Pointant le hiatus récurrent entre le discours de Nicolas Sarkozy sur les droits de l'homme et la réalité de sa politique étrangère, Jean-Laurent Lastelle, président de l'Assault (PS), s'inquiète de l'incapacité chronique de «l'Occident libéral à accompagner les révolutions». Il fait des assemblées constituantes un point-clé du devenir révolutionnaire au Proche-Orient.
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Le jasmin sent la poudre! En Tunisie, le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi, jeune marchand ambulant de 26 ans, s'immole par le feu devant le governatorat de Sidi Bouzid. Le jeune homme espérait obtenir des autorisations commerciales officielles et acquérir une camionnette.
Malgré sa ténacité, il ne parvient pas à s'extraire d'un rapport de corruption avec l'administration qui l'accable d'amendes, de confiscations et de demandes de pots-de-vin. On lui confisque une dernière fois sa brouette et sa balance, avant qu'il ne s'immole pour protester contre un système politique et économique où, comme il le dit un jour à sa sœur Leïla, «ici, le pauvre n'a pas le droit de vivre».
Le geste en rappelle un autre. Le 16 janvier 1969, à Prague, Jan Palach, un jeune étudiant en philosophie de 20 ans, s'immole par le feu sur la place Venceslas pour condamner l'invasion de son pays par les troupes soviétiques en août 1968 et l'écrasement des réformes de Dubcek. Le geste, pour le monde entier, symbolisera la révolte du printemps de Prague. Les sacrifices des deux jeunes hommes incarnent immédiatement la révolte d'un peuple entier contre des régimes autoritaires et étouffants. Quelques mois après la mort de Palach, un astéroïde prend son nom. Quelques semaines après la mort de Bouazizi, Tunis débaptise la grande avenue du 7-novembre qui devient l'avenue Mohamed-Bouazizi.
Suivent depuis quelques semaines d'innombrables mouvements populaires dans les pays arabes, du Maroc en Jordanie, en passant par l'Algérie, le Yémen, Oman et même le royaume de Bahreïn. Les dictateurs tunisien et égyptien Zine el-Abidine Ben Ali et Hosni Moubarak sont déposés et s'enfuient.
La peur de l'islamisme
Le pouvoir occidental réagit tout d'abord par l'intolérance. «Le spectre islamiste», «la chasse aux chrétiens», «la vérité sur les Frères musulmans», «vers une dictature intégriste au Caire?», les titres alarmistes des newsmagazines français préviennent d'un choc des civilisations imminent dont la manifestation la plus assurée semble l'attente, en embuscade, des mouvements islamistes, confirmée, selon eux, par un attentat contre une église copte d'Alexandrie, le 1er janvier, qui fit vingt-et-un morts. L'idée selon laquelle la collaboration avec les dictateurs déchus et menacés se justifiait par leur rôle de rempart contre l'islamisme fut en effet répétée à l'excès. Le président français n'eut pas peur, lors de son allocation télévisée du 27 février de préciser que «si toutes les bonnes volontés ne s'unissent pas pour faire réussir {les mouvements arabes}, ils peuvent aussi bien sombrer dans la violence et déboucher sur des dictatures pires encore que les précédentes».
Il est vrai que le régime français doit se faire pardonner une collaboration avec les dictateurs qui ressemblait, ces dernières années, davantage à un soutien actif qu'à des relations diplomatiques réalistes, de l'indécente visite de Mouammar Kadhafi en France en décembre 2007 aux derniers déboires de la ministre des affaires étrangères française démissionnaire. Les élites libérales occidentales excusent ainsi à a posteriori leurs associations hasardeuses avec ces régimes au nom de la peur de l'islamisme. L'objectif est de créer dans l'opinion une identification à des régimes connus et impopulaires, notamment l'Iran et la Turquie. L'Iran est devenu horizon du mal absolu depuis quelques années, et la Turquie occasion pour la droite française de montrer à son électorat que, par notre refus de l'intégrer à l'Union européenne, nous savions mettre des limites au monde musulman. Les hommes politiques occidentaux, avant d'envoyer des soldats ultra-sophistiqués mourir et tuer partout dans le monde, aiment, en amont, agiter leurs bras avec un air grave et martial.
Cette peur de l'islamisme, entretenue à l'envi par des intellectuels et commentateurs proches du pouvoir, ne repose bien entendu que sur une volonté bien organisée d'exploiter à des fins intérieures la peur de l'autre. Les droites européennes ont toujours utilisé la peur politique de l'islamisme comme un joker électoral: leur électorat, de temps en temps lucide devant les échecs absolus de leur politique économique et sociale, est parfois envahi par un doute, qu'une bonne croisade anti-musulmane dissipe aisément. Les droites peuvent faire monter le chômage, dégrader les services publics, creuser la dette publique, déstabiliser la politique étrangère, protéger la rente et construire une noblesse indécente et immorale, les faibles critiques de leur camp seront dissoutes dès que le pouvoir en échec se proclame chantre de la défense de l'identité occidentale devant l'invasion musulmane. L'UMP au pouvoir, c'est faire oublier par les charters des sans-papiers les charrettes des sans-emploi.
