Billet de blog 3 septembre 2011

Commentaires diagrammatiques

Tour de passe-passeDormez-vous ? Je sais qu’Eve se tait à l’heure de psalmodier. Car les feux de la rampe durent pendant que l’art forme des idéologues de mails bien envoyés. Le drapeau efface le don ? Eve accentue la loi d’un âge déjà mort.s'échange

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Illustration 1
© Béatrice Turquand d'Auzay

Tour de passe-passe

Dormez-vous ? Je sais qu’Eve se tait à l’heure de psalmodier. Car les feux de la rampe durent pendant que l’art forme des idéologues de mails bien envoyés. Le drapeau efface le don ? Eve accentue la loi d’un âge déjà mort.s'échange

Et Aristote rêve autrement dans un attrait du devoir qui s’échelonne bien. Les vecteurs appellent des abords qu’Eve apostrophe ; la colle peut prendre de vitesse les tours de passe-passe tant la mine ne sait que danser sur un espoir soudé qui n’a plus rien de possible. À celui que j’arrime de consonnes… Sir, les consonnes sont encartées et chiffrées selon des caractères infinitésimaux où l’air d’un « je ne sais quoi » devient « un jeu, c’est tout ».

Les commentaires se succèdent alors que le lecteur trouve sa place dans une expérience d’écriture participative. C’est comme si la lecture avait plus d’importance que l’écriture et que du coup, l’intention de l’auteur épuisant le sens, échappe à la production culturelle. De cette façon, l’imaginaire n’implique pas un solipsisme mais convoque les illusions à se transmettre dans une trame résolument abstraite. La perception est alors nettement mise en abyme sans conflit latent avec l’imagination. Autrement dit, la lecture est une manière d’entrer dans la fiction, de passer un contrat avec le créateur des personnages. Et la relecture est une trahison dans la mesure où le sens est recherché pour dénouer l’intrigue. Tour de passe-passe en des jeux de masque, mouvements inquiétants d’une toile qui se ballade dans une mémoire dévorante et imperceptibles collages oubliés dans des protocoles sans parenthèse, sont les éléments essentiels d’un roman du réseau.

Bizarrerie

À loisir s’ouvre une danse pour laquelle les tables créent la communication. Le silence se vante d’être très las devant les nanotechnologies et le fruit défendu entre dans une saison d’enfer pendant laquelle bave l’éther teinté d’hommes aux réseaux rompus. Et les rats vivent dans des trous où règnent le rêve et le vol équivalent à un jeu de dés désarmant les esprits. Parfois, le verre de la bonne conduite est consommé tandis que les sensations sont sans dommage. La réponse est kantienne quand les songes se désarticulent en une sensibilité modale. D’un trait, les pages corrigées sont envoyées au prix d’un rire de confidence éludant la bizarrerie. Ce que tu sais de la réalité, tu le calques sur une écriture transparente et inconnue de l’or des nations.

En route, la tenture éditoriale est dressée stimulant l’imaginaire. Ce laboratoire fait corps avec l’imagination créatrice. Il ne s’agit pas de se laisser aller à quelques rêveries ou fantasmagories car cela n’est pas constitutif d’un contrat. Échapper à la dissolution du lien entre lecteur et auteur est une opération de l’esprit qui doit être maintenue. Cet impératif énonce que la vérité est en question dans cette intrigue en train de se nouer. Plus précisément, c’est le versant dit négatif de la vérité qui est en question, à savoir la puissance du faux expirant devant un tribunal de la raison, qui n’est pas la cause d’intrigue mais l’effet d’une bizarrerie éprouvée par un corps capricieux. Ainsi, peu importe le discours, seuls les sensations heureuses comptent à la lecture du roman.

Pseudo

La fête dispose les participants selon une idée de liberté. L’expression choisie est un élan éternel vers la pondération des choses dont l’origine est un procédé imaginaire. Tu te coupes de la nouveauté par l’apprentissage des éléments du passé tandis que le pouvoir prime sur le post-scriptum ubuesque ou cacheté souvent utilisé dans des notes de bas de page. Le processus imaginaire en un échange de masque égale une sagesse mise à l’index. Et le phono aigu s’oriente vers un passé glorieux énième détachement des origines.

