Billet de blog 12 mai 2016

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Philippe LEGER

Ancien journaliste. Secrétaire général du Comité Européen Marseille.

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Marseille : une fête de l'Europe sous le signe du "vivre ensemble"

Samedi 7 mai 2016, la place de Bargemon était pavoisée aux couleurs de l'Europe avec un peu d'avance sur le calendrier. Les Marseillais ont profité du week end pour commémorer la déclaration Schuman du 9 mai 1950. Cette année, les organisateurs ont mis l'accent sur le « vivre ensemble ». Un pied de nez à la discrimination et au rejet de l'autre.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

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Fête de l'Europe à Marseille (2016) © Philippe LEGER

Des milliers de personnes se sont retrouvées à Marseille autour d'activités artistiques, culturelles, ludiques, festives, dans le cadre de « la journée de l'Europe.»
Célébrée chaque année, cette journée donne l'occasion de rapprocher l'Europe de ses citoyens et de resserrer les liens entre ses peuples. Dans toute l'Europe, de la Baltique à la Méditerranée et dans les territoires ultra-marins,  les 28 pays de l'Union européenne célèbrent par une multitude d'événements et, souvent sur un mode festif, « l'unité dans la diversité. »
À Marseille, comme le veut la tradition, les personnalités ont ouvert la manifestation.

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De gauche à droite : Stéphane François, président national de l'association Eurocircle ; Sylvie Goulard, députée du Parlement Européen ; Patrick Boré, maire de la Ciotat ; Andy Lom, chef de la Représentation régionale de la Commission européenne en France. © Bureau d'information du Parlement européen à Marseille
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Fête de l'Europe 2016 Marseille - scène de la mairie, place de Bargemon. © Philippe LEGER
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La Fanfare Canebière Pression en action © Philippe LEGER

À Marseille, après avoir quitté la place du général de Gaulle et son Carrousel vénitien, la fanfare « Canebière Pression » a parcouru le bas de la célèbre artère et emporté enfants, jeunes et adultes dans un tourbillon musical haut en couleurs. Elle a déversé sur le quai des Belges ses notes de musique comme une pluie de confettis joyeux. Son arrivée place Bargemon à 13 h 30 a coïncidé avec le lancement officiel de la journée de l'Europe à Marseille.

Vaste, éclectique et bien pensée, la fête concoctée par l'ONG marseillaise Eurocircle et ses partenaires a ouvert ses ateliers à un public composite, intergénérationnel et multiculturel, mêlant Marseillais et touristes. Elle a déroulé ses fastes jusqu'à l'orée de la nuit. Tout l'après midi, le public a découvert de multiples activités, ouvertes à tous et gratuites.

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Balades en bateau avec l'association Boud'mer, donnant l'occasion d'un voyage interculturel du quai du Port aux abords du Mucem.

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© Ces étudiantes italiennes sont à Marseille grâce au programme Erasmus. Ce programme européen d'échanges étudiants permet une mobilité d'études ou une mobilité de stage en entreprise, ou encore les 2 combinées. Ph L
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© Ph L

Place Bargemon, au pied de l'hôtel de Ville, de nombreux jeux ont fait le bonheur des enfants et de leurs parents : puzzle et jeux géants interactifs ; un jeu de l’oie géant, à l'initative de l'association « Parcours du Monde » sur l’histoire, la géographie, les coutumes de chaque pays de l’Union Européenne...
L'exposition « les alphabets de l'Europe » organisée par « les Ailes du Vent » a donné la possibilité à tout à chacun de participer à un atelier calligraphie des lettres européennes.
À un autre atelier, un quizz pour consommateur averti permettait de gagner des « surprises ». 

