Billet de blog 31 mai 2008

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Charles Heimberg. Historien et didacticien de l'histoire

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"Les images en guerre", Lausanne, Antipodes, 2008. À propos des clichés de Paul Senn, photoreporter suisse

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le photographe bernois Paul Senn (1901-1953) a laissé une œuvre tout à fait intéressante pour l’histoire sociale de la Suisse et de l’Europe. Ses archives ont été déposées au Musée des Beaux-Arts de Berne, une exposition a été organisée en 2007 et un site internet (www.paulsenn.ch, d'où est tiré l'image ci-dessus qui représente une scène de la Mobilisation en 1939) permet un accès libre à l’essentiel de ses photographies et reportages.De Paul Senn, il est question dans un ouvrage collectif récent,Les Images en guerre, (sous la direction de François Valloton & Pierre Kaennel, Lausanne, Antipodes, 2008). Une contribution de Markus Schürpfe évoque en effet ce photoreporter qui avait déjà travaillé en Espagne pendant la guerre civile et qui avait alors été particulièrement impressionné par la souffrance des réfugiés républicains du Perthus, à la frontière française. Ses travaux s’inscrivaient aussi à l’époque dans un air du temps plutôt rassembleur, à l’image d’une série de photographies portant sur le thème des paysans et des ouvriers suisses. Mais il avait la faculté, écrit Schürpfe, de « photographier des gens, même dans les situations les plus délicates, avec autant d’à-propos que d’empathie et de respect ». Associé au journaliste Peter Surava, rédacteur du journal Die Nation, il avait notamment réalisé un reportage à Lyon sur la France libérée qui découvrait des horreurs comme les charniers des crimes nazis. Mais ses travaux portaient alors surtout sur la Suisse. Ainsi, après « quelques reportages critiques sur la situation des travailleurs à domicile », les deux hommes en avaient publié d’autres « sur l’exploitation des valets de ferme, les abus sexuels contre des enfants placés ou la situation dans des foyers d’enfants [qui] firent sensation ». L’histoire du journaliste Peter Surava est pour sa part édifiante. Il l’a racontée dans une autobiographie rédigée quelque temps avant sa disparition (Peter Hirsch, Il disait s’appeler Peter Surava, Genève, Métropolis, 1998). Il lui avait été conseillé, pendant la guerre, d’écrire sous un nom d’emprunt parce que son vrai nom pouvait suggérer une origine juive [sic]. Mais plus tard, après la guerre, sans doute sous la pression de ceux qu’il avait dérangés par ses articles critiques, et dans un climat de guerre froide dont l’histoire reste à écrire pour la Suisse, il fut l’objet d’accusations diffamatoires et un procès lui fut intenté pour l’empêcher de garder son nom de plume et détruire ainsi sa carrière d’écrivain. Charles Heimberg

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