Gregory Isaacs vient de mourir à 59 ans d'un cancer des poumons, à Londres, les dents rongées par le crack. Fin de vie bien peu glamour pour le suave parrain du lovers rock, manière de reggae soul, avec des accents de Marvin Gaye dans cette grande voix langoureuse.
En 1973, après de débuts en duo avec Upton Sinclair, il crée le prototype de ce genre, My Only Lover. Comme Bob Marley qui va très vite s'autoproduire pour maîtriser ses chansons, il lance son label African Museum avec Errol Dunkley.
Loin de l'imagerie rasta, il apparaît aussi dans le film culte du reggae, Rockers de Ted Bafalouko (1978), chantant Slave Master. C'est l'explosion du reggae hors de Jamaïque. Il joue avec Sly Dunbar et Robbie Shakespeare. Richard Branson l'embauche chez Front Line, un label de Virgin, chez qui il signera un album qui fixera son surnom de Cool ruler, de maître du cool.
Son plus gros succès, en 1982, Night Nurse, sera lui publié par Island Records, le même que Bob Marley.
Les années 1980 seront plus compliquées pour le Cool ruler. Cocaïne, prison pour port d'arme illégal, voix qui s'éteint. A sauver de cette époque, Rumours, qui montre comment il a su adapter son reggae au dub plus électronique qui a suivi.
Sa dernière apparition aura été dans le film de Jérôme Laperrousaz Made in Jamaica (2007) au côté de Bunny Wailer, Capleton, Elephant Man, Bounty Killer, Lady Shaw, Robbie Shakespeare, etc.