Gérard Chargé, réalisateur et directeur de Ciné Zoom ©
Ne parlez pas de "la French" à Gérard Chargé... Avec ce film on est loin du regard que jette sur la réalité marseillaise "Marius et Jeannette" de Robert Guédiguian !
"Encore un film de gangsters qui occulte une vision authentiquement marseillaise de la métropole méditerranéenne et de ses habitants. Et contribue a l'enfumage de la communication sur la ville !" Et jette un voile sur son renouveau, tel qu'il s'est affirmé en 2013 avec la capitale européenne de la culture, ajoutons-nous. Une métamorphose qui a rendu leur dignité aux citoyens de la cité phocéenne. Et qui a un coût : les milliards d'euros investis par l'État, les collectivités locales et le secteur privé dans le cadre du programme euroméditerranée. Sans oublier l'argent de l'Europe qui a démultiplié les financements en faisant levier.
Une sélection de la "presse à fric" ? À Marseille, c'est la nouvelle "mafia !"
"Incroyable, l'équipe du film tourne dans tout le département depuis samedi : la presse marseillaise n'a pas été conviée à voir le film, sauf le journal la Provence, à la solde des politiques, reprend Gérard Chargé (2), et LCM, qui devait être ouverte aux infos locales et qui rejette la plupart des actions faites par des Marseillais. Là, poursuit le directeur de Ciné Zoom, le film raconte une histoire marseillaise, mais avec des gros sous, alors on en parle sur LCM. Et de plus, voilà encore une image négative des médias parisiens et des monopoles de la presse à fric... qui va s'enorgueillir de parler une nouvelle fois du gangstérisme de Marseille... Aujourd'hui au MUCEM, on a pu voir les grands animateurs télés et radios faire le voyage depuis Paris... Voilà la nouvelle mafia..."
Les Marseillais bouche-trous pour les avants premières des films "fragiles" ?
"L'avant-première de la French était à Marseille... nous n'avons même pas pu rencontrer les membres de l'équipe du film ! se désole Gérard Chargé... Comme si nous avions été évincés... Pourquoi ? Par qui ? Pour quelle raison ? Une liste de journalistes a été faite à l'entrée, reprend-il, sur quels critères ? On ne sait même pas par qui ! Des journalistes, sur cette liste, qui ne connaissent pas le ciné pour certains... et que l'on ne voit jamais aux autres sorties de films... C'est dingue ! C'était peut être des fans... Comme souvent, beaucoup passent... par piston ! Bravo Marseille ! Qui a fomenté une nouvelle guerre entre la Région et la Ville de Marseille, et entre les cinémas Les 3 Palmes et Le Prado... ? Qui est fautif : Gaumont, la société de distribution ? Enfin, quand il y a des films plus fragiles, on est là pour faire les bouche-trous... Le patron de La Provence, Bernard Tapie, n'avait pas de places pour les avant-premières m'a t-on dit, mais il a bien dû finir par en avoir... C'est n'importe quoi, comme souvent... à Marseille ! Enfin ! Ils ont de la chance que des gens aiment cette ville pour autre chose... pour les Marseillais entre autres. Il est temps que ces Marseillais-là soient respectés..."
L'image de la ville emboucanée par les films de gangsters et la communication "parisienne"
La presse marseillaise se meurt mais la Ville de Marseille, comme d'autres collectivités territoriales, paie "rubis sur ongle" la presse nationale, bon chic bon genre, de l'oligarchie politico-financière. Ou la presse "affairiste" régionale, à grands coups d'encarts publicitaires et d'aides publiques... "En 2012 La Provence a reçu de l'État 2.2 millions d'euros d'aides publiques", selon Pierre Boucaud, le directeur de Marsactu. Combien avant ? Combien après ? Probablement du même ordre !
L'année capitale avait donné un avant-goût de cette pratique, en accordant la couverture photographique de l'événement à une société parisienne, dénonce le photographe de la rue de la République, André Chan.
La mairie de Jean- Gaudin court-elle après tout ce qui brille ? Manquerait-elle d'esprit de discernement en accordant trop facilement les autorisations de tournage pour les "gangsters" du cinéma ? En sapant le travail des réalisateurs marseillais qui donnent de la ville une autre vision ? En confiant à la presse parisienne la communication de la ville ou... en accordant l'exclusivité d'événements à certains médias ? En excluant d'authentiques journalistes marseillais de la presse spécialisée, comme semble le dire Gérard Chargé ? Il est loin d'être seul dans la ville à dénoncer cette pratique.
On sait que la communication est le "grand dada" de Gaudin. Espérons qu'il ne ruinera pas la nouvelle image de Marseille en l'utilisant à tort et à travers ! Elle peut être terriblement contre-productive comme le prouve celle qui a entouré la venue du Défi suisse pour la coupe America au début des années 2 000. Marseille ne bénéficiera sans doute plus avant longtemps d'une nouvelle chance comme celle la capitale européenne de la culture 2013 pour redresser son image.
Il y a beaucoup d'aigreur, d'amertume, dans la communauté artistique et culturelle marseillaise... Pas sûr que les va-nu pieds se contenteront encore longtemps des discours dirigés et lénifiants de vieux saltimbanques ou de communicateurs patentés, tous bons "clients" de la nomenklatura locale. Philippe LEGER
(1) Gérard Chargé, réalisateur mais aussi directeur de Ciné Zoom, une structure qui a vu le jour en 1989, et de l'Agence Ciné Reportages.
Son site www.cine-zoom.com, mis en service voici 14 ans, se consacre à la promotion du Septième Art, "dans sa totalité", et aux "Rencontres" effectuées par ses équipes, "avec ceux qui font le cinéma..."
Au delà du cinéma, le site www.cine-zoom.com traite de manière ponctuelle : l'actualité des sorties DVD, théâtrales, des spectacles, des livres, des musiques de films, des programmes à la télé, des expositions et des livres (tout cela sur sélection, car "nous ne traitons pas toutes ces actualités-là, contrairement au cinéma qui est traité dans son intégralité").
(2) On peut retrouver ses propos sur Facebook.