Les personnages se parent pour une fête qui combine des jeux de miroirs dans un événement enivrant. Le souvenir des années perdues ne durent que si l’impression est ressassée au tour d’une table ronde. Et les ruminations marquent la chair en des jeux étymologiques. La haine d’une relation s’établit d’une façon intertextuelle engendrée par des flashs reflets incontrôlables d’une publicité qui, projetée sur l’espace-temps nécessite une mosaïque de fragments. Du même coup, les interprétations sont court-circuitées par le potentiel romanesque créant une répétition douloureuse que Névo tente d’oublier via sa fonction de webmaster. Le pseudo fait partie du dispositif du roman, il n’est pas une expression de l’anonymat mais montre à tous la souffrance de l’illusionniste coupable de pratiquer un art qui porte la puissance du faux à son paroxysme. La puissance du faux appartient à ce que l’on appelle le mensonge car il fait apparaître des chimères qui dans un élan médiumnique joue à deviner le devenir des personnages accumulant sur la toile des liens hyper sensuelles.

Correspondance

Ce pass brouille les messages qui finissent par décoder les limites de la technique dans une correspondance parfaitement chorégraphiée. La vie teste la fable en des différences de pouvoir et exploite une danse qui communique librement. Les rencontres en ville se racontent davantage par la réécriture dans l’esprit des guildes de compagnons. Les cils de Névo se taisent en battant plus ou moins devant la couleur d’un mensonge accompagné d’anglicisme.

La danse des personnages dans des commentaires romanesques s’attendent et se relancent sur fond de sentiment étrange. En effet, le feuilleton accompagne les lecteurs tout un été. Un été polyphonique dont les perceptions ne sont pas prédéterminées par des injonctions flottantes. Un été littéraire qui résiste aux pourparlers débordant largement le siècle. Des textes se renvoyant les uns aux autres par des correspondances répétant une suite musicale déjà enregistrée. Les machines créent des textes consacrés en des messages commentant point par point le contrat passé avec l’auteur. De colonne en colonne, la fable se décline sans heurt violent alors que des parenthèses s’ouvrent sans cesse demandant l’acquiescement de l’auteur. Les liens inertes s’activent à mesure que le lecteur prend conscience de la nature du contrat. Car dans ce festin de mots imperceptibles, la séduction trahit l’idée que la création est dévorante. Mille appâts sont posés et invite le lecteur à des rêveries sans fantasme. Il s’agit bien de cela, le fantasme est soigneusement écarté pour être démultiplié dans des liens qui sont des odes devant des fenêtres de frustration nocturne.

Fiction

Le désir était déjà incertain et tranquille. C’était le rire d’un jeu quantique dont les règles dépassent une identification à une lumière claire tant le jour entonne un don. Pareil au temps, l’écriture chante des voyelles qui sonnent l’ivresse des sommets altérés par le passé. Contre la fiction, s’accumule les lecteurs sans or ni air d’une vie secrète teintée de rime. Elle arrange les bouteilles lancées à un ladre sans que la mer les porte raisonnablement. Un matériel cité plus que collecté est une liste de faits mineurs fantasmatiques. Vingt hommes dansent sur l’eau lésée par des curiosités de vies heureuses.

Il est intéressant de constater que l’expérience du roman est une affaire de goût. L’imaginaire n’est pas le seul enjeu. Car le goût porte la production romanesque à son acmé. Mais il n’est pas sollicité légèrement, il opère selon une sensualité indivisible qui forme une norme spéciale dont le lecteur trace les limites. D’autre part, ce goût n’est pas esthétique mais plutôt éthique dans le sens où la création des personnages permet de montrer dans la transparence leur agonie, acte de vivre dans un style constituant le double d’une réalité qui ressemble à s’y méprendre à un mauvais film. Malgré tout, l’intention n’est pas d’enjoliver la réalité selon des normes classiques pour faire de celle-ci un temple où l’on ne peut pas vivre. L’intention est tout autre. Elle consiste à faire de la réalité une surface lisse abordée au plus près de sa matière critique. En découle, un humour singulier à la frontière du tragi-comique où seule la fascination pour le roman en devenir a de l’intérêt.