Les pouvoirs occidentaux ne sont pas à une approximation historique près. Les mouvements islamistes ont toujours été favorisés par l'Occident lorsqu'ils pouvaient servir d'alliés contre un ennemi commun, comme le montra le soutien célèbre des Etats-Unis aux moudjahidines afghans pendant l'invasion soviétique de 1979 qui a lancé Oussama ben Laden. En Egypte, le Frères musulmans ont été largement favorisés par le président Anouar El-Sadate, au pouvoir après la crise cardiaque de Nasser en 1970, qui y voyait un opportun contre-pouvoir à une gauche égyptienne en plein essor.
L'instrumentalisation des mouvements islamistes a bien sûr échappé, dans ses effets, à ses promoteurs. La guerre du Golfe de 1991 et la radicalisation du conflit israélo-palestinien changent la donne. Ces dernières années empêchent une lecture simpliste de la position politique des Frères et des mouvements arabes similaires: si on constate un discours souvent conservateur des cadres vieillissants de ces partis, les jeunes cadres et militants se distinguent plutôt par des revendications politiques égalitaires et de liberté, et une volonté marquée de structurer les oppositions récentes aux régimes arabes.
La tartufferie française et son déclin
La visite des ministres français de l'économie et des affaires européennes à Tunis, le 22 février, pourrait être étudiée dans les manuels de management public moderne comme exemple parfait de cynisme. Le ministre des affaires européennes déclare en effet: «ce que vous avez montré, c'est que l'impensable devenait possible, grâce à la mobilisation du peuple tunisien. Ce que vous avez fait force le respect et c'est pour cette raison que l'état d'esprit dans lequel nous venons est un état d'esprit d'écoute». Il est tout de même fort étrange d'entendre des représentants de pouvoirs ayant constamment, depuis des années, soutenu les dictateurs dans leurs tentatives de réhabilitation internationale et de collaboration régionale méditerranéenne, dans les contrats d'armement, économiques et énergétiques, rendre de pareils hommages à des peuples libres. Le ministre oublia de préciser que son gouvernement organisait à ce moment une campagne massive de contrôle des flux migratoires, ce qu'il fallait sans doute entendre par «respect». Il fut des époques où on traitait plus justement les ministres de Louis XVI qui attendaient la fin du film pour exhiber leurs techniques d'agenouillement.
La France accumule donc les déconvenues diplomatiques. Ridiculisée par la Russie qui envahit la Géorgie pendant qu'elle préside l'Union européenne, ostensiblement ignorée par le nouveau président américain Barack Obama, rivalisant, avec l'Italie de Silvio Berlusconi, d'obséquiosité envers les dictateurs méditerranéens, gâchant sa popularité dans les pays arabes, créant des incidents diplomatiques à partir de quelques sautes d'humeur, notamment au Mexique, nommant des ambassadeurs évoquant davantage le château de la Starac que Chateaubriand, la diplomatie française semble suivre la trame d'une rédaction de collégien.
Toutefois, le déclin de l'influence française et européenne est réel. L'Histoire insistera sans doute sur l'influence de l'administration américaine de Barack Obama sur le processus de démocratisation, influence vive et moderne qui contraste avec les cafouillages à la fois condescendants et compromettants des politiques étrangères européennes. Qu'il suffise de comparer les deux grands discours africains récents de Nicolas Sarkozy et de Barack Obama.
Le 26 juillet 2007, le président français s'exprime devant l'université de Dakar: «Le drame de l'Afrique, c'est que l'Homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l'idéal de vie est d'être en harmonie avec la nature, ne connaît que l'éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n'y a de place ni pour l'aventure humaine ni pour l'idée de progrès. Dans cet univers où la nature commande tout, l'Homme échappe à l'angoisse de l'Histoire qui tenaille l'Homme moderne mais l'Homme reste immobile au milieu d'un ordre immuable où tout semble être écrit d'avance. Jamais l'Homme ne s'élance vers l'avenir. Jamais il ne lui vient à l'idée de sortir de la répétition pour s'inventer un destin».
