Billet de blog 21 déc. 2009

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Climat, démographie et droit des femmes

Pour Carine Favier, présidente du Planning familial, et Christine Mauget, responsable de sa commission internationale, invitées de Mediapart, «un nouveau modèle de développement ne peut faire l'impasse sur les droits des femmes».

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Pour Carine Favier, présidente du Planning familial, et Christine Mauget, responsable de sa commission internationale, invitées de Mediapart, «un nouveau modèle de développement ne peut faire l'impasse sur les droits des femmes».

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Le sommet de Copenhague se termine sur un échec, particulièrement cuisant pour les pays les plus pauvres : les pays riches ont une fois de plus « tiré leur épingle du jeu ».
Une consolation : le mouvement de la justice climatique du Nord a su travailler efficacement avec celui du Sud et élargir la question du climat à la question sociale : c'est important pour l'avenir car ce combat ne fait que commencer !
Mais au-delà des enjeux sur le climat, dont on ne saurait sous estimer l'importance, c'est la lutte pour un autre développement qui est en jeu aujourd'hui. Elargir à la question sociale doit aussi intégrer la question du genre et du développement.
Le rapport du FNUAP (Fond des Nations Unies pour la population) rendu public en novembre 2009, insiste pour sa part sur la particulière vulnérabilité des femmes face au changement climatique. « Dans de nombreux pays, elles constituent une part importante de la main d'œuvre agricole. De plus elles ont en général un moindre accès aux possibilités de gagner un revenu. Les femmes gèrent les ménages et prennent soin des membres de la famille, ce qui limite leur mobilité et aggrave leur vulnérabilité aux catastrophes naturelles.»
La démographie comme problème a fait son entrée dans le débat sur le réchauffement climatique et ses conséquences, et il existe le danger de voir se développer du côté des décideurs de la planète, dans une perspective malthusienne, une volonté de contrôler la démographie du Sud pour garder le modèle de consommation au Nord et faire porter encore l'effort sur le Sud.

L'emprise malthusienne reste très vivante : elle entraîne une stigmatisation des populations et particulièrement des femmes qui deviennent alors responsables des désordres et concourt à alimenter un raisonnement cynique sur celles et ceux qui seraient « de trop au banquet de la nature »
Dans les années cinquante, l'ONU avait construit ses politiques de « contrôle des naissances » sur l'idée que la démographie galopante était un facteur aggravant le sous-développement et la pauvreté.
L'échec de ses politiques de « contrôle sur les populations » et le militantisme des mouvements féministes ont amené à l'organisation de la conférence du Caire [Conférence Internationale des Nations Unies sur la Population et le Développement (CIPD) 1994]. Constat a été fait que le levier le plus important était une politique volontariste pour l'éducation des filles et l'aide à l'accès des femmes aux structures de santé et à la planification. Les financements ont été alors renforcés dans cette direction mais, depuis le « Millénium » (2000), nous assistons à un recul.
La Convention de l'ONU pour l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW - décembre 1979) dont nous avons fêté les 30 ans le 13 décembre 2009 dans un silence assourdissant (seule la LDH a organisé une rencontre !) a rappelé que l'égalité des droits, le respect de la dignité, le refus d'une exclusion liée au sexe dans tous les domaines sont indissociables de la démocratie et que les droits sexuels et reproductifs font partie de ces droits.
La planification familiale ne doit pas être une arme du Nord pour contrôler les peuples du Sud mais rester un droit individuel de la personne.
La lutte pour un autre développement devra s'attacher à développer une plus grande autonomie des femmes et renforcer leurs droits sociaux. Elle devra faire de l'égalité des sexes une priorité, permettre un accès à l'éducation égal pour les filles et les garçons, donner les moyens d'accéder à la contraception, à l'avortement afin de permettre réellement un choix des femmes et des hommes à planifier les naissances et à s'impliquer pleinement de façon responsable dans l'avenir.
L'agenda du mouvement pour la justice climatique doit intégrer ces enjeux dans ses futures mobilisations : un nouveau modèle de développement ne peut faire l'impasse sur les droits des femmes !

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