Le lithium est l'élément chimique de numéro atomique 3, de symbole Li. C'est un métal alcalin, situé dans le premier groupe du tableau périodique des éléments – source Wikipédia – C'est aussi le nouvel or blanc et devient stratégique dans l'indépendance des ressources énergétiques. La France n'échappe pas à la logique au prix de quels sacrifices ?
| >> LITHIUM, ATTENTION DANGER suivant
Mise à jour le 21 novembre 2021 à 1h38
Évoqué durant la campagne des régionales dans le Grand Est, lors d'une rencontre avec une députée allemande sur la ferme d'Hélène Faust, dans le nord Alsace, la question de la géothermie profonde avait suscité une grande vigilance de part et autre du Rhin, notamment à la découverte des ressources de lithium dont l'opérateur historique alsacien ES géothermie ne savait pas quoi en faire à une certaine époque. Aujourd’hui, ce minerai indispensable aux batteries des panneaux solaires ou aux voitures électriques, est devenu une matière recherchée qui suscite la convoitise de nombreuses multinationales.

Nebosja Petkovic observant les plans du projet de Rio Tinto. - © Louis Seiller / Reporterre
Avant de parler de l’Alsace, retour en Serbie, dans la région Loznica :
« Que restera-t-il du village si les gens de Rio Tinto se mettent à extraire du minerai ici ? Juste de la poussière et des explosions sonores. Il n’y aura plus de vie à 100 kilomètres à la ronde. » s'inquiètent les habitants de Loznica. Et ils ont raison de s’inquiéter. La multinationales Rio Tinto a obtenu les autorisations d’exploitation et s’apprête à débuter les chantiers d’ici à 2022. L’entreprise est connue pour ne pas avoir de limite. Les habitants s’inquiètent pour l’avenir de leur région aux multiples cours d’eau : « Le Jadar, la Drina, la Sava et le Danube : toutes les rivières de la région sont en danger. Les gens de Rio Tinto reconnaissent qu’il y aura des pollutions, mais disent seulement qu’elles seront limitées. Mais quelles sont les limites pour Rio Tinto ? On a vu ce qu’ils ont fait en Papouasie-Nouvelle Guinée, à Madagascar : ils ont tout détruit et tout empoisonné ! On ne peut pas se laisser manipuler comme des marionnettes, ils mentent avec leurs analyses ».[…]
La préoccupation environnement est forte dans la région, mais face à la puissance financière de la multinationales, l’argent aura-il gain de cause ?
– lire l’intégralité du reportage ici :
Voitures électriques : une mine de lithium va dévaster une région serbe

Agrandissement : Illustration 2

ET EN ALSACE ?
Même pas besoin de "géothermie" et de séismes pour détruire la nature et la vie des gens au nom du greenwashing...
Le fossé rhénan possède une réserve importante de lithium
La plaine rhénane, entre Vosges (côté France) et Forêt noire (côté Allemand), recèle du lithium dans des aquifères très profonds (entre 1 000 et 4 000 mètres), dans des grès déposés il y a 235 millions d’années.
Pour la petite histoire, c'est l'entreprise ES Géothermie qui exploite le site de géothermie de Soultz-sous-Forêts (Bas-Rhin) qui est l'un des premiers à avoir découvert le lithium à une époque où on ne savait pas encore quoi en faire. Depuis, il y a eu des études du sous-sol rhénan qui a révélé le potentiel.
Le tonnage utile était estimé par le BRGM à environ un million de tonnes de lithium métal en 2017. Une information rendu publique en 2019 et dont un article du journal La Croix en fait référence. L’Association française des professionnels de la géothermie (AFPG) évalue en 2021 la coproduction possible de lithium en Alsace à 15 000 tonnes par an sur dix sites géothermiques. De fait, les sociétés ES Géothermie et Fonroche Géothermie, qui exploitent le sous-sol alsacien pour la production de chaleur et d'électricité par géothermie, ont annoncé en novembre 2019 que les eaux chaudes qui remontent du sous-sol alsacien contiennent 180 à 200 mg de lithium par litre. Elles estiment donc la possibilité de fourniture par site à l'équivalent de 1 500 tonnes de carbonate de lithium (LCE) par an. Les réserves de LCE du fossé rhénan sont estimées entre 10 et 40 millions de tonnes. Les besoins de l'industrie française, notamment automobile, s'élèvent à 15 000 tonnes de LCE par an ; la France pourrait donc être autonome en approvisionnement – source Wikipédia
Problème majeur pour l’exploitation : la nature géologique des sols

Agrandissement : Illustration 3

Les champs de fractures alsaciens (1) résultent d'un morcellement des terrains en une multitude de compartiments séparés par des failles liées à la formation du fossé rhénan. Cette complexité tectonique couplée aux mécanismes d'érosion conduit à la mise à l'affleurement d'une grande diversité de terrains
Ainsi, le fossé rhénan est sur une zone géologique avec des risques sismiques (2). de niveau 3 pour les deux tiers de l’Alsace et de niveau 4 dans la région mulhousienne, sur une échelle qui comporte 5 niveaux de classement (3).
En conséquence, un risque sismique de moyen à fort, d’origine naturelle est probable. Mais, il peut également être d’origine humaine. C’est ce qui s’est passé sur un chantier de Fonroche à Reischett, dans le Bas-Rhin, sur un site de géothermie profonde. La fracturation de la roche à générer une succession de séismes entre la fin de 2019 et l’année 2020, poussant les autorités à stopper le chantier et à suspendre trois autres projet de forage :
- à Eckbolsheim et Hurtigheim, de la même entreprise ;
- à Illkirch-Graffenstaden, ES Géothermie, qui y avait déjà foré un puits, a dû suspendre ses activités jusqu'à nouvel ordre ; En parallèle, l'opérateur historique de la géothermie en Alsace a retiré des demandes d'autorisation de projets moins avancés à Hoffen et Hunspach.
Aujourd’hui, cette menace liée à la nature géologique de la plaine rhénane est un sérieux frein aux prétentions d’exploitation de la ressource précieuse dont la France pourrait être autosuffisante.
Un dossier que les écologistes gardent à l’œil. Car les raisons économiques importantes de cette ressource pourraient pousser les autorités à céder aux multinationales et leur permettre de reprendre les projets suspendus en intégrant, par exemple, un capital risque au détriment des populations. La forte densité démographique de la plaine rhénane ne pourrait pas suffire à un être obstacle à d’autres projets futurs en plus de ceux existants. Le risque de voir naitre une nouvelle bataille autour de l'exploitation du lithium, n'est pas à exclure.
(1) https://planet-terre.ens-lyon.fr/ressource/Alsace-champ-fracture.xml
(2) https://c.dna.fr/.../les-seismes-en-alsace-la-secousse-de-wissembourg-en-1952-et-l-etoile-filante-qui-l-annonca
(3) https://www.bas-rhin.gouv.fr/content/download/29258/200837/file/Risque+sismique.pdf