Le 4 juin 2009, le président américain prononce un grand discours au Caire: «…nous ne voudrions pas prétendre décider des résultats d'une élection pacifique. Mais j'ai la ferme conviction que tous les peuples aspirent à certaines choses: la possibilité de s'exprimer et d'avoir une voix dans la façon dont ils sont gouvernés; la confiance en l'État de droit et l'application équitable de la justice; un gouvernement qui est transparent et qui ne vole pas ce qui appartient à son peuple; la liberté de vivre selon leur choix. Il ne s'agit pas simplement d'idéaux américains, il s'agit des droits de l'homme et c'est pourquoi nous les encouragerons dans le monde entier. C'est vrai, il n'y a pas de route directe pour honorer cette promesse. Mais une chose est claire, les gouvernements qui défendent ces droits sont à terme plus stables, meilleurs et plus en sécurité. La suppression des idées ne réussit jamais à les éliminer. L'Amérique respecte la liberté d'expression de tous ceux, dans le monde entier, qui sont pacifiques et respectueux de la loi, même si nous ne sommes pas d'accord avec eux. Nous accueillerons tous les gouvernements élus pacifiques -à condition qu'ils gouvernent en respectant toutes leurs populations. Ce point est important car il y a ceux qui encouragent la démocratie uniquement lorsqu'ils ne sont pas au pouvoir; et une fois au pouvoir ils sont sans scrupules dans la suppression des droits d'autrui. Quel que soit là où il prend forme, le gouvernement du peuple et par le peuple est le seul étalon par lequel on mesure tous ceux qui sont au pouvoir: il faut conserver le pouvoir par le consentement du peuple et non la coercition; il faut respecter les droits des minorités et participer, dans un esprit de tolérance et de compromis; il faut mettre les intérêts du peuple et le déroulement légitime du processus politique avant ceux de son parti. Sans ces ingrédients, les élections ne créent pas une vraie démocratie à elles seules».
La confrontation de ces deux extraits parle d'elle-même. Le discours français n'a produit que révoltes, frustrations et pertes de confiance, y compris de la part de certains chefs d'Etat. Le discours américain a donné une confiance inédite aux mouvements d'opposition des pays arabes, par exemple la consolidation, en Egypte, de l'Association nationale pour le changement, créée en février 2010 et dirigée par Mohamed El Baradei, dont l'action sur le processus de démocratisation a été décisive.
De plus, c'est à la confiance qu'inspire l'administration de Barack Obama que l'Amérique doit la relative absence des Etats-Unis comme objet de courroux dans le processus révolutionnaire: les images montrent en effet peu de drapeaux américains brûlés, contrairement à ce qui aurait été vu sous l'administration Bush. Le président Obama demeure en effet le dirigeant américain qui manifesta son opposition à la guerre en Irak, ce dont les foules arabes se souviennent. De la même manière, que la discrétion des slogans pro palestiniens ou anti-israéliens ne trompe pas: une révolution ne se fait pas sur des slogans de politique étrangère, mais Hosni Moubarak était un allié objectif d'Israël, ce qui devra inciter les diplomaties occidentales à envisager l'influence sur la politique israélienne comme prioritaire dans les futures relations méditerranéennes. En effet, l'établissement de démocraties parlementaires éventuelles dans les pays arabes pourrait faire évoluer le dialogue israélo-palestinien.
Qu'est-ce que cette révolution? Qu'est-ce qu'une révolution?
Abolition de la dictature, chasse à la corruption, relance de l'économie, justice sociale, droits civils, les revendications des rues arabes correspondent à un vrai modèle révolutionnaire. La renaissance arabe devrait toutefois être accompagnée et favorisée par nos diplomaties, ce qui semble difficile. En effet, l'Occident libéral se montre depuis longtemps incapable d'accompagner les révolutions. Même si un climat général rend possible une révolution, mais sans le déterminer, ce que fit par exemple le discours du Caire, l'événement révolutionnaire correspond à un devenir révolutionnaire, à un besoin révolutionnaire populaire. Un peuple étouffe et tente une expérience révolutionnaire. Peu importe, pour le déclenchement insurrectionnel, l'issue de l'événement. Si l'on considère les grandes expériences révolutionnaires modernes, la grande révolution française de 1789, la révolution cubaine de 1959, la révolution américaine de 1776, l'insurrection libère; puis il incombe aux peuples de construire une dynamique historique de voie vers le bonheur. Les révolutions arabes rappellent ces expériences en ceci qu'elles n'amènent pas comme la révolution russe de 1917 une philosophie applicable ; il faudra la construire. Or, on n'a vu ce que le monde fit de la chute des dictatures de l'Europe de l'Est en 1989: l'Occident, en pleine contagion ultra-libérale, a violemment dérégulé ces économies, qui ont payé leurs Parlements et leurs élections libres d'un système économique inégalitaire, de dirigeants sans vision, d'une politique étrangère aveuglément atlantiste, et d'une inféodation absolue aux règles des institutions économiques internationales.
