Oui, cet instrument est un sécateur, fabriqué chez nous, une pile pour une autonomie de 4 heures dans les champs. Les derniers modèles comptent le nombre de section faites sur le verger sur une année et pèsent 300 g, un peu plus lourd qu'une raquette de tennis.
Bernard Habauzit exploitant 13 hectares de vergers, ceci correspondant à 500 arbres, certains comme les châtaigniers approchent les deux siècles de vie. Au rythme de la nature, les périodes hivernales rectifient les arbres par ces coupes successives qui donneront au verger une allure propre à chacun des producteurs arboricoles.
Sols argilo-limoneux, le site bénéficie d'une exposition sud est, en coteau nous sommes là sur des fruits originaux en raison des sols qui participent, comme pour le vignoble à l'élaboration du produit fini. Les cerisiers ne sont plus les mêmes que ceux des années 60, les plans sont plus bas de façon à faciliter le ramassage à la main. Seul le ramassage des châtaignes peut être mécanisé, pour le reste ce sont des mains travaillent, tout est fait main!
Le sol vivant, l'humus se constitue au fil des années, le bois de taille participe à cette vie qui ne se voit pas. Les équilibres se font entre la potasse, l'azote, le phosphore, la magnésie, le cuivre et le zinc, ainsi que le fer, sans lequel aucune vie ne peut se développer.
Le nombre de traitement pour parvenir à la finition dépend de la météo et de la surveillance qui se fait au printemps. Le progrès des traitements phytosanitaires verront sans doute leur nombre chuter pour des raisons d'efficacité des produits, de directives européennes, de la santé enfin du consommateur.
Il se dit que si les traitements n'étaient pas employés pour protéger les fruits, il faudrait 6 fois plus de plantations, soit six fois la surface actuelle pour une production moindre. Entre produire ou ne rien faire, les arboriculteurs n'ont pas de choix. Vivre ici reste un combat, comme en Drôme, de tous les jours, ces mondes anciens ruraux semblaient s'inscrire dans un développement durable. Mais quand la logique a perdu sur le monde des paillettes et des lumières, alors ce sera comme la phrase d'un poète appliquée à notre monde :
"quand un agriculteur vient à disparaitre, c'est un pan entier de notre histoire qui disparait".
Le temps ne compte pas, seule la production compte, et penser qu'un jour il y aura encore et encore des hommes et des femmes amoureux des champs en fleur, des odeurs uniques qui les habitent au printemps. Dans ces instants de solitude, bien des hommes envieraient leur place, mais c'est parfois affolant de penser que tant de temps passé à attendre, ne soit pas consacré par une meilleure reconnaissance financière, car jamais les produits agricoles n'ont atteint des prix aussi bas pour les producteurs.
Alors pour 2010, 2011, et 2012 et bien mangez des cerises en mai, des pêches jaunes ou blanches en salade dès le mois de juillet, et des abricots de pays ! Au moins vous saurez que quelque part non loin de chez vous vous ferez des heureux !