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Billet de blog 4 mai 2018

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Historien de formation et collaborateur de RetroNews, le site de presse de la Bibliothèque nationale de France.

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Coup d'envoi

Le football est bien souvent une échappatoire pour la société. Un moyen pour celle-ci de se dédouaner de ses problèmes et d'éluder ses complexes. Elle stigmatise à souhait ce sport pour sa violence, son manque supposé d’intelligence ou encore son modèle économique. Pourtant, le football est tout sauf méprisable et semble être un des meilleurs outils de l’analyse sociétale.

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Le « fait social » est un concept sociologique élaboré par Emile Durkheim. Celui-ci se divise en deux parties : la « manière de faire » (une société) et la « manière d’être » (d’une société). Le premier terme inclut par exemple le code juridique de la société donnée ou sa langue. Le second terme inclut la distribution de la population sur le territoire de cette société ou encore la nature des voies de communication. Un fait social doit être suffisamment répandu et régulier pour être considéré comme tel. Ainsi le football n’est-il pas devenu aujourd’hui le plus grand fait social ? Se réinventant et s’entretenant chaque jour grâce aux millions de joueuses et joueurs à travers le monde.

Ce qui rajoute plus de force et de légitimité à ce propos est que le football entre dans les deux catégories du fait social. Il est sans doute une des manières les plus importantes de faire la société. La langue s’incarne à travers le chant dans un stade. La teneur et l’origine de cette langue/chant forment le vocabulaire et l’imaginaire d’individus au sein de la société. Le football plus encore, est le meilleur moyen d’évaluer la manière d’être d’une société. La distribution de la population sur un territoire rejaillit dans les gradins d’un stade. Le football est donc un outil sociologique, économique et culturel. Quel individu reste debout ou assis ? Quel individu chante ou ne chante pas ? Quel individu a le plus tendance à s’organiser dans le stade et par extension dans la société ?

A travers les siècles nombreux sont les  religions et les empires se revendiquent d’une universalité, construisant leur logique d’être ou leur message s'adressant à tous. L’Empire Romain souhaitait dominer « l'ensemble du monde connu ». Il fut affaibli par une autre entité, bien plus universelle : le Christianisme. Le football, de son côté, commence à vivre dès le XIVème siècle en Angleterre. Du moins les jeux qui en sont les ancêtres se développent. Ces jeux comme le Camp Ball pratiqué en Est-Anglie réunissent le plus grand nombre sur les places de villages lors de grandes fêtes.

A partir des XIXème et XXème siècles la forme moderne du football (que nous connaissons et pratiquons aujourd’hui) se lance à la conquête du monde. Aujourd’hui aucune croyance ou guerre ne l’arrête. Que cela soit à Gaza, en Amazonie, dans la paix comme dans la guerre. Que cela soit durant la Première Guerre mondiale, en plein hiver sur les terrains enneigés ou encore en pleine guerre civile ukrainienne. Le football est le seul et véritable empire universel de l’histoire et rien ne semble pouvoir l’arrêter. Ni les clichés l’entourant, la violence des hommes ou la corruption qui peut, parfois, le gangréner.

Le terme suivant, «politique», apparaît enfin, il se faisait attendre. Il est habituel de lire ou d’entendre la maxime suivante : « ne mélangeons pas sport et politique ». Sans doute une des phrases les plus hypocrites qu’il a été donné d'entendre ou de lire. L’interprétation exacte de cette phrase serait plutôt : ne laissons pas la contestation populaire s’emparer d’une telle vitrine politique. Impossible de contester le fait que dans le football rien n’est anodin et que tout est politique. L’acte le plus minime comme la présence d’un ministre en tribune au plus extraordinaire comme l’organisation de la Coupe du monde sont deux exemples parmi d’autres qui le rappellent.

L’objectif de cette édition sera donc le suivant : parler du football sans en parler. Cette introduction n’a en effet a aucun moment évoqué purement et simplement l’aspect sportif. Pourtant, l'auteur que je suis n’a jamais cessé de penser à lui. Le but sera d’interroger historiquement, politiquement, sociologiquement, économiquement ou encore culturellement le ballon rond. Voici le noble projet que choisit de suivre cette nouvelle édition.

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