Billet de blog 14 avril 2010

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J.-L. Malys (CFDT) : «La peur n'est pas bonne conseillère»

Jean-Louis Malys est secrétaire national de la CFDT, en charge des retraites.

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Jean-Louis Malys est secrétaire national de la CFDT, en charge des retraites.

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Si le système de retraites est en difficulté, c'est d'abord à cause de la crise. Aborder le dossier des retraites dans ce contexte revient à dramatiser les enjeux, tel un miroir déformant et effrayant. La peur n'est pas bonne conseillère.
Car les problèmes de notre système de retraites ont aussi d'autres causes.
D'abord, les désordres structurels de l'emploi et du travail. De plus en plus de salariés ont du mal à cotiser toute leur vie, du mal à entrer dans le travail, du mal à y rester. L'intensification du travail provoque chez nos concitoyens l'envie de s'en sauver.
Par ailleurs, du fait du papy-boom, des générations entières arrivent à la retraite alors que le nombre d'actifs va se réduire. Enfin, l'espérance de vie s'allonge.

Les sondages le montrent :
la réforme effraie les retraités actuels, ou proches de la retraite. En réalité, les décisions prises cette année ne modifieront pas fondamentalement leur situation. En revanche, l'avenir des plus jeunes reste incertain. Le système pourra-t-il répondre à l'évolution des parcours professionnels? C'est pour nous le souci principal. Un enjeu vital.

Notre système par répartition doit être revu. Il génère des inégalités et n'est plus adapté aux parcours professionnels, comme si tout le monde avait la même carrière. Les personnes aux carrières hachurées sont sanctionnées, tout comme celles qui dépendent de plusieurs régimes. Les femmes sont trop souvent perdantes. Les systèmes de solidarité prévus ne fonctionnent pas tous. Si la réforme ne consiste qu'en des mesures paramétriques (recul de l'âge légal...) qui durciront les conditions d'accès à la retraite, on risque de creuser l'écart entre ceux qui ont eu de belles carrières et les autres.

Une réforme rapide et exclusivement paramétrique n'est pas la seule issue possible
, comme on veut nous le faire croire.
Certes, elle entraînerait quelques effets bénéfiques sur les comptes. Mais il y aurait aussi des effets négatifs : si l'on durcit les conditions d'accès à la retraite, ceux qui sont hors du travail risquent de basculer dans la pauvreté. Et l'on aura alors oublié de se pencher sur des sujets aussi essentiels que la difficulté des jeunes à entrer sur le marché du travail, la façon dont les 30-45 ans sont au contraire sur-sollicités dans les entreprises, pour être ensuite montrés du doigt dès qu'ils vieillissent...

Repousser l'âge légal n'est pas une bonne idée.
Tout simplement parce que ce n'est pas la question centrale. Le sujet principal, c'est celui des parcours et des durées de carrière. Nous sommes les premiers à avoir fait sauter la barrière de l'âge. En signant la réforme de 2003, la CFDT a permis à 600.000 personnes de bénéficier d'une retraite pleine et entière du régime général avant 60 ans, car elles avaient commencé à travailler jeunes. Beaucoup sont partis à 57 ans. Pour eux, la notion d'âge légal est dépassée. Idem pour ceux qui ont fait des études longues. Se focaliser sur l'âge, c'est s'empêcher d'imaginer un système plus souple où ceux qui ont cotisé longtemps et exercé des métiers pénibles peuvent partir avant 60 ans, tandis que d'autres restent au travail plus longtemps.
Pour financer le système de retraites, nous devons trouver d'autres sources de financement : en augmentant les cotisations salariales, mais aussi en taxant le capital pour ce qui relève de la solidarité (avantages familiaux, petites retraites...). On pourrait également réactiver le fonds de réserve des retraites, qui n'est abondé qu'à 33 milliards d'euros, bien moins que les 150 milliards prévus à sa création.

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