"Vous signez plus facilement 'Nique la France' que vous ne dites 'Vive la France'."
S'élevant contre cette remarque d'un animateur de RMC à l'adresse de Danièle Obono, lors de l'émission "les Grandes Gueules" du 21 juin dernier, la presse de gauche monte sur ses grands chevaux et dégaine la grosse artillerie.
Le quotidien Libération ne fait pas dans la dentelle. Dans un éditorial, il souligne que "la députée 'est noire' (d'origine gabonaise) et demande, en substance, 'de quel droit' Danièle Obono se voit sommée par les Grandes Gueules de déclarer sa flamme à la République française !" , relève Jules Pecnard dans l'Express.
L'éditorial de Libération fait remarquer que d'autres signataires de la pétition, comme les actuels députés LFI Eric Coquerel ou Clémentine Autain, en ont été dispensés.
Lola Ruscio du journal l'Humanité juge la remarque "affligeante" : "Nique la France et son passé colonialiste, ses odeurs, ses relents et ses réflexes paternalistes / Nique la France et son histoire impérialiste, ses murs, ses remparts', peut-on entendre dans la chanson incriminée. Des paroles brûlantes d’actualité... Ces messieurs vont devoir s’habituer à écouter cette jeune femme noire dans l’Hémicycle, ainsi que celles qui lui succéderont." Ça promet ! La polémique enfle, les associations antiracistes s'emparent à leur tour de la question. LFI crie à la cabale et tente de faire monter la mayonnaise en dénonçant .. un "racisme ambiant" à l'encontre de Danièle Obono !
Les médias de gauche à côté de la plaque
Libé , l'Humanité et d'autres médias, LFI et les défenseurs autoproclamés des droits humains sont à côté de la plaque. "Origines", couleur de peau, "blanche" ou "noire", "jaune" ou "rouge", autant de critères reconnus comme fallacieux dont les gens du peuple se fichent aujourd'hui.
On s'interroge plus prosaïquement sur les connaissances de l'histoire de France de la députée Obono. À tort ou à raison, elle représente la nouvelle génération qui accède au pouvoir, et qui va faire la loi. On se pose des questions sur ses convictions d'élue du peuple français qui consent à dire "vive la France"... du bout des lèvres, après avoir appelé en 2012, à pleine gorge, comme citoyenne, à soutenir, comme le rappelle le journaliste de l'Express, une pétition prenant la défense du chanteur Saïdou du groupe ZEP (Zone d'expression Populaire) et le sociologue militant Saïd Bouamama, mis en examen pour "injure publique" et "provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence", à la suite d'une plainte déposée par l'Agrif (Alliance générale contre le Racisme et pour le respect de l'Identité Française et Chrétienne), association classée à l'extrême droite..." Tous ont été relaxés en 2015.
C'est en effet à la justice que revient le droit de juger des intentions d'un auteur.
Selon nous, Danièle Obono a eu raison de défendre la liberté d'expression de l'auteur de la chanson, pas seulement pour "les raisons artistiques" qu'elle invoque aujourd'hui, mais parce que cette liberté est un droit fondamental, "naturel, inaliénable et sacré", comme le précise la déclaration de 1789.
Le texte de la chanson dont elle pris la défense est équivoque, confus et réducteur, "borderline", mais il fait référence à des faits réels et une réalité que vivent encore dans leur chair et dans leur âme un certain nombre de nos compatriotes.
On veut croire que la députée LFI ira aux sources du texte fondamental qui consacre la liberté d'expression et aura à cœur de mieux connaître l'histoire de son pays, autrement que par un pamphlet.
Peut-on siéger dans un parlement sans adhérer à ses valeurs ?
On reproche, avec raison, aux élus du FN de siéger au Parlement européen, sans adhérer aux valeurs de l'UE. Les mauvaises langues disent qu'ils font acte de présence pour la galette.
Une élue de "La France Insoumise" peut-elle siéger au Parlement français sans connaître l'histoire de la France, tout court, en refusant de proclamer de manière claire et ferme son attachement à ses valeurs fondamentales, en disant un "vive la France" sans grande conviction ? Car là est le problème.
