Billet de blog 5 mai 2014

Philippe LEGER (avatar)

Philippe LEGER

Ancien journaliste. Secrétaire général du Comité Européen Marseille.

Abonné·e de Mediapart

La tradition au cœur de la 80e journée des vocations sacerdotales pour la Corse

Depuis 80 ans, les Corses de Marseille et de Provence soutiennent les vocations sacerdotales de l’Île lors d’une rencontre avec l’Evêque d’Ajaccio. L'année 2014 n'a pas failli à la tradition.

Philippe LEGER (avatar)

Philippe LEGER

Ancien journaliste. Secrétaire général du Comité Européen Marseille.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.


Toujours campée sur ses assises séculaires malgré une façade abîmée par les intempéries et l'air salin, la cathédrale Sainte-Marie-Majeure de Marseille, une vénérable centenaire nommée ici « la Major », a accueilli samedi 3 mai « la 80e journée des Vocations Sacerdotales pour la Corse »... Pour le public marseillais, connaisseur, c'était l'opportunité d'assister à un concert gratuit de chants traditionnels et polyphoniques corses. Et de faire connaissance avec Monseigneur de Germay, l'évêque d'Ajaccio pour la Corse.

« Depuis 80 ans, la communauté corse la plus importante de France vient apporter son soutien à l'Eglise diocésaine de Corse » a rappelé Jean-Baptiste Renucci au nom de l'Institut Corse Méditerranée, organisateur de l'événement.
En retour, les Corses gratifient les Marseillais d'un programme artistique, toujours de premier ordre, qui précède la messe.


Jean Baptiste Renucci et Monseigneur de Germay.
Cette année, le public a eu le plaisir d'entendre la mezzo soprano Battista Acquaviva, une fameuse chanteuse de l'île Rousse.
Les organisateurs marseillais l'ont annoncée comme « une des plus incroyables voix de Corse ». Le titre n'était pas usurpée. Elle a chanté de sa voix étonnante (une colorature de tessiture de plus de trois octaves), à la prosodie toute méditerranéenne, accompagnée à la guitare par Ceccè Pesce, un artiste talentueux. L'homme a un peu plus de 20 albums à son actif, grâce à de fructueuses collaborations comme auteur-compositeur, accompagnateur ou chef d'orchestre des groupes « I Chjami Aghjalesi » (il en est membre fondateur), Cantu u Populu Corsu », « JP Poletti », Petru Guelfucci.
Les célèbres voix des chantres de l’Archiconfrérie Saint Joseph de Bastia et le groupe Fior Di Machja (Bouches-du-Rhône) ont apporté également leur concours, ainsi que Philippe Gueit, aux grandes Orgues, accompagné de l'ensemble de Trompettes René Périnelli. 


La chanteuse Battista Acquaviva au cours de sa prestation.
 


L'ensemble de Trompettes Périnelli. À droite, on reconnait Laurent Fris.

Après ce spectacle, une messe a été concélébrée en la cathédrale par Monseigneur Olivier de Germay, les prêtres corses ou amis de la Corse, notamment Alain Ottonello (d'origine napolitaine) qui officie dans le quartier du Panier.
Avec la force de leur foi et de leur talent, les artistes ont aussi animé l'office religieux auquel participait la communauté insulaire de Marseille et de la Provence, en présence des Autorités.


Les artistes attendent sagement leur tour...

« La tradition vaut pour ce qu'elle transmet, non pour elle-même... »
Comme le rappelle la participation de l’Archiconfrérie Saint Joseph de Bastia à cette journée des vocations sacerdotales, les confréries corses vivent leur foi en toute visibilité et transparence. Sur l'Île, on entretient avec la laïcité un rapport très particulier. Les processions représentent l'aspect visible de l'activité des confréries durant la Semaine Sainte. Comme l'a souligné l'évêque d'Ajaccio sur KTO TV, « en Corse, le désir d'Eglise se traduit aussi par une richesse liturgique et l'engagement social. Et la fidélité à la tradition ».
Lors de son homélie, l'évêque d'Ajaccio qui apprécie la tradition à sa juste valeur, a réaffirmé aux Marseillais « l'exigence de transmettre le message chrétien, essentiel et vivant. La tradition peut le transporter... mais il ne faut pas se contenter de la forme. La tradition vaut pour ce qu'elle transmet, non pour elle-même... »
L'Evêque d'Ajaccio ne perd pas de vue que la crise des vocations est bien réelle. Le nombre de candidats au sacerdoce ne cesse de chuter : « un seul séminariste en Corse cette année», a-t-il déploré lors de la 80e journée sacerdotale à Marseille ... alors que « le catholicisme fait partie de l'âme, de l'identité corse » (KTO TV 19 avril 2013.)
 


L'appéritif a été l'occasion d'échanges. Ici, un chantre de l'Archiconfrérie de Saint Joseph de Bastia fait connaissance avec Lisette Narducci, maire du 2e secteur (2e, 3e arr.)

Une partie du public s'est retrouvée à la sortie pour échanger à la faveur d'un apéritif le verre de l'amitié avec les artistes corses, en présence de Lisette Narducci, maire du secteur, qui a honoré de sa présence ce 80e Rassemblement.
La journée n'était pas finie pour autant. Le dîner présidé par l'Évêque de Corse, salle des Martégales, a été suivie d'une veillée musicale, animée par l'Archiconfrérie Saint Joseph de Bastia, Battista Acquaviva, Ceccè Pesce et Jacques Agenti. 
Sous la houlette de Monseigneur Olivier de Germay, cette 80e journée des vocations sacerdotales pour la Corse, a tenu toutes ses promesses : celle d'une journée de foi, de générosité et de chants. Pour un peu, on en aurait oublié que la cathédrale la Major est en semaine au cœur d'une frénésie de travaux, accomplis en vue de l'ouverture prochaine de centaines de commerces... sous les voûtes de l'Évêché, aux Terrasses du Port et le long du boulevard du Littoral. Ph L.


Chantres de l'Archiconfrérie Saint Joseph de Bastia. 

Renseignements : Comité des Vocations Sacerdotales pour la Corse 5, Place Sadi Carnot 13002 Marseille Jean-Baptiste RENUCCI Tél 06 81 64 82 69 

Photos : Philippe LEGER

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.