Billet de blog 25 novembre 2012

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Philippe LEGER

Ancien journaliste. Secrétaire général du Comité Européen Marseille.

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Marseille Provence 2013, année «capitale» pour le quartier du Panier

En 2013, Marseille sera capitale européenne de la Culture. L'événement donne un grand coup de booster au quartier du Panier, cœur historique de l'antique métropole phocéenne, dans un environnement en pleine mutation.

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Lisette Narducci - Eugène Caselli

En 2013, Marseille sera capitale européenne de la Culture. L'événement donne un grand coup de booster au quartier du Panier, cœur historique de l'antique métropole phocéenne, dans un environnement en pleine mutation.

À quelques mois du début de l'année «capitale», le centre de la plus ancienne ville de France se paye un  «  relooking express  » pour  se mettre au diapason de l'événement culturel européen et se hisser au niveau de la Cité de la Méditerranée.
Entre le Vieux-Port, en voie de semi piétonnisation, et le quartier d'Arenc, un grand nombre de chantiers relèveront bientôt du passé. La métropole phocéenne affichera dès l'an prochain une incroyable métamorphose dont beaucoup de Marseillais n'ont pas idée !
À tout le moins, sur un front de plus de 3 km, la deuxième tranche du programme Euroméditerranée se conjugue avec le pari européen de 2013.
La synergie déborde aux alentours et profite au Panier, un quartier défavorisé mais emblématique, populaire et chaleureux, devenue célèbre dans toute la France grâce à la série télévisée «  Plus Belle la Vie  » (sur France 3). 

Vers la renaissance du Panier  ?
Dans ce quartier, on refait les rues, promises à la piétonnisation depuis des lustres. Ici le retard est considérable alors que les centres des villes de l'hexagone ont amorcé leur piétonnisation dès les années 70  !
La place des 13 coins prend un coup de jeune et celle de Lenche, ultime avatar de l'agora des Grecs - les fondateurs de la cité - est en cours de réaménagement. 
Dessous cette place, les époques se télescopent. On a retrouvé des entrepôts, construits au IIe siècle avant notre ère,  servant à stocker les denrées alimentaires et du matériel de charpentier de marine (dans l'Antiquité les navires phocéens accostaient au pied de la place). Ces greniers souterrains, comme l'attestent des soupiraux percés dans la voûte, ressemblent par bien des aspects aux citernes de l'époque de la Grèce Hellénistique retrouvées sur le pourtour méditerranéen.
Au IXe siècle, les murs de ces entrepôts en blocs de calcaire rose du cap Couronne, comparables à ceux des remparts grecs mis au jour sur le chantier de la Bourse et visibles au  Jardin des vestiges, ont servi de fondations à l'abbaye des religieuses de Saint-Sauveur.
Il se subsiste rien aujourd'hui de cette abbaye, à l'exception de ces citernes utilisées comme caves – d'où l'appellation de «  caves de Saint Sauveur  ». Elles sont classées aux monuments historiques.
La légende dit qu'un souterrain reliait l'abbaye des moniales de Saint-Sauveur à celle des moines de Saint-Victor - en face sur l'autre rive du Vieux-Port.
Plus prosaïquement, l'importance du chantier de la place de Lenche n'a pas échappé à Eugène Caselli, le président de  la communauté urbaine Marseille Provence Métropole, natif du Panier et féru d'histoire (titulaire d'une maîtrise de l'Université d'Aix en Provence).
Eugène Caselli s'est fait un devoir de visiter le chantier vendredi 23 novembre avec Lisette Narducci, maire du 2e secteur (2e-3e arr.) et vice-présidente d'Euroméditerranée. L'élue du secteur,  qui s'investit depuis près de 15 ans dans la réhabilitation de ce quartier pour faire revivre sa culture et ses traditions, relancer son économie, a précisé que l'opération de réaménagement en cours place de Lenche permet de reconquérir l'espace public, accaparé par le stationnement anarchique, de délimiter un accès pour les véhicules des marins pompiers. Les habitants, a-t-elle ajouté, souhaitent un lieu convivial, agréable à vivre. La piétonnisation du Panier va se poursuivre, tout comme son embellissement avec un mobilier urbain adapté, qui préservera son identité.
Les nouveaux lampadaires prévus pour éclairer la place de Lenche ne trouvent pas grâce à ses yeux – ni à ceux d'un certain nombre d'habitants. «Il n'est pas question de dénaturer  la place et question luminosité, les candélabres actuels sont bien meilleurs.»

