Alors qu’Éric Woerth est lâché par tous, la Justice seule le poursuit de tous côtés. Après son pathétique : "la réforme des retraites, c'est moi", et le regard indifférent des sénateurs UMP qui semblait dire : "justement", on pouvait s'attendre à ce qu’Éric Woerth soit enfin laissé au repos, qu'il retourne dans la douce ambiance princière de Chantilly, auprès de l'Aga Khan. Mais il n'en est rien. Le temps de la justice, indifférent à celui des ministres, vient de cueillir Éric à la sortie des palais de la République. La cruauté de cette concomitance a touché jusqu'à Corine Lepage, pourtant à l'origine de la procédure auprès du procureur Nadal. Mais, tout en reconnaissant que cela ressemble à de l'acharnement, il n'est pas question d'enterrer les dossiers.
La vente des 57 hectares de la forêt de Compiègne, qui comprennent l'hippodrome, apparaît en effet comme difficile à justifier. Les appels d'offre semblent avoir été inexistants et l'ancien ministre du budget est allé très vite en besogne, pour solder à 2,5 millions d'Euros l'ensemble. Ceci étant contraire aux us et coutumes de la France en matière de gestion des forêts, depuis que Colbert, contrôleur général des finances de Louis XIV, fit planter la forêt de Tronçais pour la construction navale, "afin que les navires du royaume aient des mâts en l'an deux mille" (Colbert s'inquiéta beaucoup dans sa vie que la France puisse un jour "périr faute de bois"). Avec dix ans de marge, le contrôleur des finances Colbert a réussi son pari. Son lointain successeur au budget, Eric Woerth, voyant le délais dépassé, a donc visiblement décidé qu'on pouvait aliéner le forêt française sans plus attendre. Après tout, les mâts en bois, sur les porte-avions, ça ne se fait plus trop, non?
A moins que cela n'aie quelque chose à voir avec le monde des courses, que connait bien M. Woerth dont la ville de Chantilly est dotée d'un hippodrome, qu'il fréquente avec madame... allaient-ils aussi aux courses à Compiègne?
M. de Colbert.