Mercredi 21 juin 2023,
d’un membre des Soulèvements de la Terre Alsace
« Nous nous y attendions, c’est à présent chose faite … mais comme l’eau nous rejaillirons... »
S’il y a bien une phrase qui montre toute l’absurdité de la décision du gouvernement de dissoudre aujourd’hui en conseil des ministres Les Soulèvements de la Terre, c’est que nous sommes toutes et tous « Les Soulèvements de la Terre » et qu’en ce sens, ils ne pourront pas défaire tout ce qui en plusieurs années et mois s'est construit.
Ils peuvent en effet interdire des symboles. Ils peuvent interdire la publication de communiqué, la tenue de réunions publiques, l’appel à de nouvelles dates d’actions, voire à certaines et certains de se rendre à tels ou tels endroits et de se revendiquer formellement des Soulèvements de la Terre. Mais, ils ne pourront pas empêcher un mouvement. Un mouvement fait de dizaines, voire de centaines de milliers de personnes ici France mais aussi à l’étranger. Ils ne pourront pas empêcher un mouvement de se soulever.
De se soulever en effet contre l’absurdité d’un système généralisé de destruction du vivant, d’accaparement des biens communs dans une logique économique de rentabilité de tout ce qui est.
De se soulever face l’inertie des décisions d’un gouvernement qui table plus sur la responsabilité individuelle de chaque citoyen face à l’urgence climatique que sur sa propre responsabilité dans le désastre en cours.
Ils ne pourront empêcher des milliers de personnes de continuer de se soulever contre les lobbies du BTP ou de l’agro-industrie et contre toute l’absurdité cognitive dont ce gouvernement fait preuve.
Ils ne pourront nous empêcher de continuer à nous opposer à des industries telles que l’AFARGE et des syndicats tels que la FNSEA, par des actions concrètes de démantèlements et de reprise de terres.
Oui, nous sommes de celles et ceux qui hier marchaient à Sainte Soline, à Toulouse, à Rouen ou en Maurienne. De celles et ceux qui ont refusé comme des millions d’autres, de voir deux années de plus de leur vie leur être impunément volée, qui ont marché malgré la répression et malgré le mépris.
Nous sommes donc bien de celles et ceux, qui aujourd’hui comme demain, continueront de se soulever contre les grands projets inutiles, contre l’agro-industrie, la casse des régimes sociaux et des services publics, contre l’accaparement de l’eau et des terres… et pas de cette figure du monstre, désigné sous les traits d’écoterroriste qu’ils essaient de nous faire prendre.
Nous continuerons de nous soulever, pour qu’enfin des perspectives politiques désirables puissent émerger face à un système capitaliste mortifère de mise au travail généralisé des corps.
Pour que nous puissions toutes et tous continuer de vivre dans un monde désirable et habitable.
Pour cela, nous continuerons les rencontres, les balades, les actions, et parfois même, qui sait, les démantèlements. Nous continuerons de nous retrouver, toujours plus nombreuses et nombreux pour continuer :
- d’imaginer demain;
- de défricher des terres pour que s’installent des paysannes et des paysans;
- de vendanger dans la joie les vignes de Bernard Arnault;
- de faire la fête et des banquets;
- d’écrire des textes et de les diffuser;
Oui nous continuerons !
Car ce qui nous lie par-delà un nom, et plus encore que l’appartenance à ce collectif des Soulèvements de la Terre, c’est notre volonté de nous retrouver, d’éprouver ensemble la force qui se dégage de nos actions collectives.
Face à l’accaparement de la terre, de l’eau et de notre temps. Face à la destruction du vivant, à la bétonisation massive des sols, l’extractivisme, à la mise au travail généralisé des corps, nous sommes nombreuses et nombreux à nous être soulevé ces dernières années, ces derniers mois, ces derniers jours et nous continuerons de le faire, sous le symbole d’un collectif ou bien d’un autre, voire même sans symbole du tout, partout où il nous semblera utile et nécessaire de le faire. Que ce soit auprès des paysans et paysannes (de la conf notamment), dans les cortèges des mouvements sociaux, en soutien aux luttes des sans-papiers, contre le racisme, le sexisme, la xénophobie, auprès des travailleurs et des travailleuses dans les luttes sectorielles... Etc. Etc.
De cette centaine de comités qui sont apparus en France ces derniers mois, de ces milliers de rencontres, de réunions, d’évènements, est né quelque chose de bien plus fort qui ne peut être si soudainement dissous : un maillage des luttes, de relations, desquelles sont parfois nées des amitiés fortes, des envies de faire, de se réunir et d’agir.
Car ce qui nous lit au-delà de l’appartenance ou non à ce collectif aujourd’hui dissous, c’est la force concrète de nos actions, de nos rencontres, de nos discussions, face au désastre en cours.
Alors oui, continuons parce qu’imaginez si demain on gagne !
– à lire aussi :
« Nous sommes Les soulèvements de la terre »
---

Agrandissement : Illustration 1
