« The Ghost-Writer »

Polanski, baignant dans un scandale depuis plus de 30ans, a-t-il réalisé ce film comme Erwan McGregor scrutant à la fenêtre d’hypothétiques poursuivants ? Choper un bon bouquin de Robert Harris, y ajouter un casting-star, un budget confortable, soupoudrer le tout de décors magnifiques et ajouter enfin une pincée de musique des thrillers des années 70, la recette Polanski semblait en soit efficace.
Elle ne fait pourtant que sembler l’être.
Le film est on ne peut plus décevant: Erwan McGregor ne parvient pas à se détacher de cette forme d’ingénuité qui le poursuit, sorte de Mélanie Laurent à la british. On passe une bonne partie du film à souhaiter passer de l’autre côté de l’écran, le secouer un bon coup et revenir au chaud dans notre siège de velours rouge. Pierce Brosnan, dans l’ex Premier ministre au cœur d’un scandale national, range son arme dans le tiroir et met une cravate, mais reste toujours le James Bond froid et infaillible qu’il fut longtemps. On prétextait une démonstration des ficelles de l’exercice politique, encore aurait-il fallu y voir des hommes politiques.
La partie politique de la dénomination usuelle du « thriller politique » est réellement faible, et on sort du film en ne se disant rien de plus qu’en venant: le monde politique est fait d’arrangements, de billets verts passés sous le bureau, d’amitiés douteuses, certes, mais le film, s’il tente maladroitement de nous le mettre en scène, ne nous l’apprend pas.
L’aspect thriller est quant à lui plus solide, et on se prend facilement au jeu. On rentre immédiatement dans l’ambiance et dans la thématique du film, mais Polanski prend malheureusement la mauvaise habitude de tomber dans l’hypertrophie, dans la facile théorie du complot, dans la légèreté du « mal est partout »: tous ceux qui comprennent un tant soit peu quelque chose sont éliminés, les Etats-Unis ont la main mise sur les politiques occidentales, le CIA est infiltré un peu de partout.
Si l’on avait su nous convaincre avec une trame, des rebondissements et des indices plus excitants et plus réfléchis, si l’on nous avait épargné cette fin minable teintée de morale complaisante, peut-être aurions nous eu l’impression d’avoir signé pour du Polanski, et non du Michæl Moore.