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Des membres de l'équipe d'Eurocircle. À gauche, Léa (coordinatrice) © Philippe LEGER

Avec « Save nature » on découvrait sur le mode ludique les espèces en voie d'extinction.
Dans un atelier tout proche, l'éco-citoyenneté racontait son histoire avec les « murs de l'espérance ».
On a fait l'apprentissage de la danse... et des langues (anglais-italien) sous la conduite de Bruno Denis, issu du Ballet National de Marseille.
C-Eyes-Zoom vous informait de A jusqu'à Z sur l'économie sociale et solidaire vue par 30 professionnels de 10 pays européens.
Avec Experimentarium vous partiez à la rencontre de doctorants européens et échangiez sur l'actualité scientifique ou sur les sujets de votre choix.

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Des Européens rétro-futuristes ! © Philippe LEGER

Des récits d'Européens rétro futuristes et une exposition de costumes ont propulsé les visiteurs dans un imaginaire digne de Stars Wars.

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Atelier maquillage. © Philippe LEGER

Le stand de maquillage n'a pas désempli. En se faisant grimer les enfants devenaient des super héros, des sorcières, des princes et princesses, des clowns, des pirates, des animaux, le temps d’un après-midi.

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Combat de Sumos. © Philippe LEGER

Le sport était à l'honneur au pied des escaliers
L'association Delta Festival proposait des combats de Sumos. Rapides, quelques fois spectaculaires, mais toujours sans danger grâce à des tenues spéciales super rembourrées, ils ont conquis le public. 
Avec le « Mini Euro 2016 » le « baby foot » était à taille humaine, celle des enfants qui s'en donnaient à cœur joie lors des tirs au but !
On s'initiait au rugby sans contact avec l'association « Point Sud ». Dans cette forme de jeu, chaque joueur porte deux rubans attachés à sa ceinture ou fixés à son short par des patchs en velcro. Dans une phase d'attaque, le porteur du ballon esquive les défenseurs... Pour le stopper sans le toucher, ses adversaires tentent d'arracher un des ses rubans.
Avec « L’Europe à travers le football », CultureMix proposait un quizz sur l’Europe et jeux de foot.
Avec l'association Concordia, on jouait au jeu « L’Europe des maillots » qui consiste à replacer les 24 maillots de foot sur une carte.

À l'Espace d'Échange européen, les citoyens ont pris langue avec des représentants officiels des institutions : Bureau d’information du Parlement Européen pour le Sud-Est ; Représentation Régionale de la Commission Européenne à Marseille ; Région Provence-Alpes-Côte d’Azur ; Conseil Départemental des Bouches du Rhône ; Ville de Marseille ; Métropole Marseille Provence.

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Ils sont venus en famille pour la Fête de l'Europe © Philippe LEGER
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Ils habitent le 8e arrondissement et désirent connaître mieux l'Union Européenne. © Philippe LEGER
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L'affiche de la Fête de l'Europe 2016 à Marseille © Photo : Philippe LEGER

Les temps forts de la journée

Le débat avec Syvie Goulard : « Marseillais et citoyens européens »
On a tchatché Europe avec la député européenne Syvie Goulard. 
Née à Marseille, elle a passé son enfance dans le quartier de la Belle de Mai et siégé sur les bancs de son école communale avant de connaître ceux du Parlement européen (cursus et carrière en fin de billet). 

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Débat avec Sylvie Goulard © Philippe LEGER

Les questions du public ont été directes, sans concession, mais pas de nature à effrayer cette Marseillaise.
« Hier, on payait au bar le café 80 centimes... Aujourd'hui, c'est le même prix mais en centimes d'euro ! Le prix du petit noir a été multiplié par 6 » (Ndr : 6, 55957 pour être précis) lance un jeune homme...
« Les taux de prêt immobilier ont baissé mais les durées de remboursement ont été allongées. Au final le crédit coûte aussi cher », argumente un quadragénaire...
En France, commente mon voisin, « la spéculation va bon train et dans tous les secteurs, sous le regard concupiscent de l'administration fiscale.
Contrairement à l'Allemagne, les acteurs de la vie économique qui montent les prix de manière éhontée ne sont pas mis en quarantaine par les consommateurs.
 »
En termes plus châtiés, les Français n'ont pas « la culture anti inflationniste » de leurs voisins allemands.

