Au cours de l’été, la démission du Président fondateur du samusocial, Xavier Emmanuelli a surpris tout le monde, notamment par ses motifs. Nous ne reviendrons pas dessus mais il est consternant de constater qu’un outil au service des personnes les plus fragiles, piloté par l’état ne réponde plus aux besoins initiaux faute de financement.
Ce qui se trame actuellement est plus affligeant : la manière dont se gère le choix d’un nouveau président. Plusieurs noms apparaissent, hommes ou femmes politiques, haut fonctionnaires, un dirigeant associatif, sans l’ébauche sérieuse d’un projet, à croire que l’activité du samusocial ne tient qu’à un homme !
Allons nous assister à une querelle de famille ou chacun voudrait la part la plus importante de l’héritage. Chacun se propose, chacun voit dans le même temps son intérêt en oubliant peut être les premiers concernés les personnes à la rue !
La décision de Xavier Emmanuelli de quitter le samusocial, qu’il a fondé, doit permettre de réfléchir autrement son organisation, de tenir compte des évolutions des dernières années. Les personnes de la rue ont changé, leur prise en charge doit continuer évoluer. Un mouvement tel que celui des enfants de don quichotte a mis à jour une autre réalité, une conférence de consensus a démontré qu’il faut un autre mode de prise en charge et enfin les réflexions autour de la refondation mettent en avant un autre type de gouvernance et d’organisation. Hélas, les moyens nécessaire à cette refondation ne sont pas au rendez vous !
Il faut avant tout réformer la structure juridique du samusocial, son mode de gouvernance, définir son territoire géographique d’intervention et donc ses membres. L’avenir du samusocial ne doit pas se situer uniquement sur des questions de moyens ou un changement de projet social visant l’amélioration du fonctionnement. Dans un contexte où les grandes villes franciliennes et notamment Paris ne peuvent plus faire face seules à la montée de la précarité, à l’afflux de migrants, il est important de repenser la structure du samusocial dans une optique de métropole grand Paris.
Le futur samusocial doit pouvoir intégrer dans sa gouvernance les différents services de l’Etat, des villes franciliennes, les conseils généraux et les acteurs associatifs. La place de chacun pouvant être délimitée par un apport certes financier mais aussi de compétences de par ses besoins. L’objectif est de mettre un outil en place au service des personnes dans le souci de l’intérêt général. Nous devons sortir de cette logique de territoire délimité. L’accompagnement, l’hébergement et le bien être des personnes doit pouvoir s’effectuer sur un territoire plus vaste, interdépartemental, où elles seront à même de trouver les mêmes services pour sortir de la rue et se réinsérer.
La lutte contre la misère a besoin de nos forces, de nos intelligences, de nos actions communes et de nos convergences de moyens, alors arrêtons nos luttes stériles, nos querelles de pouvoir et la défense de nos intérêts. Menons ensemble ce réel combat pour accompagner les personnes les plus vulnérables.
Pouvons nous espérer que l’ensemble des décideurs se retrouve autour de l’élaboration d’un projet pour que personnes ne vivent et meurent dans la rue.
Christophe LOUIS président du Collectif les Morts de la rue