Qu'il y ait un parti populaire, progressiste, indépendant et uni !
Et qu'il soit en capacité d'attirer le vote contestataire et de courber la droitisation de la politique !
1.) « La forme »
Après trente ans de silence de la gauche et trente ans de répétition des dogmes de droite, après trente ans de politiques de fragilisation de la société, de précarisation du monde de travail et de sécurisation des liens humains, il n'y a rien d'étrange au fait que la majorité des Français n'a plus aucune confiance dans la politique. Les seuls à en profiter, en France comme partout en Europe, sont les partis populistes de droite. Même s'ils n'offrent aucune analyse profonde de notre situation et encore moins des véritables solutions, ils ont cette capacité de faire croire qu'ils entendent les gens. Ils parlent une langue claire et compréhensible alors que les autres ressemblent à des technocrates parlant avec de la farine dans la bouche.
En effet alors que jusqu'à présent la politique se caractérise par des idées trop pragmatiques (création d'emplois quelles que soit leur qualité, relancer l'économie, pouvoir d'achat…) et trop irréalistes quant à la possibilité de les réaliser (l'exemple de Syriza) il faudra qu'on soit plus idéalistes dans nos idées et plus honnêtes quant à la possibilité de les réaliser.
Le contexte actuel oblige nos élus, nos porte-paroles et tous les militants à travailler sur trois points :
1. avoir la capacité d'exprimer les préoccupations des gens dans une langue claire et compréhensible ;
2. pouvoir présenter une vision attirante de la société, comment les gens pourraient vivre en harmonie, comment chacun et chacune pourraient s'investir dans la société, mais aussi se développer en tant que personne et profiter des siens ;
3. avoir l'honnêteté de dire qu'on fera tout ce qu'on peut pour aller dans cette direction, mais qu'il y a beaucoup de contraintes, des forces oppositionnelles, de l'inertie qui feront que tout ne sera pas réalisable tout de suite ou même sur le long terme, mais qu'on a un but et qu'on fera des bilans francs et ouverts sur nos actions.
2.) « Le contenu »
Quelles sont les préoccupations des Français ? Alors qu'il est impossible d'être exhaustif sur cette question, les gens se soucient de l'avenir, de pourvoir aux besoins des leurs, du fait qu'eux ou leurs enfants devront vivre dans un monde où il n'y aura pas des chances pour tous, un monde malsain, pollué, fermé et dangereux. Les gens ont peur de perdre ce peu qu'ils ont, ils se sentent incapables d'y intervenir et ils se sentent abandonnés par leurs représentants.
Les populistes de droite ont tout à fait raison de prendre ces soucis au sérieux, mais au lieu de diriger cette colère vers les vrais responsables et de réorienter cette peur vers de vraies solutions durables ils optent pour maintenir et même favoriser la peur.
Que nous aussi parlions des prédateurs et des accapareurs qui détruisent notre écosystème et pas simplement celui de la nature, mais aussi celui de l'habitat humain!
Les sondages le montrent constamment, les gens sont toujours beaucoup plus négatifs sur comment la société est en train de se developper que sur leur propre situation. Dans notre société les liens entre les gens passent de plus en plus à travers des instances extérieures: la police, les services sociaux, les lois, la télésurveillance. Plus on est déresponsabilisé, plus on regarde cette société comme étant étrangère à nous. Mais au-delà de la sécurisation de notre société, qui est au fond plutôt l'effet que sa cause, cette désaffection est le résultat du manque de pouvoir participer à notre société.
On a été éduqué à être autonome, à penser pour soi-même et on croit vivre dans une démocratie, mais si l'on ne l'avait pas encore compris, après trois ans de Hollande-Valls, qui peut nier le fait que voter n'équivaut pas à la démocratie ? Mais il y a chose plus profond, car même dans le meilleur des mondes, un système représentatif ne sera jamais vraiment démocratique. Bien plus que l'acte de voter, c'est d'avoir la capacité et l'opportunité de pouvoir modifier, défaire et créer sa société qui la rend démocratique. Dans une société où beaucoup n'ont pas de travail ou n'en ont pas assez ou ne sont pas payés correctement ou font un travail sans aucun sens ou qui est en dessous de leurs capacités et de leurs souhaits, donc pour tous ceux et celles pour qui il n'est pas permis de travailler comme ils ou elles le veulent, la société n'est pas une démocratie.
La démocratie doit être au cœur des soucis des écolos, car qu'est-ce que la conscience écologique si ce n'est la connaissance que tous les êtres vivants sont liés et c'est au moyen de toutes nos actions confondues qu'on forme et maintient les conditions propices à nos formes de vie. Si notre ère est l'anthropocène, ce sera donc en modifiant nos modes de vie, nos actions, notre fonctionnement qu'il faut se prendre au changement climatique. Il est beaucoup plus évident et efficace de commencer par une discussion sur le sens de nos activités et à partir de là, convaincre qu'il faut absolument qu'on fasse autrement, que de demander à quelqu'un de respecter la nature en même temps que de devoir continuer le travail qui lui fait mal.
Qu'on commence à parler de travail digne, des activités qui ont un sens, qui ne détruisent pas la vie, qui ne gaspillent pas, qui permettent de former des relations durables et fiables entre les gens et avec notre écosystème !
3.) Pour finir
La crise écologique, politique et sociale nous oblige à oublier les petits jeux de prise de pouvoir et qu'on recommence à travailler ensemble.
Le rejet du système politique actuel de beaucoup de parmi nous, nous force à réapprendre que la politique est toujours au-delà des politiques.
Et le silence assourdissant de la gauche actuelle doit nous inspirer à penser par nous-mêmes et à formuler une vision de la société où il fait vraiment bon vivre !
Billet de blog 22 avril 2016
La forme et le contenu
Qu'il y ait un parti populaire, progressiste, indépendant et uni ! Et qu'il soit en capacité d'attirer le vote contestataire et de courber la droitisation de la politique !
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