Fragment

Happé d’un coup par un fragment nulle part appareillé, l’écho se forme suppléant par des faux singuliers. La République des lettres évite la force couplée à une organisation désolée par la nécessité. Les ave sont suspendus quand l’un finit sa peine déraisonnable de parler et de jeter des dés sur un passé existant car puisant dans les commencements des données. Les eaux suffisent tandis que les répétitions décevantes et finissantes de tout un peuple assemblé en un air de dire que l’éther d’un conte est un voile d’espérance.

Les morceaux de vie se rencontrent sur le mode d’un consentement flottant sur la route d’une fiction dont le monstre fuit sur une ligne créative. La clôture de chaque fragment rappelle que la parole n’est pas de mise dans l’écriture du roman d’un réseau comme si les liaisons n’étaient qu’exclusivement linguistiques, se désarticulant de personnage en personnage. L’intrigue linguistique n’est pas énoncée, seuls les personnages animent de leurs vies une histoire de combinaison à la manière d’une urgence sadienne. Ainsi, la joie de lire sans rechercher la vérité d’un personnage c’est-à-dire ses traits de caractères psychologiques, permet de stimuler un inconscient vide de parole triangulaire. La politique est celle des mots qui guérissent des organes excessivement stimulés par un maître d’œuvre tiraillant un lecteur trop présent affectivement. Par conséquent, il n’y a de victime que dans l’action et non dans la passivité supposée d’un lecteur alangui pris dans un réseau d’affects qui ne lui correspondent pas. Car en réalité, le lecteur s’accommode de tout même du pire et du dégoût d’intriguer dans une cour substantiellement flatteuse.

Inventaire

Ensemble, la nostalgie éreinte les nations rances d’un inventaire de nécessité. Le redoublement d’une consonne antique permet de sortir d’un remord espagnol exploité dans un songe de mansarde. Elle danse sans condition volant les forces d’une perspective étant depuis longtemps une fascination d’échappée. Névo, de toutes les croyances, n’appartient pas à une humanité au rebut. Car quelque chose le coupe de la fiction pour le plonger dans la réalité. Et cela ne se résume pas à des extraits d’ensembles aléatoires : la règle introduit un salut déroutant.

La répétition englobe le réseau jusqu’alors virtuel. Sur le plan du droit, le roman du réseau remet en question la notion de droit d’auteur. Celui-ci est pris dans des lignes de commentaire attirant l’attention. Si bien que l’émotion suscitée par l’écriture originelle du roman se démultiplie à la manière d’un rhizome. Chaque commentaire interroge le roman de l’intérieur comme s’il n’y avait de roman que participatif. Une lecture alerte est donc nécessaire car le roman semble contenir toutes ses participations. Le roman du réseau apparaît presque tel un avertissement à l’entrée d’une forteresse bien gardée. Ainsi, une lecture alerte serait celle d’un regard oblique qui malgré tout tend à s’oblitérer. La langue utilisée dans le roman, loin d’être véhiculaire, se heurte à des commentaires singulièrement nominaux. De la sorte, Névo s’actualise à la prononciation de son nom. Névo n’est autre qu’un souvenir, un personnage d’un inventaire dans une lame sans fond, familièrement oublié. Dans ce sens, il ne devient pas insaisissable puisqu’il tend vers un processus d’écriture copieusement vernaculaire dont la prose mouvante réactive des merveilles jusque là abstraites.

Hasard

La table dans un mouvement imprévu s’ouvre sur le constat de l’inertie collective. Le hasard plein d’espoir s’agite dans une traduction de mots brisés. Quant au mouvement cinématographique, moins on peut l’imaginer et plus il faut comprendre les moments oubliés et cités dans des confidences émises par douzaine. Pour que l’ivraie soit dense, il faut mettre en relation des histoires parées de grain.

