Trop festif, trop joyeux: «En Iran, depuis la révolution islamique, on ne prononce plus le mot “danse”. Toutes les danses sont interdites. Quand on ne peut pas faire autrement, on parle de “mouvements coordonnés”», explique Saied Shanbehzadeh, chanteur, danseur et leader de l'ensemble Shanbehzadeh.

A 400 km au sud-ouest de Téhéran, la capitale enclavée au milieu des terres, Bousher, au bord du Golfe persique, se trouve sur d'anciennes routes maritimes des épices, de l'indigo, des poteries..., par lesquelles sont venus s'installer ou commercer des populations arabes, juives, indiennes, arméniennes et d'Afrique orientale. Les occupations occidentales (portugaise, anglaise, belge, allemande) ont complété ce métissage. Et sa musique, façonnée au fil du temps par les nomades, les ouvriers, les esclaves, les commerçants, est, à en croire Saied Shanbehzadeh, omniprésente: «Je veux présenter une vision réelle de mon pays, pas celle que propose la culture officielle. Je chante et je danse la musique qu'on entend dans le sud de l'Iran lors des fêtes, des mariages, les chants du travail, les chants d'amour, les rythmes de transes...»
Depuis qu'il a crée son premier groupe de musique traditionnelle, à 20 ans, il tente de populariser la culture de la région du Golfe persique: «Je ne compose pas, je n'arrange pas. Je joue juste la musique de Boushehr et je la danse dans sa forme traditionnelle. Même en Iran, les gens ignorent pas cette culture, qui a d'abord besoin d'être transmise. Je veux dire la réalité de cette musique, de ses racines. Une fois qu'elle sera bien connue, seulement, on pourra envisager d'autres choses.»

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Saied Shanbehzadeh à la neyjofti (flute double) avec son fils Naghib qui l'accompagne aux percussions (dammam, zarbetempo) depuis l'âge de 10 ans.
Il entreprend des recherches éthno-musicologiques qui lui permettre de collecter les traditions et les styles de la région. Il enseigne notamment à la Cité de la Musique à Paris en 2007 et il anime désormais des ateliers de danse dans des collèges de banlieue parisienne en partenariat avec le Théâtre national de Chaillot, la Compagnie Montalvo/ Hervieu et le musée du Louvre.
Concert le 13 juillet à 21h30 au théâtre antique d'Arles.