Dans un contexte de restrictions budgétaires, justifiées à la fois par l’instabilité internationale et par une crise idéologique profonde, comment remettre au centre du dialogue la fonction des festivals ? Sous la conduite de la journaliste Juliette Poulain, les Suds ont proposé aux professionnels du secteur de débattre de cette question. Se sont exprimés : Emmanuel Négrier, Directeur de recherche au CNRS à Montpellier, Béatrice Desgranges – Marsatac -, Pierre Henri Frappat - Détours de Babel - et Karine Daniel, Sénatrice de la Loire-Atlantique.
Les festivals indépendants de musique, dont on sait la fragilité du modèle économique, ont dû, ces dernières années, s’adapter. Jusqu’à présent, l’agilité de ces organisations leur ont permis de gérer ces volets successifs d’une crise de fait systémique. Ils sont actuellement confrontés à des réductions de 20 à 30% de l’aide publique. Ces baisses de subventions, voire ces suppressions, peuvent laisser imaginer que le financement public de la culture pourrait ne plus être considéré comme une nécessité. Comment alors remettre au centre du dialogue la fonction des festivals comme laboratoires culturels, vecteurs d’émancipation sociale et créateurs de lien ? Quel rôle doivent jouer l’État, les collectivités et les organisations professionnelles dans ce chantier ?
Le contexte économique a entrainé une baisse des capacités d’agir réinterrogeant les projets et remettant les questions territoriales au centre de la réflexion. A la différence des concerts ponctuels, souvent bulles spéculatives, les festivals s’identifient en tentant d’équilibrer têtes d’affiche et découvertes, en proposant convivialité et lien social. Des problématiques actuelles, pour autant, se posent à eux : la confrontation à la réalité de la décroissance à moyen terme, leurs capacités d’adaptations, une adaptation vertueuse, une meilleure identification des connexions territoriales, l’investissement du politique par de nouvelles collaborations au-delà des enjeux budgétaires, la mise en place d’outils d’appréciations plus qualitatifs - et pas seulement des chiffres - de leur utilité sociale et citoyenne et de leur empreinte sut le territoire…
Autant de préoccupations qui doivent nourrir les engagements des professionnels, « et particulièrement en période électorale », comme le soulignera Karine Daniel.
Anselme Koba