
Après la formation d'un groupe de Sénateurs indépendants sous la houlette de Jean-Pierre Raffarin, le claquage de porte de Hervé Morin, l'indépendance affichée de Jean-Louis Borloo et de ses Radicaux Valoisiens seulement apparentés UMP, l'intense polémique entre Michel Mercier et Brice Hortefeux qui a ravivé tous les vieux démons entre Justice et Police, le départ de l'UMP de Rama Yade est assez symptomatique.
Deux analyses à ces convergences sont possibles : Soit la France du Centre ne se reconnait vraiment plus dans le glissement vers le nationalisme affiché en particulier depuis le discours de Grenoble, et elle a besoin de faire entendre sa différence. Ce sursaut républicain permettrait de fissurer une UMP monolithique et de plus en plus centrée sur l'ancien RPR, comme le prouve le dernier remaniement. Soit c'est un jeu de bras de fer interne à la recherche de postes et de dorures pour l'avenir, l'après 2012, avec la menace atomique d'une candidature centriste clivante.
Malheureusement, c'est la seconde possibilité qui est la plus probable. Une Droite divisée serait trop dangereuse pour que Sarkozy puisse accepter de mener une campagne "seul contre tous". Il apparaîtrait, plus encore qu'aujourd'hui, comme chef de clan, appuyé que par ses seuls amis personnels incarnés par Hortefeux, Lefebvre et Morano. Ça ne fait pas une base de rassemblement très large, tout juste la Droite la plus extrême et l'extrême droite, la fameux socle des 20-25% incompressible depuis des décennies. Un candidat seul du Centre, comme Morin ou Borloo, aurait certainement du mal à attirer plus de 10% de l'électorat, avec la concurrence de Bayrou qui aura le mérite d'être resté indépendant. Seule coallition allant de Villepin à Morin pourrait arriver avec la prétention d'un second tour. Comme le bal des égos ne semble pas prêt de se calmer, il serait étonnant que tous ces prétendants finissent par s'accorder : pas assez de fauteuils pour leurs ambitions.
Cela risque donc de finir par un "rassemblement" du Centre par la Sarkozie, que JP Raffarin appelle déjà de ses voeux en adssurant que Nicolas Sarkozy est leur champion naturel. Reste à savoir à combien de portefeuilles (maroquins était malvenu, surtout avec celui inamovible d'Hortefeux) ministériels va se monnayer le soutien du Centre à Sarkozy. Reste à suivre le bal des ralliements.
Il reste surtout aux médias et au peuple à bien enregistrer les déclarations de ces messieurs du Centre pour pouvoir ensuite faire justice de ces mesquines duplicités. Leur ralliement, tout d'intérêt, ne doit pas servir d'alibi et de bonne conscience à ceux qui pensent que Sarkozy représente encore une sensibilité majoritaire en France. Comme Rama Yade et Rachida Dati, dans le temps, étaient des ornements sensés dédouaner le gouvernement de sa xénophobie. Pour en terminer avec Rama Yade, elle a d'abord essayé de secouer l'UMP avec la condamnation des propos toujours nauséabonds de Vanneste, puis elle s'est rendue chez le président pour voir ce qu'il avait à lui proposer, et comme cela ne lui a pas vraiment convenu, c'est une star, elle a rejoint la Fronde des déçus en se rapprochant de Borloo.
Et pourquoi pas une candidature Yade à la présidentielle, soutenue par tout le Centre? Et si la politique sortait du prévisible?
C'est comme avec les tempêtes, elles sont toujours exceptionnelles.