Billet de blog 16 décembre 2009

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Abriter les sans abri, sans condition!

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans une lettre à Benoist Apparu, secrétaire d'Etat chargé du logement et de l'urbanisme, Christophe Louis, président du collectif les Morts de la rue, demande que les personnes soient mises à l'abri sans conditions, c'est-à-dire comme elles sont, avec leurs animaux, leurs affaires, leurs difficultés psychologiques...

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Paris, le 16 décembre 2009

Monsieur le ministre


Hier, nous nous rencontrions pour évoquer l'évolution du dispositif de refondation. Dans le même temps, le président du Samu social nous faisait part dans un colloque de son constat : les personnes de la rue ont des difficultés psychologiques, étude à l'appui dont sont tirés de grands principes d'intervention.


Nous pouvons penser que ce constat permettrait une meilleure prise en charge des personnes dans la rue par les services du Samu social.

Hélas ! il n'en est rien, nous l'avons constaté hier soir face à une situation tellement courante: lorsqu'une maraude de Samu social rencontre une personne à la rue, une femme avec son bagage, un chariot de supermarché, avec les seuls objets qui lui appartiennent et qui ont un sens pour elle.

Cette dame aurait dû passer la nuit dehors si nos équipes n'avaient pas été présentes lors de la prise en charge par le 115, si une solution n'avait pas été trouvée face à l'obstination de cette équipe de maraude de la séparer de son seul bagage. Elle aurait été signalée comme personne ne désirant pas se rendre dans un centre d'hébergement !!!!*

"Madame X doit normalement revenir demain chercher son chariot, mené vaillamment par un bénévole, ce soir au siège de l'association car le SAMU social ne voulait pas l'emmener à Ivry avec son chariot --" (compte rendu d'un bénévole)

Expliquez-moi ! Comment aider et accompagner ces personnes reconnues en difficultés psychologiques, si nous n'adaptons pas nos pratiques.

Alors ! Je pose la question: quel est le sens d'un tel dispositif, si celui-ci ne se met pas au service des personnes mais reste figé sur des principes dénués de tout respect de la personne. Que veulent dire ces études menées sur la particularité des publics si aucune adaptation de prise en charge n'est effectuée. Car pour cette dame, c'était « sa vie » qui était dans son chariot, ses seuls biens, les personnes de la rue n'ont-elles pas le droit d'avoir un peu d'affaires personnelles ??? Je n'évoquerai pas les autres conséquences que peuvent avoir une nuit dans la rue par ce froid.


Vous souhaitez que les 115 régulent toutes les places d'hébergement mais je pose la question: ou est l'éthique dans leurs pratiques ? Les exemples sont nombreux. Si nous voulons une amélioration du dispositif, il est primordial que les 115 (sur Paris le Samu social) soient dans une mission de servicepublic de mise à l'abri quelles ques soient les situations et selon un principe d'inconditionnalité. Les évaluations dites sociales « par téléphone » doivent être effectuées lorsque la personne est mise à l'abri et en capacité de s'exprimer sereinement car elle n'est plus dans la lutte pour la survie.

C'est une des conditions de réussite pour aider les personnes à sortir de la rue.

Christophe LOUIS

Président du collectif les Morts de la rue

Directeur de l'association Les Enfants du canal

*La personne décédée hier à Bordeaux refusait les centres d'hébergement. Elle avait un chien !

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