Un festival pour accueillir l’Autre, raconter l’histoire de son peuple, de ses espoirs, de ses tragédies, un festival pour relier, pour retisser, le temps d’une édition, les fils d’une humanité blessée. Les artistes que nous aurons le plaisir de recevoir du 8 au 14 juillet viennent du Mali, de Palestine, des Comores, d’Ukraine, de Haïti, de Bretagne ou d’Andalousie… ce ne sont pas des porte-paroles, simplement les incarnations d’une expression libre qui puise son inspiration dans une histoire commune, un patrimoine resté vivant par la nécessité de la transmission et la force de la création.
Ces patrimoines qui nous rassemblent sont d’ici et d’ailleurs. De Toulouse, avec l’hommage rendu à Claude Nougaro, dont la poésie doit tant aux musiques du monde ; de Bamako, où Tiken Jah Fakoly a repeint son répertoire aux couleurs de son exil ; de Séville, aux sources d’un flamenco qui irriguent le cante d’Israel Fernández… Ces artistes sont autant de passeurs, qui s’approprient et transforment des chants qu’ils ont reçus en héritage ou qu’ils ont fait leurs, à l’instar d’Eléonore Fourniau, adoubée par la communauté kurde ou Aälma Dili qui, avec Barbara Pravi, « tziganise » les airs universels de Dalida.
Les créations, rencontres artistiques et humaines, nourrissent le programme de cette 29e édition. Ainsi, la voix créole de Sheila Anozier sera accompagnée pour une première en France par l’archet volubile de Rufus Cappadocia, tandis que celui de Théo Ceccaldi se mêlera aux sons afro-futuristes de Fayzal Mostrix et au flow de Aunty Rayzor pour ambiancer une Cour de l’Archevêché transformée en scène de nuit. Dans le même temps, nous accueillerons toute la semaine Walid Ben Selim et Raül Refree pour le deuxième temps d’une résidence de création, parce qu’un festival se doit également de contribuer à forger le son de demain.
Les musiques du monde, grâce à leur don de métamorphose, sont à l’avant-garde, abolissant les frontières esthétiques, réduisant les distances. Ainsi, la performance de Craze, dont le biniou emprunté au folklore breton s’inspire des musiques répétitives, se fera hypnotique. Au Musée départemental Arles antique, Khalil EPI fractionnera sur trois écrans le patrimoine musical immatériel tunisien, accompagnant cette exploration de boucles électro et de sons organiques. Rodrigo Cuevas, l’iconoclaste asturien, investira lui la scène du Théâtre Antique pour un spectacle haut en couleurs qui rend hommage à sa culture d’origine autant qu’il casse les codes en tout genre.
Cette 29e édition des Suds se veut, à l’image des précédentes, originale et singulière, elle peut se lire comme une carte géopolitique et se vivre comme une fête, surtout, elle fera résonner ces musiques de l’espoir qui racontent un monde qui crée, sans crainte du métissage malgré les frontières et les conflits. Sur toutes les scènes du festival, avec ces artistes venus du monde entier, du 8 au 14 juillet, venez célébrer la diversité et l’altérité !
Stéphane Krasniewski
Directeur du festival