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Billet de blog 25 octobre 2024

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République Un - Qu'est-ce que la République ?

Si l’apprentissage de la politique pose problème, c’est que la politique elle-même n’a jamais su arrêter certaines définitions pourtant essentielles : à commencer par la République.

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Quel village de France n’a pas sa place, sa rue, son chemin, ou même son arrêt de bus baptisé du nom de la République ? Et pourtant, qui donc pourrait se vanter d’en donner une définition claire ? “Liberté, égalité, fraternité”, voilà ce qu’on nous dit. Mais cette devise, si fièrement affichée, résiste-t-elle vraiment à l’épreuve de l’histoire ? 

D'une part, aucune république-sœur, comme l’Italie ou l’Irlande, n’a jamais adopté cette formule. D'autre part, ces grands mots s’écrasent bien vite lorsqu’on les confronte aux réalités de leur époque.

Dès sa naissance, après la Révolution française, la République n’était que l’ombre de ses principes : pas de vote pour les femmes, pas de vote pour les Noirs, pas de vote pour les indigènes. Et même pour les hommes, ce droit restait un privilège, souvent indirect, parfois payant. La Terreur resserra encore l’étau, jusqu’à transformer la République en terrain réservé à quelques privilégiés. Puis vinrent le Directoire et le Consulat, ces régimes qui n’étaient rien d’autre que des oligarchies déguisées, où une poignée d’hommes se partageaient tout le pouvoir.

Puis arriva Napoléon, ramenant dans son sillage la monarchie. En 1848, la République fut à nouveau proclamée, mais entre-temps, pendant des décennies, seuls trois pour cent des citoyens avaient le droit de voter. La France ? Ni une République, ni une démocratie, mais plutôt un club privé, un cercle réservé aux bien-nés. Et si l’on remonte plus loin, jusqu’à Athènes ou Rome, ces fameux modèles de démocratie et de république, que trouve-t-on ? Des systèmes excluant la majorité du peuple de la vie politique.

Ce que l’on sait définir sans hésiter, c’est ceci : la monarchie, c’est le pouvoir d’un seul ; l’oligarchie, c’est le pouvoir de quelques-uns. Mais nul ne se revendique jamais de cette dernière appellation. Quant au pouvoir de tous, il reste insaisissable. Trois prétendants se disputent la couronne : la République, certes, mais qui, comme nous l’avons montré, n’a jamais su satisfaire pleinement son peuple ; l’anarchisme et sa “république des conseils”, souvent confondu à tort avec l’anarchie – pouvoir de chacun, chaos – alors qu’il porte bien plus en lui ; enfin, la « sociocratie », née des rêves post-1968 dans l’esprit de “managers” en quête de démocratie au travail, mais qui n’a jamais su quitter les bureaux pour embrasser la société tout entière.

Voilà où nous en sommes. La politique se veut science, mais elle n’est qu’héritière de ses propres illusions, incapable de définir clairement les principes qu’elle affiche pourtant en étendard.


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CC.

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