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Sylvie Goulard répond aux questions du public © Philippe LEGER

La députée européenne a fait ressortir « la neutralité de l'euro » dans l'augmentation des prix en France, et a évoqué les conséquences positives de l'euro sur notre pouvoir d'achat.... « par exemple quand nous achetons des produits importés, très sophistiqués et d'un usage courant comme les smartphones, tablettes, ordinateurs... » Elle a mis en exergue « les différences notables, (Ndr : voire abyssales), entre les tarifs de l'immobilier allemand et français. Là encore, on ne peut pas accuser l'euro d'être responsable de la hausse des prix en France ». 
Ses réponses étaient cohérentes et convaincantes. 
Posée, claire, pédagogique, la députée européenne Sylvie Goulard possède, à un haut degré, un incontestable sens de la communication. Elle a aussi du métier !

Des rencontres polyphoniques et singulières
Sur la scène de la mairie, les voix du chœur de Lolla, principalement féminines, se sont s'enchevêtrées et muées en instruments pour interpréter un répertoire dédié aux polyphonies du monde.

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Le chœur de Lolla © Philippe LEGER

Pour faire honneur à l'Europe, les dames de cette chorale marseillaise très appréciée avaient rehaussé leur tenue de scène d'étoffes ou de vêtements de couleur bleu. 

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À l'autre bout de la place Bargemon, sur « la petite scène des escaliers », plusieurs cultures étaient réunies sous un même chapiteau. 
Autour du thème de l’interculturalité, l’Atelier d’Ailleurs proposait un temps d’échange et de création sur l’identité et le croisement des cultures. Avec en point d'orgue, une performance sonore et poétique, menant au partage et à la découverte de l’autre dans toute sa singularité.

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Coordination des acteurs de mobilité internationale. © Philippe LEGER
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« C'est moi Europe, tu m'écoutes ? »
Les spectateurs sont partis à la découverte de l'Europe grâce à une lecture poétique proposée par Georgia Doll. 
L'auteure, issue du Goethe Institut, était accompagnée du musicien Baye Moussa Keita. 
« Qui est vraiment cette princesse Europe, native du Proche-Orient, enlevée de sa terre natale et forcée à traverser la Méditerranée sur le dos d'un taureau... ? » s'est interrogée Georgia.
Les historiens contemporains voient dans cette légende une illustration poétique de la pénétration des civilisations d'Asie occidentale en mer Égée. 
Pour sa part, Georgia Doll a érigé la légende au rang de mythe. Celui de l'exil... avec ses déchirements, sa violence, sa rage… mais un mythe qui fait une place à l'amour et l'espérance avec, au final, un épilogue en forme d'interrogation identitaire... « C'est moi Europe, tu m'écoutes ? » 
À l'issue de sa lecture poétique, l'auteure a convié l'auditoire à « un temps de partage et d’écriture commune autour du mythe d’Europe. »

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© Ph L

Sur la scène de la mairie, peu avant le grand concert de clôture, Le danseur professionnel Bruno Denis issu du Ballet National de Marseille a initié le public à la danse en l'encourageant à échanger en italien et anglais. Apprendre une langue étrangère en dansant, c'est possible !

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DJ DJEL Live band : derniers réglages avant le concert. © Philippe LEGER

Le DJ DJEL Live band – membre fondateur de la Fonky Family – et ses musiciens avaient donné « rendez-vous » pour le concert de clôture et un live show exceptionnel ! Avec son univers scratch, hip-hop old school, le tout teinté de sonorités soul et funk, Dj Djel a été fidèle à sa réputation : un véritable artificier de soirées mémorables dont lui seul a le secret.

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Elisabeth (casquette). Cette Bavaroise est venue à Marseille grâce à Eurocircle ; à droite, Philippe, le commandant du pointu "l'Espadon", bateau amiral ; à gauche, les passagères italiennes : elles sont étudiantes et bénéficient d'une bourse européenne. © Philippe LEGER

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