On ne lui demande pas de crier "vive la république !" ou "vive la monarchie !" mais "vive la France !", une expression qui fait référence aux valeurs de liberté, d'égalité, de fraternité, à ces principes révolutionnaires qui auraient aussi sonné la fin de la féodalité dans notre pays, un événement acclamé par tous les peuples épris de liberté, en Europe et au-delà des océans ... Faut-il rappeler qu'aujourd'hui que des milliards d'individus dans le monde subissent encore de plein fouet un régime féodal, sinon totalitaire ? Quand nous disons de "plein fouet", ce n'est pas seulement une figure de réthorique.
Ces principes révolutionnaires, proclamés en 1789 sous un régime monarchique, qui a "abattu la féodalité" (1), on peut en profiter aujourd'hui, sans discrimination, car ils ont été intégrés avec la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dans la constitution de 1958 de la Ve République. Danièle Obono lui doit son élection ! Un "vive la France !" lancé sur un ton vigoureux et enthousiaste n'aurait pas été de trop.
Si ces principes, chers au peuple français, ont été violés, ils l'ont été par des républiques, à commencer par la première, celle de 1792 ! À peine trois ans après leur proclamation.
Pour dénoncer les manquements, on se réfère toujours à cette déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Ce texte révolutionnaire célèbre, annexé à notre constitution de 1958, a été proclamé sous un régime monarchique, n'en déplaise au président de LFI, le député "marseillais" Mélenchon, un grand admirateur de la 1ère république française (totalitaire) et de Robespierre, un des pires bourreaux du peuple français !
Jules Ferry, chantre de la Troisième République : "Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu'en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures…"
Pour rafraîchir les mémoires défaillantes, voici un extrait du discours très républicain prononcé par Jules Ferry, un des pères fondateurs de l'identité républicaine, à la Chambre des députés, le 28 juillet 1885.
"Messieurs, il y a un second point, un second ordre d'idées que je dois également aborder, le plus rapidement possible, croyez-le bien : c'est le côté humanitaire et civilisateur de la question. Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu'en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures… Je répète qu'il y a pour les races supérieures un droit, parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. […]"
Sortis de la bouche-même du père de l'école publique laïque et obligatoire, ces propos sur les races supérieures et inférieures sont la définition même du racisme. Ils ont ouvert la voie à des actes génocidaires.
La IIIe République n'a rien à envier à la tyrannie, à la Terreur (Robespierre l'identifiait à la vertu !), au totalitarisme, terroriste et génocidaire de la Ie République.
Jules Ferry, fer de lance de la colonisation, tient des propos totalement opposés aux droits de l'homme et du citoyen.
Relayé dans toutes les écoles de la république, l'enseignement à la Jules Ferry a formaté plusieurs générations de jeunes Français, sous la IIIe et la IVe République... et, entre les deux, sous le régime de "l'État dit Français" (car il était sous l'obédience** des nazis du IIIe Reich), avec les conséquences tragiques que l'on connait.
Cette conception républicaine, à l'opposé des droits humains, nous revient comme un boomerang sous la Ve République, qui a tant fait avec les enseignants de l'Éducation Nationale pour faire évoluer les esprits et susciter plus de justice et de tolérance.
Pour paraphraser le chanteur : "Nique le régime de Pétain, nique la République et son passé colonialiste, ses odeurs, ses relents et ses réflexes paternalistes"... mais touche pas à la France !
1) Suelon Alexis de Tocqueville, très bien documenté et qui fait autorité en la matière, d'autant qu'il a vécu la Révolution, la féodalité n'existait plus depuis plus d'un siècle... et le servage avait été aboli depuis belles lurettes. La plupart des paysans étaient prioritaires de leur terre ! (L'ancien Régime et la Révolution).
La "Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen" de 1789 sur le site Legifrance.
** Selon les historiens allemands, "l'État Français" de Pétain était l'allié du IIIe Reich nazi. Les parlementaires de la IIIe République (beaucoup étaient des élus du Front Populaire) avaient remis au dictateur Pétain les pleins pouvoirs à une majorité écrasante.