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Billet de blog 3 févr. 2011

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Repenser le travail pour mieux protéger les salariés

Par Delphine Mayrargue, Secrétaire nationale adjointe du PS encharge du travail et de l'emploi, membre de la direction d'Un monde d'avance. Une fois séchées les larmes de circonstance suscitées par la mise en lumière des nombreuses situations de souffrance au travail, le gouvernement poursuit son œuvre de démantèlement du code du travail : laisser le salarié toujours plus seul, plus nu, plus fragile dans un monde toujours plus violent et plus injuste.

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Par Delphine Mayrargue, Secrétaire nationale adjointe du PS encharge du travail et de l'emploi, membre de la direction d'Un monde d'avance. Une fois séchées les larmes de circonstance suscitées par la mise en lumière des nombreuses situations de souffrance au travail, le gouvernement poursuit son œuvre de démantèlement du code du travail : laisser le salarié toujours plus seul, plus nu, plus fragile dans un monde toujours plus violent et plus injuste.
La question de la souffrance au travail ne saurait être déconnectée de la réflexion sur le travail en souffrance. Ce sont bien le chômage, la précarité, la concurrence entre les salariés et la perte de sens du travail qui font le lit de cette souffrance.

L’entreprise et la fonction publique, saignée par la RGPP, ont un horizon bas qui se résume à faire plus avec moins : plus de rentabilité immédiate avec moins de moyens humains (masse salariale) et financiers (investissement). Il n’y a pas de mystère, le maillon faible c’est forcément celui qui apporte sa force de travail. L’ennemi c’est forcément la solidarité professionnelle. La variable d’ajustement c’est forcément la qualité de la production (voir la situation de Toyota érigée, jusqu’à hier comme modèle industriel) ou la qualité du service (voir les dégâts provoqués par la réduction des moyens de l’éducation nationale, de l’hôpital, du service publique de l’emploi…)


La crise favorise toutes ces dérives de l’idéologie managériale : plus de productivité et plus de flexibilité. Une fois encore c’est l’individu, arraché à son collectif de travail – or, on ne produit jamais seul – qui se trouve culpabilisé. Les aberrations du marché, de la concurrence et du libéralisme sont poussées au paroxysme : tout semble permis, les réformes structurelles et les mesures sociales d’exception font figures de test grandeur nature de la flexibilité, sorte de « jusqu’où peut-on aller dans la déréglementation ? »


C’est pourquoi, plus que jamais, parce que nous traversons une grave crise sociale, parce que le travail est en danger, parce que nous ne pouvons pas laisser l’entreprise être une zone de non droit, nous devons intervenir. Partout ailleurs que dans l’entreprise la mise en danger d’autrui, l’exposition à des produits toxiques, la discrimination, l’inégalité homme / femme, le non respect de la liberté d’expression (la non reconnaissance du fait syndical dans de nombreuses entreprises) sont sanctionnés. Oui, la gauche politique, comme le mouvement social, a un devoir d’intervention ! Cela passe par une remise en cause des évaluations individuelles fondées sur des critères de performance déconnectés de la vie réelle et reposant sur la compétition entre salariés.

Nous devons sortir du culte du chiffre, de la quantité et des indicateurs qui triomphe nécessairement au détriment de l’humain – sa dignité, son respect- et de la qualité - qualité de vie, qualité du travail, qualité du produit-. L’univers du chiffre est celui du toujours plus, toujours plus haut, toujours plus loin, mais le travail ce n’est pas les Jeux Olympiques !


L’amélioration des conditions de travail et la protection des salariés doivent aujourd’hui redevenir des priorités au cœur du projet socialiste. Elles ont pour levier d’action : le respect des droits des salariés, le renforcement des contrôles, par une augmentation des moyens de l’inspection et de la médecine du travail, le développement des sanctions financières et pénales ; des licenciements rendus plus difficiles ; une fiscalité qui incite à l’augmentation des salaires et à l’investissement au détriment de la rémunération du capital et qui prenne en compte la responsabilité sociale et environnementale des entreprises en rendant enfin, les actionnaires effectivement responsables de leurs actes. La société doit fixer un objectif à la vie professionnelle : le respect de la dignité et l’émancipation de la personne humaine.

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Un Monde d'Avance 2011
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