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Billet de blog 9 novembre 2012

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Devenir les nouveaux guerriers de l'imaginaire?

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Nous vivons une forme de domination inédite qui appelle à inventer de nouvelles armes. Pour s’opposer à cette nouvelle domination, nous devons créer ce que j’appelle le nouveau guerrier (…) en produisant un nouvel imaginaire. Patrick Chamoiseau

photo: Sylvain George

Devenir les nouveaux guerriers de l'imaginaire? 

En 2006, Laurent Gaudé écrit Eldorado, qui met en scène les fantasmes de la migration d'un bord à l'autre de la Méditerrannée. Pour l'écrivain, le roman, sans être le lieu du militantisme, est une arme formidable d'empathie, grâce au temps long de l'écriture.

"[...] J’ai écrit mon roman Eldorado parce que je suis admiratif de ces hommes et femmes qui quittent leur terre pour tenter de construire quelque chose dans un pays qu’ils ne connaissent pas, sans argent. J’ai écrit Eldorado parce que je crois que le roman permet une plongée plus pleine, plus longue, plus émouvante que le discours médiatique dans l’intimité de ces migrants. J’ai écrit Eldorado pour évoquer aussi cet autre fantasme qui fait face à celui de l’Eldorado, notre fantasme à nous, pays riches, le fantasme de la citadelle : faire de l’Europe une forteresse, une zone impénétrable – façon implicite de décrire la migration comme une force exclusivement néfaste et de nier, donc, l’enrichissement possible que cette migration peut produire.[..]" Laurent Gaudé

Sylvain George, cinéaste, réalise depuis 6 ans des films-essais, poétiques et politiques, sur la question des migrations. Son travail, placé sous le signe de l'émancipation, allie recherche formelle et engagement militant. Il qualifiait son précédent film Qu’ils reposent en révolte de Poème filmique incendiaire. Les Eclats reprend et développe cette esthétique du fragment avec l’envie, selon les mots de son manifeste écrit en 2004, d’agir contre les images du monde, les représentations totalisantes, les vues unitaires. Eclats de voix, éclats de rire, éclats de rage. Sylvain George redonne la parole aux migrants, documente cette parole et la conjugue à sa propre épouvante, à sa propre colère face au caractère inacceptable du « monde comme il va ».

Parce qu'elle témoigne de l'humanité et de l'humanité de notre monde, la migration est de plus en plus fréquemment revisitée par la création artistique. Les rendez – vous nationaux et internationaux des arts plastiques, du cinéma, du spectacle vivant, de la photographie, accueillent chaque année un nombre plus important d’œuvres sur cette question. Le film Welcome, de Philippe Lioret, a marqué en France la première étape d’une succession de films questionnant l’accueil des migrants et la circulation des personnes dans le monde. Dans d’autres univers, on peut se souvenir aussi du Dernier Caravansérail du Théâtre du Soleil, du Ventre de l’Atlantiques, de Fatou Diome, ou encore de la Bande Dessinée Là où vont nos pères, primée en 2008 au festival d’Angoulême.

Parallèlement, on assiste en Europe à un durcissement graduel du regard porté sur les personnes migrantes. Le contexte de crise économique et sociale fait fructifier repli sur soi, préjugés et raccourcis, et ces discours modèlent la vie politique. Avec chaque nouvelle législation, la suspicion gagne dans les discours et les pratiques. L’exclusion du droit organisée légalement, subie par les personnes migrantes pour l’accès à un titre de séjour stable, mais aussi à la santé, au logement, aux protections sociales, mène à des situations humaines insoutenables, injustifiables.

La Cimade, association de solidarité avec les migrants, cherche à ouvrir le combat des imaginaires, et s'associe depuis 5 ans avec des chercheurs, des citoyens, des artistes, pour organiser le festival migrant'scène, et inventer ensemble d'autres regards sur les migrations.

Pour lancer l'édition 2012 de migrant'scène, La Cimade ouvre le débat sur les liens spécifiques qui unissent, autour de cette question des migrations, ceux qui mènent le combat sur le terrain des droits et ceux qui traduisent, transcrivent dans des oeuvres de représentation comme le roman et le cinéma. Représenter et combattre, est-ce le même geste? Artistes et militants de la solidarité peuvent-ils devenir ensemble les nouveaux guerriers de l'imaginaire, selon la formulation d'Edouard Glissant?

Ouverture du festival migrant'scène 2012

Lundi 12 novembre, au cinéma Le Méliès de Montreuil, à 19h30, un débat réunira Sylvain George, cinéaste ; Laurent Gaudé, écrivain et parrain du festival migrant’scène 2012  et Yamina Vierge, responsable de la vie associative à La Cimade, autour de la modération d’Elise Domenach, agrégée et docteur en philosophie, maître de conférence en études cinématographiques à l’ENS Lyon. L'entrée au débat est libre.

A 21h00, La Cimade et Le Méliès proposent une avant-première du film Les Eclats (ma gueule, ma révolte, mon nom), accompagnée par le musicien Diabolo, et en présence du réalisateur. La journaliste Carine Fouteau animera à l'issu de la projection un échange avec le réalisateur autour de son film, de sa démarche, de son expérience de Calais. Entrée 6,5 euros, tarif réduit 5 euros.

Cette soirée est organisée en partenariat avec Médiapart et le cinéma Le Méliès de Montreuil.


A lire aussi:

un entretien avec Laurent Gaudé

un entretien avec Jacques Rancière autour du précédent film de Sylvain George, par Carine Fouteau et Joseph Confavreux

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