Une drôle de leçon d’histoire est visible actuellement sur YouTube. C’est celle de Luca Luciani, le directeur général du secteur de la téléphonie mobile de Telecom Italia. S’adressant à ses cadres au cours d’une convention de marketing, et les regardant droit dans les yeux, il leur y transmet un message auquel « il tient beaucoup », un message « de stratégie, de clarté des idées, de détermination, de force », un message de sportif et de manager qui se réduit finalement à l’exemple stupéfiant d’un grand stratège ayant réalisé un chef d’œuvre. Celui-là même que l’auditoire est sans doute appelé à reproduire au service de l’entreprise. Et quel est-il donc ce chef d’œuvre, comme il le répète à deux reprises ? C’est le triomphe de Napoléon à… Waterloo !
Certes, on ne pourrait voir là qu’un simple lapsus, qu’une bête confusion avec Austerlitz. Et comme le ridicule ne tue pas, Luca Luciani s’en remettra. Mais le problème est ailleurs. Car cette histoire est révélatrice. Elle donne à voir un usage public de l’histoire parmi les plus déplorables qui soient. Elle montre la grave légèreté avec laquelle l’histoire, ou une certaine vision réifiée de l’histoire, peut être utilisée à tort et à travers, d’une manière vulgaire et abusive, au service de la manipulation et d’une idéologie particulière. Qu’il s’agisse de Waterloo ou d’Austerlitz, de Napoléon ou de Garibaldi, elle révèle une société où l’on peut dire n’importe quoi sur le passé, loin de tout intérêt pour l’histoire, pourvu que cela serve des intérêts immédiats.Charles HeimbergBillet de blog 9 avril 2008
Napoléon qui triomphe à Waterloo : la drôle de leçon d’histoire d’un manager italien
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