Le Panier ou l'authenticité marseillaise 
Marseille Provence 2013 contribue au renouveau du quartier du Panier, maillon  artistique et culturel du 2e secteur (2e et 3e arr.) en pleine évolution et contribue à sa valorisation dans un espace prestigieux et riche, pas seulement de collections présentes ou à venir.
Le 2e arrondissement englobe à lui seul la moitié des musées de la plus ancienne ville de France – dont le Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée en cours d'achèvement  ! 
«Seul grand musée national en dehors de Paris», selon l'historien Jean-François Chougnet, le patron de Marseille Provence 2013, le Mucem sera accessible au public en 2013 avec le CeReM - Centre Régional de la Méditerranée  (1) -  le musée   «  Regards de Provence  » et, plus loin, l'espace d'exposition du Front Régional d'Art contemporain. 
Ajoutez à la sympathique « rafale » d'inauguration de ces établissements qui aura lieu l'an prochain, l'ouverture d'une discothèque géante (2) sous la cathédrale la «  Major  » - 700 m2 d'espace intérieur et 300 m2 de terrasse... l'ouverture d'un palace 5 étoiles sur le site prestigieux de l'Hôtel Dieu, ouvert sur le quartier et, du côté de la Joliette, le projet d'un établissement de spectacles et de jeu d'argent dans les anciens locaux de la SNCM,... Tous ces établissements sont au abords immédiats du Panier, le cernent, s'ouvrent sur lui !  Vous avez maintenant une idée d'un  emplacement stratégique   ! Les croisiéristes (1 million attendus en 2013) bénéficieront de bus et de navettes maritimes, à partir de mars 2013. Les points d'accostage seront  eux aussi à quelques minutes à pied des premières rues et places du Panier. 

Week-end d’ouverture de la Capitale européenne de la culture
Le quartier du Panier a été retenu pour le lancement des festivités de la capitale européenne de la culture, les 12 et 13 janvier prochain. Ces dernières années, des artistes et des artisans, souvent talentueux, ont fait le choix d'y installer leurs galeries, ateliers ou boutiques et d'y résider... À l'orée 2013, le mouvement connaît une nette accélération, confirmant la réputation du Panier : «  le quartier des artistes  » ... À suivre

Notes du 6 avril 2013 : 
1 - Le CeREM s'appelle aujourd'hui "Villa de la Méditerranée", nom décrété par Michel Vauzelle, le président du Conseil Régional Paca. Elle sera inaugurée le dimanche 7 avril 2013 en présence de l'Allemand Martin Schultz, l'actuel président du "Parlement Européen" . "La Villa Méditerranée est née de la volonté de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur de contribuer à la construction d’une communauté de destin entre les peuples de la Méditerranée" (Michel Vauzelle). Une initiative qui est loin de faire l'unanimité en raison du flou qui entoure la programmation de ses activités. La grande question est : "Concrètement : à quoi va-t-elle servir ?" Martin Schultz apporterait-il la réponse ? Pour beaucoup de Marseillais, c'est un "ovni". 
Sur le boulevard de Dunkerque débutent les travaux du futur Euromed Center, bâtiment de 70 000 m² qui regroupera des bureaux, des hôtels, un multiplex de 14 salles et un centre de conventions,  d'un coût initial de 300 millions d'euros (revu à la baisse). L'objectif est de faire de Marseille "une grande plateforme internationale du sud de l'Europe." 

 2 - La grande discothèque dessous la cathédrale la Major ne serait plus à l'ordre du jour "depuis une conversation privée entre Jean-Claude Gaudin et l'archevêque", selon La Provence. "La discothèque sous la cathédrale"... une opération d'enfumage ? "Une grande discothèque se fera" si l'on en croit Gaudin... mais le lieu semble rester secret. Aucun quartier ne veut accueillir ce type d'établissements en raison des nombreuses nuisances qu'ils génèrent. Ici, la "démocratie de proximité' est une aimable fable. Confrontés aux problèmes de nuisances - pas seulement sonores - de bars, l'impuissance de la police (nationale ou municipale) "aux ordres" est proverbiale.

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