Billet de blog 10 mars 2010

adrien.bourguignon

Abonné·e de Mediapart

« Avatar »

« Avatar »  L’emballage vaut autant que le contenu, on ne peut séparer le fond de la forme, l’essentiel c’est la façon de présenter ce qu’on dit et non le propos en lui-même. On nous a toujours répéter ces maximes niaisardes, mais le papier cadeau visuel entourant « Avatar », ces effets spéciaux, cette qualité d’image, cette précision dans le mouvement, nous permettent-ils d’oublier tout le reste ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

« Avatar »


L’emballage vaut autant que le contenu, on ne peut séparer le fond de la forme, l’essentiel c’est la façon de présenter ce qu’on dit et non le propos en lui-même. On nous a toujours répéter ces maximes niaisardes, mais le papier cadeau visuel entourant « Avatar », ces effets spéciaux, cette qualité d’image, cette précision dans le mouvement, nous permettent-ils d’oublier tout le reste ? Qu’en a pensé le grand enfant qui sommeille en chacun de nous quand chacun lui avait prédit un noël fabuleux, un noël que les lutins de James Cameron avait préparé pendant 10ans, que ces mêmes lutins étaient censés avoir révolutionné le monde de la grande distribution festive, pour trouver au fond de la boîte, emballé pourtant dans un papier si fin et précieux, une misérable poignée de playmobiles bleus en string de bambou…

Si Lénine avait fait la révolution comme la fit Cameron dans le cinéma, l’Histoire aurait été bien différente…
Peut-on pardonner un scénario poussif et compassif sous prétexte que tout le reste soit irréprochable ? On ne peut objectivement rien reprocher, si l’on fait l’effort de mettre de côté toute critique sur le grand-publissisme d’un film qui fit 2,6 milliards de dollars de profit, quant à la qualité visuelle d’« Avatar ». L’univers créé par James Cameron est réellement magnifique, et chacun muni de sa paire de lunettes 3D ne peut éthiquement se plaindre de quoi que ce soit: Le monde de Pandora est simplement sublime. Mais le sublime visuel ne doit pas être le seul ressort d’un film, il manque forcement une trame pour nous tenir en haleine. Le scénario manichéen mettant en scène un panel de personnages réunissant les plus communs généraux d’armée violents et bellicistes, anciens militaires infirmes, belles sauvages renversants toute l’idéologie occidentale, capitaliste et empiriste, flotte un peu dans une ambiance enfantine d’un « Pocahontas » remasterisé.
« Avatar » devait être un manifeste écologique révolutionnant le monde vieillot du cinéma, mais ne présente finalement qu’un essai artistique réussi, choisissant malheureusement un contexte fictif absurde et maladroit.

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