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Billet de blog 28 juin 2010

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Faut-il abroger la loi sur l’autonomie des universités ?

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Deux ans après l'adoption de la loi Liberté et Responsabilité des Universités, 51 universités ont déjà accédé à de nouvelles responsabilités, notamment la gestion des ressources humaines, l'autonomie budgétaire et la gestion de la masse salariale. Si le concept d'autonomie lui-même doit être défendu par les progressistes, il faut dénoncer son dévoiement dans cette loi et son application. En effet, selon Giuseppe Longo, directeur de recherche (CNRS, ENS) et Achille Diop*, se met progressivement en place un projet néo-libéral et utilitariste aux antipodes de l'effet escompté par les acteurs concernés.

Près de trois ans après son adoption, la loi Liberté et responsabilité des universités (LRU) du 10 août 2007 continue de susciter de nombreuses inquiétudes dans la communauté universitaire. Présentée comme une des réformes phares du quinquennat, sa mise en application, non dénuée de choix purement idéologiques, conduit à s’interroger sur les risques qu’elle comporte, notamment à l’aune des résultats des autres pays industrialisés qui ont rendu leurs universités largement autonomes bien avant la France.

Le concept d’autonomie, notamment en matière d’enseignement, est historiquement une valeur progressiste : laisser l’institution universitaire définir ses orientations loin des pressions politiques ou religieuses, permettre à la recherche universitaire de s’affranchir des pressions économiques et financières accordent la priorité à la liberté de penser, de créer et d’enseigner sur la tyrannie du court terme. Cette vision n’entre d’ailleurs pas en contradiction avec la nécessité pour le système d’enseignement supérieur et de recherche d’être orienté et régulé par la puissance publique garante de l’intérêt général.

Seulement, les mesures issues de la réforme en cours mettent progressivement en œuvre un projet néolibéral et utilitariste pour l’enseignement supérieur français : un vrai patron pour chaque université, la mise en place d’un marché du travail des enseignants-chercheurs, une précarisation croissante des personnels, une course effrénée au productivisme – publier plus pour gagner plus, « publish or perish » –, la disparition programmée des petites universités victimes de la concurrence, une primauté absolue donnée aux projets d’innovation au détriment de la recherche fondamentale et d’un champ précis en particulier destinées à une mort lente parce que perçu comme peu rentable : les sciences humaines et sociales.

Dès lors, le nouveau visage du système d’enseignement supérieur et de recherche qui se dessine derrière la réforme LRU risque d’être aux antipodes de l’effet escompté par les acteurs concernés : une gouvernance sans contrepoids académique, un système peu lisible avec un empilement rapide de structures à l’infini , un risque très élevé de dériver vers le modèle italien caractérisé par un localisme sclérosant et non vers le modèle américain, peu comparable par nature avec le système français, un risque vraisemblable que l’incitation forte à rechercher des financements privés se traduise par un désengagement budgétaire progressif de l’Etat.

La gauche doit défendre une autre vision de l’autonomie et construire un projet de réorientation radicale de la réforme en cours :

- rééquilibrer la gouvernance des universités par la création au sein de chacune d’elles d’un Sénat académique ;

- concilier l’émergence de grands campus internationaux avec le maintien d’universités de taille moyenne au cœur de la mission de démocratisation de l’enseignement supérieur ;

- réaffirmer le caractère national du statut de l’enseignant-chercheur et faciliter la mobilité de ceux-ci sur le territoire et au niveau international, en particulier européen ;

- mettre en place un plan de rattrapage financier sur le long terme pour amplifier et pérenniser l’effort budgétaire amorcé depuis 2008.

Retrouvez la note en intégralité ici ou sur www.tnova.fr

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