Ce n'est pas ce que veulent les rues arabes, qui refusent de voir des oligarchies exploiter le prestige de leurs révolutions pour poursuivre une politique injuste. C'est bien un infléchissement social et une refondation nationale que porte le mouvement révolutionnaire, mouvement que les chancelleries occidentales limiteraient bien à une influence vers des institutions de démocratie libérale parlementaire classiques, qui voteraient des politiques libérales partenaires de nos économies, ni trop agressives, ni trop peureuses. Bref, une mise sous tutelle philosophique. C'est-à-dire un pléonasme.
Qu'est-ce qu'une Révolution réussie? C'est ce que demandent les rues de Tunis en ce moment, une fois le tyran chassé: une Assemblée constituante, une nouvelle constitution, des institutions démocratiques, une refondation nationale qui n'est complète que si les mouvements ouvriers et le tissu social de ces sociétés, qui furent les véritables acteurs de ces révolutions dont ils ont assumé tous les risques, se voient reconnaître une politique sociale conforme à leurs intérêts et défendue au sein des futures Assemblées.
Prenons l'exemple de la Tunisie. Le 15 janvier, le président de la Chambre des députés Fouad Mebazaa devient président intérimaire et demande au Premier ministre Mohamed Ghannouchi de former un gouvernement d'union nationale. Mohamed Ghannouchi, qui semble préférer les ponts de la continuité aux failles de la révolution, démissionne le 27 février sous la pression populaire. Béji Caïd Essebsi, avocat de 84 ans, est nommé Premier ministre. Ancien ambassadeur en France et en Allemagne, ancien président de la Chambre des députés, Caïd Essebsi a surtout été le grand ministre des affaires étrangères des années 80 de Bourguiba, au moment des pires tensions de la Tunisie avec Israël. Caïd Essebsi avait réussi à convaincre le Conseil de sécurité des Nations Unies de voter en 1985 une résolution condamnant le bombardement du quartier général de l'OLP, alors proche de Tunis, par l'armée israélienne. Si sa nomination montre une prise en compte des revendications populaires, elle ne signifie pas une refondation dans le sens où, malgré sa popularité, Caïd Essebsi représente une Tunisie historique et autoritaire. L'Assemblée constituante future, qui sera élue le 24 juillet 2011, doit permettre de faire émerger des dirigeants nouveaux, inventifs et solidaires de la pensée sociale populaire.
Les troubles en Egypte ont également pris un tour nettement social après la chute de M. Moubarak en revendiquant des hausses de salaire et la titularisation des travailleurs précaires. Comme en Tunisie, la rue a obtenu le 3 mars la démission du Premier ministre Ahmed Shafiq, jugé trop proche du dictateur déchu; Essam Sharaf, ancien ministre des Transports, qui le remplace, a incarné une opposition énergique à M. Moubarak, y compris sur la place Tahrir au plus fort de l'insurrection. Là encore, il faut attendre une Assemblée constituante pour que jeunes femmes et hommes d'Etat inventent l'Egypte démocratique et sociale de l'avenir.
Ne pas trahir la révolution populaire impose d'élire librement et rapidement dans les pays libérés des Assemblées constituantes. Comme sous la Révolution française, ce sera sans doute au sein de ces Assemblées que les jeunes générations et les hommes neufs se feront entendre pour construire une démocratie plus sociale. C'est au sein de ces Assemblées que des femmes et des hommes, élus de toutes les régions du pays, sauront trouver la force d'opposer à notre prudence exploitante une audace refondatrice. Il faut veiller à ce que ces Assemblées ne soient pas exploité par les anciennes élites des régimes déchus. Pour cela, les futures Assemblées doivent intégrer des mouvements politiques reliés aux mouvements populaires, et en constant rapport avec eux. La future Assemblée pourrait même organiser de régulières adresses et tribunes de ces mouvements pour que la traduction institutionnelle de la révolte ne soit pas trahie: faire entrer la place Tahrir dans les palais officiels!
«Ici, le pauvre n'a pas le droit de vivre» avait clamé Mohamed Bouazizi avant d'effectuer son geste héroïque. Hélas, en Occident, le pauvre possède de moins en moins ce droit. Les pays arabes ne doivent pas nous rattraper, mais nous dépasser, nous montrer la voie, devenir des exemples. En bons pays réactionnaires qui usurpent de vieilles révolutions trahies depuis longtemps, nous n'exhibons plus que des régimes qui n'ont plus rien à dire et qui ne répondent plus à ces désirs de liberté que par une diabolisation de l'islamisme et la construction de barrières migratoires aux effets dramatiques. Un ministre des affaires étrangères récent voulait exporter dans Tunis insurgé des techniques de maintien de l'ordre. L'histoire montra que Tunis, Le Caire ou Benghazi n'avaient pas besoin de nous. C'est à nous, en revanche, d'importer leur ardeur.