*Cet article est publié ici avec l'aimable permission de son auteur, Arnaud FLORI
Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme
Ce qui fait l’une des caractéristiques de la vie, c’est sa capacité à transformer ce qui l’entoure en un temps très réduit. Elle est capable ainsi de réaliser des réactions chimiques fondamentales permettant pêle-mêle de tirer l’énergie du soleil, de transformer le dioxygène en dioxyde de carbone (et inversement), de faire du glucose un carburant essentiel… Tout n’est que transformation. Ceci est possible uniquement grâce aux ressources que notre environnement, la Terre et le Soleil, nous donnent : les ressources issues de la biomasse (les animaux et les végétaux) ou les ressources énergétiques pour ne citer qu’elles. Chaque espèce use de ces ressources pour assurer sa survie, c’est un équilibre fragile où chacun doit prendre sa « part du gâteau » tout en respectant celle de l’autre.
Mais l’Homme tient une place particulière. Il exploite, gère et s’approprie pratiquement toutes les ressources disponibles sur Terre. Il est généralement considéré, et à juste titre, comme la première espèce à avoir un impact majeur sur son environnement. Heureusement, toutes ces ressources sont perpétuellement régénérées par la Terre.
Des ressources infinies ?
Cela signifie-t-il que nous disposons d’une quantité illimitée de ressources ? Pas exactement. Car si certaines sont a priori inépuisables (comme l’énergie éolienne ou solaire), d’autres disposent d’un « stock » limité ou fragile à l’instar des hydrocarbures. Ces ressources que l’on qualifie de non-renouvelable ont, dans les faits, un temps de régénération beaucoup trop long pour être considérées autrement. Leur exploitation mènera nécessairement à leur consommation totale. Mais ce qui est plus inquiétant, c’est lorsque certaines ressources normalement renouvelables sont exploitées à un point tel qu’elles en deviennent des ressources non-renouvelables.
Et c’est là que rentre en jeu notre « jour du dépassement ». Il représente la date de l’année où l’ensemble des ressources renouvelables de cette même année ont toutes été consommées. A partir de ce jour, et jusqu’au 31 décembre, l’Homme puise dans les réserves dont dispose la Terre pour consommer les ressources qui lui sont nécessaires. Cette date, créée par Global Footprint Network, se calcule en prenant en compte les quantités de ressources offertes par la Terre et celles consommées par l’Homme dans l’année considérée. Le jour du dépassement de l’année 1971 était le 24 décembre, celui de l’année 2016 était 8 août. En l’espace de 35 ans, nous avons perdus près de 137 jours…
Une lourde empreinte écologique
L’activité de l’Homme est seule responsable de cette consommation excessive de ressources, mais seul l’Homme est responsable de sa propre activité. Le modèle économique dans lequel nous vivons nous pousse au « plus » : plus de consommation, pour avoir plus de croissance et donc plus de PIB. Mais cette quête du plus a pour conséquence une empreinte écologique de plus en plus lourde. Les mentalités ont fort heureusement évoluées à ce sujet et de plus en plus de pays prennent conscience de notre impact néfaste sur l’environnement. Mais ne serait-il pas temps de radicalement changer de modèle ? Un intellectuel français, Idriss Aberkane, propose un modèle économique dans lequel la richesse serait puisée dans la connaissance en lieu et place des ressources naturelles. Il résout là, comme il le dit, « une contradiction mathématique inévitable entre croissance infinie et matières premières infinies ».
Des outils de mesures écologiques
Pour amorcer le basculement nécessaire vers un modèle qui nous permettrait de vivre sur le long terme, les instruments juridiques et institutionnels manquent. On peut par exemple s’étonner que le “jour du dépassement” ne soit pas encore un indicateur institutionnel, comme les chiffres du chômage annoncés à intervalles réguliers par le pouvoir et influençants donc les politiques menées. La prospective commanderait de se doter de nouveaux outils officiels de mesures écologiques pouvant mettre en évidence ces problèmes propres à nos sociétés. Mais le vieux monde reste obnubilé par les indicateurs économiques quand bien même le modèle actuel butera sur les frontières physiques de notre environnement.
Arnaud FLORI
Etudiant en informatique
Citoyen engagé