Billet de blog 13 octobre 2009

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Les raisons d'un silence télé

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Les producteurs Bernard Vaillot (Galaxie Presse) et Agnès Ravoyard (CFRT) reviennent sur les embuches qui ont empêché ce film d'être, jusqu'à ce jour, diffusé sur une chaîne hertzienne.

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«Un film d'anthologie, une dénonciation nécessaire, un plaidoyer utile... » Depuis plus d'un an, les encouragements, soutiens moraux et confraternels ont semé un vent de notoriété autour du film
dont tout le monde parle sans l'avoir jamais vu... Concert d'éloges mais sans lendemain sur petit écran. Car ce film, personne ne l'aurait vu sans le courage et l'obstination conjugués de la réalisatrice et l'équipe de Mediapart avec leur désir d'informer.

Oui, l'absence de ce film à l'antenne d'une grande chaîne française depuis sa finalisation, est le résultat de cette dure loi qui s'impose aujourd'hui au métier de producteur : celui de financer un film, à hauteur du budget nécessaire.

Au départ, en 2007, lorsque Marie-Monique a pressenti que le dossier Guantanamo et celui de la lutte contre le terrorisme recélaient tous les ingrédients d'une dérive au plus haut niveau de l'état américain, elle a d'abord mené son travail de veille. Puis cette observation des informations a pesé suffisamment lourd pour que cela se concrétise par un projet de film d'investigation d'une heure avec le feu vert de Canal + que la chaîne cryptée voulait programmer peu après les élections américaines du 4 novembre dernier. Seule ombre au déroulement normal de la production : les archives de C-Span, la chaîne interne du congrès américain, libres de droits depuis des années, sont entre-temps devenues payantes, l'administration américaine ayant la volonté de rentabiliser ses structures. A un coût élevé. Or, le budget initial du film validé par la chaîne, n'avait pas pris en compte cette modification essentielle du coût de fabrication, ainsi que l'allongement du film monté par la réalisatrice, dans un format de 85'. Comment payer près de 50' d'archives au prix fort (en moyenne 2700 euros la minute monde) alors que toute la logique de financement du film était partie de la gratuité avérée de certaines images (35' sur 50'). De 9 000 euros initialement prévus, le budget archives pour une exploitation monde est passé à 129 800 euros tous vecteurs inclus.

Durant des mois, nous avons multiplié les démarches et les contacts auprès des chaînes étrangères pour trouver de nouveaux partenaires et financer le surcoût. Malheureusement, aucune solution réaliste de financement n'a pu voir le jour malgré l'aide d'Arte et de France Télévision qui un temps se sont proposés pour une seconde diffusion. Finalement, face à l'impasse économique dans laquelle nous nous trouvions et constatant notre incapacité à tenir nos délais de livraison Canal + a renoncé à ce film.

Ce documentaire s'impose pourtant comme un recueil de témoignages et preuves indispensables pour comprendre à distance, les mécanismes insidieux qui transforment une démocratie idéalisée en nation sous contrôle. Pour les étudiants d'aujourd'hui, il enseigne les vertus de la critique. Pour les historiens, le film exerce le droit d'inventaire. Pour les chroniqueurs d'un monde en plein bouleversement et décentré entre Occident et Orient, il rappelle que l'art du journalisme consiste à recouper, sérier, décrypter les faits, les témoignages contre toute politique et stratégie d'information d'Etat. Choix et risque (?) porté par le site d'information en ligne Médiapart qui s'engage dans un acte journalistique majeur. Ici, les paroles et les images retrouvent le chemin de nos consciences.


C'est aussi ce que nous voulions comme producteurs.

Bernard Vaillot (Producteur Galaxie Presse) et Agnès Ravoyard (Productrice CFRT)

Illustration 1
Illustration 2