L’inquiétude nait du foisonnement constant des origines du monde romanesque vers une paralysie, celle de Névo. Le mouvement du plan parcouru par Névo est inverse. Ce qui permet un équilibre entre lecture et écriture. De fait, la création est double : le personnage et le plan sur lequel il se déplace. Mais Névo n’est pas seul. Ça, c’est ce qu’il croit. Car les avatars sont nombreux dans ce qui paraît être un jeu de rôle virtuel. Et Emma est là. Toujours prête à entrer en conflit, désirant plus que tout la mort, incarnant le pouvoir. Ne jamais tomber amoureux du pouvoir ! Pourrait répéter Névo en son for intérieur. Car elle est là. Elle le hante. Et elle veut se venger d’un pouvoir sûrement trop grand pour elle. Non qu’elle ne soit pas responsable. Ou qu’elle n’ait pas le charisme pour porter un tel pouvoir. Mais parce que la vengeance l’attire et l’affecte en même temps. D’un style aimable, trop aimable, elle lance d’une façon acérée les griffes de la vengeance. D’ailleurs, elle ne fait pas référence au réseau mais à des groupes, non à des combinaisons aléatoires, mais à des mots d’ordre venant de toujours plus haut dans des vitesses d’exécutions qui vous glacent le sang tant elle excelle à faire des plans prémédités.

Illusionniste

Névo, à l’aise dans son rôle d’illusionniste, se détache d’Emma autant qu’il peut et le hasard s’en mêle voyant des humeurs versatiles pendre. La conscience de l’apercevoir est une naïveté insupportable. Le paravent devant les yeux, il ose dans le silence. Il suit son comportement mécanique et va de port en port à la recherche d’Eve qui provoque chez lui une rage de dent.

La surprise est totale. Frappé par une nuit sans constellation, le réseau s’ouvre à une interaction chronique, utilisant des pseudos à une époque où l’identité administrative doit être unique. Le conte de fée est total. Il permet de se glisser à l’aide d’un pseudo dans une histoire dont les limites spatio-temporelles dépassent l’entendement. Ce qui pourrait signifier que l’écriture dans sa manière de se faire entendre n’est pas une simple parenthèse oubliée. Aujourd’hui, l’écriture n’est pas un délire car l’écriture fait signe et dans cette alerte lancée, les traces laissées par elle ne sont pas des copies d’une forme pure dégagée d’une matière instable. N’en déplaise à Platon, l’écriture est une odyssée qui tente d’échapper à un passé impalpable. Le pavillon férocement jeté à terre ne doit pas effacer les signes sur le sable. Les enfants le savent : la censure est un mystère latin obscurci par des motifs nostalgiques. Et un huis-clos n’est pas un fait exprès voulu par une quelconque divinité afin d’expier des fautes. Dans le roman du réseau, les potentiels sont sur le même plan. Il s’organise à la manière d’un diagramme. Il ne s’agit pas d’une arborescence récitant les racines profondes d’un pays qu’Internet se plait à nourrir. Mais d’un forum dynamique où s’échangent des technologies en tous points admirables tant la norme requise dans la rencontre est celle du décodage de flux électronique.

Terre brûlée

Le risque pris pour le vol d’une pomme est un sacrifice violant la parole du père. C’est la norme du personnage devant son propre devenir imperceptible que de porter sa réflexion sur l’infini. Seul, il anime l’amour vache de la politique de la terre brûlée car il en connaît ses effets : la gravité fléchit devant un garde à vous stimulé par une envie de dire « être ! » et de le mettre à l’imparfait.

En dernier ressort, le roman-feuilleton en une perception finale laisse les événements s’engouffrer à la redécouverte d’un passé littéraire et philosophique. Le dialogue qui s’instaure avec les personnages du roman est tout sauf socratique. Car il n’est pas question de savoir qui aura le mot de la fin. Au contraire, le texte donne envie de se placer un cran avant que la fin ne vous emporte définitivement. L’immédiateté est du registre du jeu tactile. Et parfois, on s’y brûle les doigts. La prétention à conclure l’histoire est à chaque fois remise à plus tard jusqu’à ce que la lecture précipitée annonce une grille qui ne colle pas au texte. Seul un labyrinthe promettant une colère à venir peut représenter un roman du réseau dans son architecture produisant des doublures étoffées par des couples combinés selon un site randomisé.

Tenu2DicSion

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