mieux ce qui nous rapproche des USA que nous » explique l’un des seuls cubains à avoir vu le monde hors de ses frontières. « On verra après le 20 juillet, c’est le jour où les ambassades auront à nouveau le droit de hisser le drapeau » tempère Omara Portuondo, d’une douceur toute tropicale. A voir…
« Adios tour », l’affiche est claire… pourtant la question du futur est sur toutes les lèvres… et à bien lire l’affiche, on y voit Eliades Ochoa et Omara Portuondo en featuring, sans compter la relève du flamboyant Don Carlito, de la délicieuse Yaite Ramos. Y a-t-il un avenir de la musique cubaine après l’Adios ? « Il est à Cuba » remarque taquin le moustachu taquin Barbarito Torres.
Ce concert a été une retrouvaille avec la scène du théâtre antique pour le « Johny Cash de Cuba » Eliades Ochoa, déjà venu en 2011 avec « Afrocubism », le projet initial de N. Gold. Mais pour une histoire de passeports, le producteur avait dû composer avec les musiciens rencontrés sur place, à la Havane. Avec le résultat que l’on sait : le Buena Vista Social Club.
Crédit Sébastien Besatti
Et le futur alors ? Le guitariste au chapeau s’en tire par une pirouette : « Le futur c’est la saveur. Le sang. J’ai Buena Vista Social Club dans le sang et je n’ai pas de problème de circulation » chambre la superstar.
Le public du théâtre antique lui, était sous perfusion de sève tropicale… Et cet « adios » fera aussi l’objet d’un documentaire…
SB / L’Optimiste pour les Suds
* https://fr.wikipedia.org/wiki/Son_cubain