Ségolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes sait, depuis samedi 17 octobre, qui seront ses principaux adversaires lors des élections régionales de 2010. Malgré les propositions d'alliances très détaillées, les Verts ont finalement choisi de présenter leur propre liste. Malgré ses hésitations et les rumeurs insistantes d'une candidature de Chantal Jouanno, secrétaire d'Etat à l'écologie, Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat aux transports, a finalement accepté de conduite la liste UMP.
L'Assemblée générale régionale des Verts Poitou-Charentes, qui a rassemblé ses 170 représentants, samedi, à Niort (Deux-Sèvres), au centre Duguesclin, s'est prononcée pour des listes autonomes à une très large majorité (92,9%, 158 pour, 12 contre, pas d'abstention, pas de bulletin blanc ou nul). Le communiqué des Verts a précisé: «Les débats qui ont précédé le vote ont montré la volonté de défendre un projet écologique qui a son originalité, un enthousiasme à l'idée de faire vivre la dynamique Europe Ecologie, un ancrage à gauche réaffirmé (...) Les Verts et Europe Ecologie présenteront donc aux électeurs un projet d'éco-région, avec un volet environnemental fort, mais aussi l'ambition de réussir une «reconversion écologique de l'économie» et d'améliorer, par exemple, la gouvernance territoriale en faisant mieux participer les citoyens aux choix structurants essentiels pour le territoire.»
«Nos militants ont eu envie de poursuivre le mouvement amorcé lors des élections européennes. Et puis ils ont estimé que notre projet avait une originalité qui mériterait d'être défendue et pas seulement en matière d'environnement», a expliqué Amaury Brueille, sécrétaire régional et porte-parole des Verts.
Mais, de leur propre aveu, c'est le bon score de la liste Europe-Ecologie lors des élections européennes tant au niveau national (16,3%) que dans les quatre départements composant la région (15,17% dans les Deux-Sèvres; 14,24% dans la Vienne; 13,44% en Charente; 15,23% en Charente-Maritime) qui ont décidé les Verts locaux. Ils choisiront leur chef de file le 14 novembre. Sur les rangs: Marie Legrand, vice-président de la région, Serge Morin, vice-président lui aussi, Françoise Coutant, ajointe Verts au maire PS d'Angoulême (Charente).
En 2004, lors du précédent scrutin, les Verts avaient joué l'union aux côtés du Parti socialiste, du Parti communiste français et du Parti des radicaux de gauche se joignant à la liste conduite par Ségolène Royal.
Dimanche 18 octobre, la présidente de la région Poitou-Charentes a regretté le choix des Verts, jugeant que «l'urgence écologique justifie un dépassement des partis». «Je pense que ce que nous avons fait, avec eux, depuis 2004, va au-delà de leur propre programme», a-t-elle déclaré lors d'une rencontre avec la presse de Poitou-Charentes. Et de détailler ses propositions - 11 places éligibles (actuellement, ils en occupent sept) et la première vice-présidence - avant de lancer un appel à la dissidence: «Que tous les Verts qui pensent que la réalité de l'action et que les convictions sont plus importantes que les clivages politiques me rejoignent dès le premier tour, ils sont les bienvenus pour travailler ensemble.»
Côté majorité présidentielle, les choses sont également claires. C'est Dominique Bussereau, membre du gouvernement de François Fillon, qui sera tête de liste. Après avoir longtemps résisté à l'Elysée, le secrétaire d'Etat aux transports a fini par céder. «Je suis sollicité par mon parti», a-t-il simplement déclaré. On a connu enthousiasme plus communicatif.
Il est vrai que le 21 septembre encore, Dominique Bussereau, questionné sur son avenir régional, répondait: «Nous avons d'autres possibilités. Je suis déjà président d'un département important.» Une semaine auparavant, il avait toutefois concédé: «Je suis un bon soldat, si le président me donne l'ordre, je m'y plierai.» S'il a plié, c'est que Nicolas Sarkozy a exigé un candidat de poids dans une région où il juge la victoire très difficile en mars 2010. «Difficile et complexe», a sobrement commenté le secrétaire d'Etat.
Dimanche, Henri de Richemont, pourtant choisi par les militants UMP pour porter leurs couleurs lors du scrutin régional, a publiquement invité Dominique Bussereau à le remplacer. «Je [te] demande d'accepter de porter le projet et d'être la tête de liste», a-t-il lancé au secrétaire d'Etat, venu à Poitiers (Vienne) à l'occasion des «ateliers régionaux du changement».
Aux yeux du président de la République, l'ancrage local de Dominique Bussereau (il est président du conseil général de la Charente-Maritime) et son expérience de ministre de l'agriculture (gouvernements Raffarin puis Villepin, 2004-2007) à l'heure de la crise laitière, sont autant d'atouts.
Le conseil national de l'UMP validera ce choix le 28 novembre. La composition de la liste sera arrêtée le 16 janvier 2010. Elle sera ouverte au Nouveau centre, à Chasse, pêche, nature et traditions (CNPT) et à la Gauche moderne (le parti de Jean-Marie Bockel, secrétaire d'Etat à la justice).
«J'ai la machine plein pot de l'UMP contre moi avec des moyens au sol et en l'air qui vont être déployés: j'ai un représentant de Nicolas Sarkozy contre moi», a commenté Ségolène Royal, ajoutant: «Si Dominique Bussereau fait en région ce qu'il fait sur le plan national, c'est très inquiétant.»
Ainsi, l'hypothèse Chantal Jouanno, très sérieusement envisagée et défendue jusqu'au bout par Jean-Pierre Raffarin, homme fort de la région, fait long feu. La secrétaire d'Etat à l'écologie, ancienne directrice de cabinet du préfet de la Vienne et de Poitou-Charentes (1999 et 2001), avait pourtant quelques sérieux arguments de terrain à faire valoir face à Ségolène Royal. Mais il semblerait qu'elle soit invitée à les valoriser en Ile-de-France, à Paris, aux côtés de Valérie Pécresse.