Je m' appelle Vincent.
Je suis un peu sonné. La victoire est écrasante. La gauche... moi... Je n' etais d' ailleurs pas trop sûr de mon choix. Mon choix...
Mon grand père me regardait, silencieux, mais au regard lourd d' une attente sans ambiguïté aucune. Comment aurais je pu. Lui qui a été torturé, qu' on a contraint à dormir dans une armoire fermée sans pouvoir ni se redresser, ni s' asseoir, ni évidemment s' allonger. Je ne peux même pas imaginer cette douleur sourde dans laquelle il devait baigner. Et encore moins comment il a pu y survivre. Il était là, avec moi, jusque dans l' isoloir. Sa main sur mon épaule. Mais mains moites tenant ces fichus bouts de papier. J' ai inspiré. Et j' ai glissé mon billet dans l enveloppe.
Puis je me suis extrait de derrière le rideau, prenant mon tour dans la file d' abattage... Dans ma tête tournaient en farandole De Gaulle, les coco, mon grand père... trainant mes pieds, l' urne envahissait tout l' espace de son appétit vorace.
Quelqu' un dit mon nom. Je crois. Mes doigts on laissé glissé ce rectangle qui me semblait peser la masse de l' univers tout entier. Et, comme si cela ne suffisait pas. On me demandait de rogner la peau de ma conscience jusqu' au sang en signant cet autre papier attestant que j' avais bien fait celà. Moi.
Je sortais de cette pièce comme si j' avais commis un crime. Celui de me renier moi même. Je me suis tué. Après midi entre deux eaux, ou sous l' eau... puis l' attente. Est ce que cette amertume écoeurante a rejoint un flot plus grand. L' amertume a t elle vaincu?
Victoire. Je ne m y attendais pas. Ce soulagement. Mon grand père est là. Il me sourit.